Le concours de recrutement de 225 agents contractuels pour le Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, ayant attiré plus de 5000 candidats le samedi 30 novembre 2024, soulève des interrogations profondes sur l’état du marché de l’emploi au Bénin. Cette affluence massive pour un nombre limité de postes n’est pas simplement un phénomène ponctuel, mais un indicateur des déséquilibres structurels dans l’économie béninoise.
D’une part, cette situation témoigne d’une précarité accrue dans le secteur privé, où les opportunités d’emploi stables et sécurisés sont rares. Le secteur public, perçu comme un refuge contre l’instabilité, attire ainsi un nombre croissant de jeunes diplômés en quête de sécurité. Le concours n’est pas seulement une démarche professionnelle pour ces candidats, il devient, sans doute, un moyen de garantir un avenir sans les incertitudes inhérentes au secteur privé. D’autre part, cette masse de candidatures pointe également un taux de chômage élevé dans le pays. Si l’accès à l’emploi dans le secteur privé reste un défi pour beaucoup, l’offre publique, bien que généreuse, reste insuffisante pour absorber cette demande pressante.
Face à ce tableau peu reluisant, il devient impératif de repenser le marché du travail béninois. Une réorientation des politiques économiques, visant à encourager les investissements privés et à diversifier les secteurs porteurs d’emplois, est plus que jamais nécessaire pour éviter que le secteur public ne devienne la seule planche de salut pour la majorité des jeunes. La question qui reste posée est : Le Bénin saura-t-il réinventer son marché du travail pour briser ce cercle de précarité ?
Malik SOULEMANE