Pour réduire les pertes post-récoltes de l’oignon et de la pomme de terre en vue d’améliorer la rentabilité de l’activité, le laboratoire Hydro-Mode-Lab de l’Université de Parakou mandaté par le consortium Swisscontact-Lares, dans le cadre de la mise en œuvre du Pasder 3, a mené une recherche-action sur le stockage et la conservation de ces produits dans les communes de Péhunco, Malanville et Karimama. Les résultats de cette recherche-action ont été présentés au cours d’un atelier tenu à l’hôtel Kinyao de Parakou les 13 et 14 août 2024 en vue de leur dissémination. Tous les acteurs ayant pris part à cette étude à savoir les producteurs, les Udp Ba/Ad, Hydro-Mode-Lab, le consortium Swisscontact-Lares ainsi que les autorités de l’Atda 1, Ddaep Atacora et de l’Inrab étaient présents ou représentés à cet atelier. Voici ce que les producteurs peuvent gagner en adoptant ces innovations.
Malik SOULEMANE
Les pertes post-récoltes constituent un enjeu majeur pour le maraîchage au Bénin. Car on produit beaucoup mais on arrive à conserver très peu. Afin de réduire ces pertes et d’améliorer la rentabilité de l’activité, le Programme d’appui au secteur du développement rural phase 3 (Pasder 3) a soutenu une recherche-action sur les techniques de conservation de l’oignon et de la pomme de terre. C’est dans cette optique que le consortium Swisscontact-Lares (Fondation swisse pour la coopération technique-Laboratoire d’analyse régionale et d’expertise sociale) a mandaté le laboratoire d’Hydraulique et de modélisation environnementale (Hydro-Mode-Lab) de l’Université de Parakou pour mener une étude approfondie sur le stockage et la conservation de l’oignon et de la pomme de terre dans les communes de Péhunco, Malanville et Karimama.
Cet atelier avait pour objectif de présenter les résultats, de susciter des échanges entre les différents acteurs et de définir une feuille de route pour la mise en œuvre des recommandations de la recherche-action. Le Professeur Alex Servais Affouda du consortium Swisscontact-Lares, Alexandre Godonou Dossou de la Direction départementale de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche (Ddaep) Atacora et Gilbert Tankpinou de la Fédération nationale des maraîchers du Bénin (Fenoma-Bénin) ont officiellement procédé à l’ouverture des travaux du présent atelier.
Communication sur les résultats
Dans sa présentation, le Professeur Ouorou Barre d’Hydro-Mode-Lab a d’abord rappelé la problématique, les objectifs de l’étude et l’approche méthodologique avant de se focaliser sur les résultats saillants de la présente recherche-action. En effet, la communication du Professeur a mis en exergue les facteurs influençant la conservation de l’oignon et de la pomme de terre dans les communes de Péhunco, Malanville et Karimama. Au nombre de ces éléments nous pouvons retenir : les facteurs agronomiques, socio-économiques et de durabilité de conservation, les facteurs micro-météorologiques influençant les techniques de stockage et de conservation, les performances des systèmes de stockage et conservation, et la qualité nutritionnelle.
Au terme de cette étude, des systèmes innovants de stockage et de conservation ont été proposés. Il convient de noter que pour l’oignon, l’étude recommande le système en paille ou construction simple mur selon les moyens des producteurs. Pour la pomme de terre le meilleur système est le système en paille suivi de la construction double mur selon les moyens des producteurs. Enfin, pour les deux spéculations, la disposition en vrac est à proscrire. La disposition en étagère de claie est plus performante que les caissettes encore plus onéreuses. Au terme de cette présentation et avant le débat général, des témoignages éloquents ont été exposés par les producteurs pilotes.
Témoignages de producteurs pilotes
Les producteurs ayant mis la main à la pâte au cours de la recherche-action ont donné des témoignages éloquents. A en croire ces témoignages, les producteurs qui adopteront ces innovations réussiront à réduire les pertes poste-récoltes en conservant les produits pendant une longue durée tout en préservant leur qualité nutritionnelle puis les vendre à prix rémunérateur. Pour Bello Samsou, producteur de pomme de terre à Malanville « Grâce à cette étude, j’ai appris beaucoup de nouvelles informations sur la conservation de la pomme de terre. Avant, je perdais presque la moitié de ma récolte à cause de la pourriture. Je ne savais pas qu’on pouvait conserver la pomme de terre pendant longtemps. J’ai même commencé à adopter cette technique dans mon champ ». Quant à Salé Idé, producteur d’oignon à Karimama, a soutenu que : « Grâce à la nouvelle technique de stockage, j’ai pu conserver mes oignons pendant plusieurs mois et les vendre à un meilleur prix. Je retiens aussi pour une meilleure conservation, il faut appliquer les bonnes pratiques de production ».
Avec ces innovations qu’apportent les résultats de cette recherche-action, c’est une nouvelle corde que cette étude ajoute à l’arc des producteurs. Ainsi, les producteurs arriveront à mieux conserver leurs produits et à les vendre à un meilleur prix. C’est une préoccupation vieille de 34 ans qui vient d’être soulagée. Car comme le Professeur Alex Servais Affouda l’a dit dans son discours d’ouverture : « c’est depuis 1990 que les producteurs s’en préoccupent et des recherches sont initiées ». Une feuille de route a été définie et adoptée lors de cet atelier pour la mise à échelle des recommandations de l’étude. C’est le Directeur des programmes par intérim, Dr Bouraima Kabirou, de l’Agence territoriale de développement agricole pôle 1 (Atda 1) qui a clôturé les travaux de l’atelier en exhortant les participants à « partager les recommandations dans le cadre de concertation afin que des Ongs prennent en compte cela dans leurs plans de travail annuel ».