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CONSOMMATION DE RIZ IMPORTÉ EN AFRIQUE: Le continent importera 41% d’ici 2033 face à la demande croissante

Face à une demande croissante de riz en Afrique, la production locale peine à suivre le rythme, poussant le continent vers une dépendance accrue aux importations. Malgré les efforts entrepris, l’Afrique pourrait représenter 41 % des achats mondiaux de riz d’ici 2033. Ce constat, souligné par un récent rapport de l’Ocde-Fao, met en lumière l’urgence pour le continent de renforcer sa souveraineté rizicole et de répondre à ce défi alimentaire stratégique.

Ulrich DADO TOSSOU

Le riz, deuxième céréale la plus cultivée et troisième la plus consommée en Afrique, joue un rôle clé dans la sécurité alimentaire du continent. Cependant, malgré des efforts considérables à l’échelle nationale et régionale, la production locale reste insuffisante pour satisfaire la demande croissante. Selon le récent rapport Ocde-Fao sur les perspectives agricoles 2024-2033, la dépendance de l’Afrique aux importations de riz est appelée à s’intensifier, représentant jusqu’à 41 % des achats mondiaux d’ici 2033, soit plus de 26 millions de tonnes.

Actuellement, l’Afrique importe environ 17 millions de tonnes de riz chaque année, ce qui correspond à 32 % des importations mondiales. Ce chiffre devrait augmenter avec la croissance démographique et l’évolution des habitudes alimentaires. En effet, la consommation de riz par habitant devrait passer de 25,1 kg en 2023 à 28,5 kg en 2033, soit un taux d’augmentation annuel de 0,79 %. Ce phénomène est alimenté par la croissance de la population africaine, qui pourrait atteindre 1,69 milliard d’individus d’ici 2030, exerçant une pression accrue sur les systèmes agricoles locaux.

Au sein de la région ouest-africaine, qui concentre 60 % des surfaces rizicoles du continent, le Nigeria se démarque comme le plus grand importateur. D’ici 2033, ses importations de riz pourraient presque doubler pour atteindre 4 millions de tonnes, rivalisant avec les prévisions d’importations de la Chine.

Face à cette dépendance, la production locale pourrait néanmoins être améliorée, notamment grâce au développement de l’irrigation. Aujourd’hui, environ 80 % de la culture du riz en Afrique dépend des précipitations, ce qui rend la production vulnérable aux aléas climatiques. Or, les infrastructures d’irrigation permettent de doubler, voire tripler les rendements. Par exemple, au Nigeria, seulement 17 % des 4,2 millions d’hectares de terres rizicoles sont équipés pour l’irrigation. Au Sénégal, le potentiel hydroagricole de la Vallée du fleuve Sénégal pourrait produire entre 5 et 7 tonnes de riz par hectare avec une irrigation contrôlée, contre 2 tonnes dans les zones pluviales. Le Mali possède également 2,2 millions d’hectares de terres potentiellement irrigables, mais seuls 36 % sont actuellement exploités.

Consciente des défis posés par la dépendance aux importations, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) a annoncé en octobre 2024 une stratégie de 19 milliards de dollars pour renforcer la production rizicole dans la région d’ici 2035. Ce plan prévoit des investissements massifs dans le stockage, la transformation, l’approvisionnement en engrais et semences, avec pour ambition de sécuriser la chaîne de valeur rizicole et de réduire la dépendance aux importations.

L’Afrique se trouve à un tournant crucial pour atteindre une souveraineté rizicole. Bien que les prévisions actuelles indiquent une hausse de la dépendance aux importations, des initiatives comme celle de la Cedeao montrent qu’il est encore possible d’inverser la tendance. Si les investissements prévus sont réalisés et que des politiques de soutien au développement de l’irrigation et des infrastructures agricoles voient le jour, l’Afrique pourrait renforcer sa résilience alimentaire et réduire sa dépendance aux marchés internationaux.

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