Un webinaire organisé le 11 juillet 2024, par le projet Feed the future EnGrais a révélé le potentiel du phosphate naturel activé comme solution économique pour améliorer la fertilité des sols en Afrique subsaharienne. Cette approche innovante, présentée par Dr Ekwe Dossa du Centre international de développement des engrais (Ifdc) pourrait transformer la production agricole dans une région confrontée à une croissance démographique rapide et à une insuffisance alimentaire croissante. Découvrez comment cette méthode pourrait offrir une alternative durable aux engrais chimiques et soutenir la sécurité alimentaire en Afrique de l’ouest.
Ulrich DADO TOSSOU
Face à une population en pleine expansion et à des rendements agricoles stagnants, l’Afrique subsaharienne est à un tournant crucial dans la quête de solutions durables pour améliorer la fertilité des sols. Lors d’un webinaire révolutionnaire le 11 juillet 2024, le projet Feed the future EnGrais a dévoilé une approche prometteuse qui pourrait transformer l’agriculture dans la région : l’utilisation du phosphate naturel activé. Cette méthode innovante, présentée par Dr Ekwe Dossa du Centre international de développement des Engrais (Ifdc), propose une alternative économique aux engrais chimiques, offrant ainsi un espoir tangible pour renforcer la productivité agricole tout en réduisant les coûts et l’impact environnemental. Dr Dossa a expliqué que le phosphate naturel, abondant en Afrique, pourrait résoudre le problème de la déficience phosphatée des sols.
Bien que ces phosphates soient généralement moins réactifs que les engrais phosphatés solubles, leur activation non acide avec des phosphates solubles tels que le phosphate monoammonium (Map) ou le phosphate diammonium (Dap) peut considérablement améliorer leur efficacité agronomique. La conférence a souligné que cette méthode d’activation pourrait s’avérer cruciale pour les pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel, où la population croît rapidement alors que la production alimentaire peine à suivre. Actuellement, la consommation d’engrais dans ces régions est bien inférieure à l’objectif de 50 kg par hectare fixé lors des assises d’Abuja en 2006.
Cependant, des progrès notables ont été réalisés avec l’augmentation des unités de production d’engrais locales, passant de 32 en 2018 à 94 en 2024. Il a présenté des résultats prometteurs d’essais menés au Ghana et au Niger, où le phosphate naturel activé a montré une efficacité agronomique comparable à celle des engrais solubles. L’activation améliore la réactivité du phosphate naturel, en fonction de divers facteurs tels que les pratiques agronomiques, la finesse des particules, le pH du sol et la disponibilité en eau.
Le webinaire a également mis en avant le rôle crucial des politiques publiques dans la promotion de cette approche durable et économique. Dr Sansan Youl, chef du projet Feed the future EnGrais, a souligné l’intérêt croissant des décideurs politiques pour les engrais et la santé des sols, comme en témoigne le récent sommet africain à Nairobi.
Le projet EnGrais financé par l’Usaid pour une période de huit ans vise à renforcer la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest en augmentant la disponibilité et l’utilisation d’engrais abordables pour les petits exploitants agricoles, avec un focus particulier sur les femmes et les jeunes. Cette initiative s’inscrit dans la feuille de route de la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest) sur les engrais et la santé des sols, contribuant ainsi à un développement agricole durable dans la région.
Source: Agratime, Juillet 2024