L’Afrique de l’Ouest, leader mondial de la production d’anacarde, fait face en 2024 à une baisse de sa récolte de noix de cajou, marquée par des conditions climatiques défavorables et des défis sécuritaires. Avec une production en recul de 15,3 %, passant de 3,1 à 2,6 millions de tonnes par rapport à l’année record de 2023, la région doit relever des défis pour maintenir sa position dominante sur le marché mondial, tout en soutenant les producteurs locaux impactés par cette conjoncture difficile.
Ulrich DADO TOSSOU
L’Afrique de l’Ouest, reconnue comme le berceau de la production d’anacarde, traverse une période de turbulences en 2024. Selon les estimations du service de conseil commercial N’kalô, la production de noix de cajou dans la région est projetée à 2 644 500 tonnes, marquant une baisse alarmante de 15,3 % par rapport aux 3 122 372 tonnes récoltées en 2023.
Baisse Générale de la Production
Les données révélées dans un récent tableau montrent que tous les pays producteurs de la sous-région ont subi des baisses significatives de leur production d’anacarde. La Côte d’Ivoire, principal producteur, a enregistré une chute de 15 %, avec une production estimée à 1 148 000 tonnes contre 1 350 000 tonnes l’année précédente. Le Nigeria et le Ghana suivent également cette tendance, avec des baisses respectives de 14 % et 16 %, portant leur production à 355 000 tonnes et 189 000 tonnes.
D’autres pays comme le Bénin avec 203 000 tonnes, pour une baisse de 15 % et le Burkina Faso, 161 000 tonnes, pour -13 % ne sont pas en reste. Cette situation illustre une crise généralisée qui impacte l’ensemble du secteur. Même les producteurs plus petits, tels que le Sénégal et la Gambie, affichent des baisses de 11 % et 16 %.
Facteurs Contributifs
Plusieurs éléments expliquent cette diminution de la production. Les conditions climatiques défavorables, notamment des vagues de chaleur extrême et une irrégularité des pluies, ont gravement affecté les rendements des vergers d’anacarde. Les experts, comme Boubacar Konta, président de l’Interprofession du cajou au Sénégal, ont mis en avant l’impact des fortes températures sur la floraison et le développement des arbres, entraînant des pertes de productivité allant de 60 % à 70 % dans certaines plantations.
L’insécurité, particulièrement au Burkina Faso, où des attaques terroristes perturbent la collecte des noix, aggrave encore la situation. La combinaison de ces facteurs met en péril la sécurité économique des producteurs locaux et soulève des inquiétudes quant à l’avenir de la filière anacarde dans la région.
Perspectives et Recommandations
Pour faire face à ces défis, il est essentiel que les gouvernements et les acteurs de la filière anacarde adoptent des mesures concrètes. Il est crucial de renforcer les infrastructures de transport et de stockage afin de faciliter la collecte et l’acheminement des produits. L’adoption de pratiques agricoles durables est également primordiale pour améliorer la résilience des cultures face aux conditions climatiques changeantes.
De plus, des investissements dans la recherche et l’innovation doivent être encouragés, notamment pour développer des variétés d’anacarde plus résistantes aux aléas climatiques. Il est également vital de soutenir les producteurs à travers des programmes d’assistance et de formation pour améliorer leurs compétences et leurs méthodes de culture.
L’année 2024 s’annonce comme un véritable défi pour la filière anacarde en Afrique de l’Ouest. La baisse de production de 15,3 % est un signal d’alarme qui doit inciter à une réflexion approfondie sur les pratiques agricoles, la gestion des ressources et la nécessité de politiques adaptées pour soutenir les producteurs dans un environnement en constante évolution. Pour préserver son statut de leader mondial et assurer la sécurité économique de ses agriculteurs, la région doit agir rapidement et efficacement.