La vie au village rime souvent avec pauvreté, misère et malnutrition infanto-juvénile. Des statistiques officielles confirment cet état de fait et c’est la raison pour laquelle plusieurs projets et programmes seraient conçus et beaucoup plus orientés vers les villages pour endiguer ces fléaux qui dévastent des familles rurales. Par exemple, les résultats de l’enquête démographique et de la santé au Bénin, 2001, ont révélé que les taux d’anémie due à la carence en fer chez les enfants de 6 à 59 mois sont les plus élevés dans le département de l’Atacora (89%) et les plus faibles dans la ville de Cotonou (50%). Voilà qui confirme que le mal sévit plus aux villages qu’en villes.
Comme un abcès puant, le problème de la malnutrition infanto-juvénile dans les villages est toujours d’actualité. Le conseil de l’alimentation et de la nutrition et ses partenaires techniques et financiers en font, sans aucun doute, leur cheval de bataille avec le projet de nutrition et de développement de la petite enfance et bien d’autres projets à travers l’ensemble du territoire national. Il ne pouvait en être autrement puisque l’avenir du pays ce sont les enfants. Bien les nourrir aujourd’hui c’est garantir au pays des adultes valides demain qui vont poursuivre à leur tour son développement. Cela étant, l’alimentation et l’éducation sont la clé pour ouvrir les portes de l’avenir avec sourire.
C’est sans conteste pour mieux garder cette clé merveilleuse que le gouvernement béninois déploie des efforts pour apporter des repas chauds aux enfants à travers les cantines scolaires dont le taux de couverture est très satisfaisant selon les autorités. Mais la question qu’on est en droit de se poser est de savoir si tout cela suffit pour faire reculer la malnutrition infantile dans les villages ? Certainement pas suffisant ! Il faut donc envisager d’autres pistes beaucoup plus endogènes pour être plus efficace dans la lutte contre ce fléau. L’environnement dans lequel l’on vit, se trouve souvent tout ce qu’il faut pour réussir, dit-on. C’est pourquoi, pour résoudre de façon durable un problème qui se pose dans une communauté donnée, il faut préconiser des solutions à portée de main ; c’est-à-dire ce qui se trouve dans l’environnement immédiat.
Pour ce qui concerne les solutions endogènes contre la malnutrition infantile, les champignons comestibles d’Afrique de l’Ouest pourraient offrir des solutions saines et durables. En effet, ces champignons poussent rapidement et sont accessibles facilement dans les villages. Ils sont très riches en nutriments indispensables pour la croissance et le développement des enfants et même des personnes plus âgées. Ils sont riches en lipides, acides gras, sodium, potassium, fibres alimentaires, protéines, vitamines C, D, B6, B12, fer, calcium, magnésium, et bien d’autres. Il serait donc intéressant et rationnel d’intégrer toutes les solutions endogènes possibles dans la lutte contre la malnutrition infantile au Bénin. Et sur ce terrain, les champignons comestibles qu’on rencontre dans les localités sont de véritables champions au village. Il faut les vulgariser, montrer comment bien les préparer afin qu’ils soient bien digestes pour les enfants.
Malik SOULEMANE