Le rappel d’un lot d’ananas béninois du marché français suscite de nombreuses réactions dans le pays. Dans la foulée, le vendredi 28 juin 2024, le Directeur général (Dg) de l’Agence béninoise de sécurité sanitaire des aliments (Abssa), clé du marché des aliments, Sètondji Epiphane Hossou, est suspendu de ses fonctions pour faute grave et un intérimaire, Towanou Conrad Kanmadozo, nommé. Pour mieux comprendre cette actualité, nous avons interviewé Dr Adam Sounon Kondé, ancien Dg de l’Abssa, qui nous a éclairés sur la situation.
Malik SOULEMANE
L’Agence béninoise de sécurité sanitaire des aliments (Abssa) est sous les feux de l’actualité à la suite du rappel de lot d’ananas béninois en France. En cause, « la concentration au-delà des limites autorisées de résidus de pesticides », explique la fiche de rappel citée par Rappel Conso. Cette même source rapporte deux fiches de rappel différentes qui concernent toutes les deux des ananas originaires du Bénin et vendus en vrac dans le pays de France. Il s’agit de l’ananas de marque Topexo et de l’ananas pain de sucre sans marque. Le premier est rappelé en raison d’une « concentration au-delà des limites autorisées de résidus de pesticides » et le second en raison de la présence de « contaminants chimiques ».
Selon la même source, la date de fin de rappel, c’est-à-dire le délai pour retirer les produits, de l’ananas Topexo serait fixée au 30 juin 2024 et pour l’ananas sans marque le 5 juillet 2024. Comme une trainée de poudre, cette information a été abondamment relayée par des quotidiens béninois. Dans la foulée le ministre en charge de l’Agriculture, Gaston Dossouhoui, dans une décision en date du 28 juin 2024 a suspendu le Dg Sètondji Epiphane Hossou pour faute grave sans autre précision et a nommé dans la même journée un intérimaire en la personne de Towanou Conrad Kanmadozo. Aucune ligne de ces deux documents n’a fait de lien entre cette actualité et les décisions du ministre. Par ailleurs, le Député de l’opposition Eric Houndété aurait déposé une série de 12 questions à l’adresse du gouvernement en lien avec cette actualité, nous renseigne Inf’au Zénith. A quoi peut-on s’attendre pour la suite des exportations de l’ananas béninois sur le marché européen ?
« Le Bénin n’a jamais connu un cas de rappel de produits. Mais il recevait des alertes à la suite des contrôles de routine en France. », a clamé Dr Adam Sounon Kondé, ancien Dg de l’Abssa sous le défunt régime joint au téléphone. On peut alors comprendre pourquoi ce rappel qui est une première pour le Bénin qui connait ces dernières années de profondes réformes dans le secteur agricole suscite tant de réactions et ne saurait laisser indifférents les tenants et les aboutissants de ces réformes. « Pour pouvoir nous conformer aux alertes qu’on recevait, on a acquis un chromatogramme à haute résolution d’une valeur de 300 millions qui permettait de tester les résidus de pesticides dans les aliments. » a poursuivi l’ancien Dg.
Selon lui, les cas d’alertes que le Bénin recevait survenaient à cause des difficultés liées au transport du produit. Puisque l’exportation de l’ananas au Bénin se fait par le transport aérien via des cargos qui n’arrivent pas à atterrir à l’aéroport de Cotonou. C’est donc en fonction du délai dont dispose l’exportateur entre la récolte et l’arrivée du cargo qu’il fait le dosage d’ethephon. Quand le délai est court l’exportateur surdoserait le produit et quand le délai est important il respecterait la dose. L’ethephon, de son nom scientifique, acide chloroethyl phosphonic permet de faire jaunir l’ananas. Dr Adam Sounon Kondé a également fait savoir que l’ananas et le miel béninois ont le quitus du marché européen. Il faut signaler au passage que l’Abssa fait partie des rares structures du ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche qui résistent encore aux tempêtes des réformes et de liquidations.