L’apiculture au Bénin, un secteur en pleine expansion, fait vivre des milliers de personnes à travers le pays. Cependant, cette filière, qui joue un rôle crucial pour l’environnement et l’économie locale, reste confrontée à de nombreux défis, notamment le vol des ruches, le manque de formation et l’insuffisance d’équipements adaptés. La création récente de la fédération nationale des organisations professionnelles des apiculteurs du Bénin (Fenopa) ouvre une nouvelle ère pour une meilleure structuration et valorisation de cette activité.
Ulrich DADO TOSSOU
Les abeilles, gardiennes de la biodiversité, sont aujourd’hui au cœur d’une filière apicole béninoise pleine de promesses, mais en proie à de nombreux défis. L’apiculture, un pilier méconnu de la production animale, mobilise un grand nombre de Béninois. Le Recensement national de l’agriculture réalisé en octobre 2021 révèle que cette activité compte 5 565 apiculteurs, dont 172 femmes, et est pratiquée par 4 803 ménages, principalement dans les départements de l’intérieur du pays. L’Atacora domine cette filière, rassemblant 47,24 % des apiculteurs et disposant de 11 707 ruches sur les 25 536 que compte le pays. En moyenne, chaque apiculteur possède cinq ruches, une indication de la nature artisanale de cette activité. Bien qu’elle constitue une source de revenus et d’emplois, la filière reste confrontée à des défis structurels et organisationnels qui freinent son développement.
La filière apicole béninoise fait face à de nombreux obstacles. Selon Soumanou Raimi, secrétaire général de la Fédération des apiculteurs du Bénin, les problèmes récurrents incluent le vol et le vandalisme des ruches, a révélé le Matinal. Des malfaiteurs détruisent les ruches à l’aide d’insecticides pour récolter du miel de manière illicite. Cette pratique met en danger la santé des consommateurs, car des résidus toxiques peuvent contaminer le miel. Elle nuit également à l’environnement en éliminant des colonies entières d’abeilles, indispensables pour la pollinisation. Le manque de formation des apiculteurs constitue également une difficulté majeure. Sans compétences techniques, il est difficile de maximiser la production et de transformer efficacement les produits. En parallèle, l’insuffisance d’équipements adaptés entrave la compétitivité des producteurs. Les outils disponibles, souvent fabriqués localement, ne répondent pas toujours aux normes nécessaires pour garantir une production de qualité. D’après la même source, Soumanou Raimi plaide pour des mesures urgentes, notamment l’interdiction de la vente de miel non contrôlé aux abords des routes et la sécurisation des ruches par des technologies modernes.
Pour répondre à ces défis, les acteurs de la filière ont décidé de s’unir. Le 15 novembre 2024, lors d’une assemblée générale constitutive à Dassa-Zoumè, la Fenopa Bénin a été officiellement créée. Cette fédération, présidée par Adouba Daouda, élu à la tête d’un bureau de 21 membres pour un mandat de quatre ans, a pour ambition de structurer et de dynamiser la filière. Dans son plan d’action, le président a insisté sur la promotion d’un miel de qualité répondant aux normes nationales et internationales, la mobilisation de tous les apiculteurs pour renforcer la représentation du secteur, ainsi que la formation des apiculteurs et la modernisation des équipements.
Adouba Daouda a également appelé les apiculteurs à rejoindre cette organisation pour œuvrer ensemble à la professionnalisation de la filière. La création de la Fenopa marque un tournant décisif pour l’apiculture au Bénin. Avec une meilleure organisation, une formation accrue et des politiques publiques adaptées, cette filière pourrait devenir un moteur clé pour l’économie locale tout en jouant un rôle essentiel dans la protection de la biodiversité.
L’apiculture, bien plus qu’une activité économique, est une réponse aux enjeux environnementaux actuels. Comme le disait Albert Einstein, « si les abeilles venaient à disparaître, l’humanité n’aurait plus que quatre ans à vivre». Un avertissement qui, au Bénin, résonne désormais comme un appel à l’action.