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CONSERVATIONS DES CHAMPIGNONS ET BIODIVERSITÉ EN AFRIQUE: Le projet Fc-Ssa pour plus d’impact en Afrique subsaharienne . Prof Norou Yorou fait la genèse du projet

Le continent africain est riche en biodiversité, mais un élément clé de celle-ci reste largement négligé dans les politiques de conservation : les champignons. Pourtant, ces organismes discrets jouent un rôle crucial dans la stabilité des écosystèmes et le bien-être humain. Face à cette réalité, le projet Fc-Ss (Conservation des champignons en Afrique subsaharienne) a démarré depuis juin 2023 avec pour mission de corriger cette lacune. Nous avons rencontré le Prof. Dr Ir. Nourou Soulemane Yorou, mycologue et titulaire de la chaire de mycologie tropicale à la Faculté d’agronomie de l’Université de Parakou, pour mieux comprendre l’importance de cette initiative. Le Professeur Yorou souligne que malgré les avancées en matière de biodiversité depuis la Convention de Rio en 1992, les champignons n’ont toujours pas été pris en compte de manière significative dans les politiques de conservation.

Malik SOULEMANE

« Les champignons constituent un maillon indispensable pour la stabilité des écosystèmes forestiers et sont d’une grande importance pour le bien-être de l’homme. » affirme le Prof Yorou. Bien que dans d’autres régions du monde, une prise de conscience ait émergé grâce à l’activisme des associations de mycologues, des agences et Ongs (Orgaismes non gouvernementaux) engagées dans la conservation de la nature, en Afrique subsaharienne, la situation reste préoccupante. Le manque de données fiables sur les champignons, combiné à une absence de directives politiques claires, limite leur intégration dans les stratégies de conservation de la biodiversité. « C’est dans cette logique que le projet Fc-Ssa est pensé et vise à fournir des données sur les champignons et des orientations politiques nécessaires pour leur intégration aux stratégies de conservation dictée par la Cdb (Convention sur la diversité biologique), à sensibiliser sur la conservation des champignons et leur habitats dans toute l’Afrique subsaharienne, à renforcer le centre unique d’excellence mycologique de l’Afrique tropicale qu’est le Laboratoire Mytips (Mycologie tropicale et interactions plantes-champignons) à l’Université de Parakou, et à encourager des efforts communautaires pionniers et reproductibles visant à réduire la perte de diversité fongique, de la pauvreté, assurer l’autonomisation financière des femmes et pour réduire les inégalité des sexes au Bénin, grâce à la restauration des forêts sous gestion communautaire, où l’exploitation forestière illégale et la production de charbon de bois menacent les moyens de subsistance durables des femmes, actrices prioritaire de la filière des champignons comestibles et médicinaux » a-t-il fait savoir.

C’est donc pour répondre à ce besoin urgent que le projet Fc-Ssa a été lancé en juin 2023, avec un financement de la fondation « The darwin initiative », une organisation caritative britannique. Ce projet, d’une durée de 34 mois, vise à collecter des données scientifiques rigoureuses sur les champignons, tout en formulant des recommandations politiques pour leur intégration dans les stratégies nationales de conservation dictées par la Convention sur la diversité biologique (Cdb). « Ce projet impacte directement sur 1000 ménages dans 20 villages à raison de 50 ménages par village dans les arrondissements de Birni, Perma et Koutoupounga au nord Bénin. Dix autres villages seront sélectionnés au Zimbabwé. Principalement les femmes sont les bénéficiaires directes car elles sont formées sur divers aspects de la production des espèces d’arbres autochtones et employées dans les activités de restauration des habitats, depuis la mise en place des pépinières, à l’entretien des plants et leur mise sous terre, ce qui leur permet de gagner d’argent nécessaire pour leur ménage respectif. », a-t-il précisé.

L’Université de Parakou pilote ce projet, en partenariat avec des institutions de renom, notamment Cabi et la permaculture association du Royaume-Uni, ainsi que Matobo conservation society, une Ong zimbabwéenne. Ensemble, ces organisations unissent leurs forces pour sensibiliser les décideurs politiques et les acteurs de la conservation à l’importance des champignons dans les écosystèmes africains. « Ensemble, faisons en sorte que les champignons trouvent leur place légitime dans nos politiques de conservation de la biodiversité. » exhorte le Professeur Yorou. Si nous continuons à ignorer les champignons, nous risquons de compromettre la stabilité de nos écosystèmes forestiers et de priver les générations futures d’un capital naturel essentiel. Le projet Fc-Ssa est donc une réponse concrète à cette urgence. En fournissant des données essentielles et des orientations politiques claires, il offre l’espoir d’une meilleure intégration des champignons dans les politiques de conservation, contribuant ainsi à préserver la biodiversité pour les générations à venir. Le service national des eaux et forêts accompagne la mise en route du projet et prend activement part à ces activités.

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