Alors que les fêtes de fin d’année approchent, les prix des produits agricoles s’envolent, mettant en péril les préparatifs culinaires des ménages béninois. Entre hausse vertigineuse des produits maraîchers et disparités régionales marquées, la flambée des prix reflète les défis structurels du marché agricole national.
Ulrich DADO TOSSOU
Les étals des marchés béninois racontent une histoire d’inflation, où les produits agricoles échappent peu à peu au pouvoir d’achat des ménages. Selon les données récentes de l’Institut national de la statistique et de la démographie (Instad) publié le 10 décembre 2024, les prix des produits maraîchers, notamment le piment frais, ont enregistrés une hausse vertigineuse dans la période du 25 novembre au 1er décembre. À Cotonou, le prix du piment a bondi de 22,8 % en une semaine ; suive de Natitingou avec une augmentation de 21,7%. Porto-Novo et Parakou ont également subi cette hausse, avec respectivement 17,9% et 17,4%. La tomate fraîche, un autre produit phare des marchés, affiche une augmentation de 13,1 % à Cotonou. Ces augmentations traduisent les tensions dans les chaînes de production et de distribution, exacerbées par des conditions climatiques défavorables et une gestion insuffisante des stocks. Les tubercules, tels que les ignames, subissent également la pression inflationniste. À Cotonou, leur prix moyen a grimpé de 13,5 %, variant entre 130 et 694 FCFA le kilogramme selon les régions. Ces écarts importants mettent en évidence les disparités régionales et les défis logistiques qui impactent la distribution.
Face à cette volatilité, les céréales comme le riz, le sorgho et le mil offrent un certain répit. Leurs prix sont restés constants dans les principales villes du pays, permettant aux consommateurs de diversifier leurs choix alimentaires malgré les hausses ailleurs.
Les fluctuations actuelles des prix soulèvent des interrogations sur les facteurs structurels qui perturbent le marché agricole : les aléas climatiques, marqués par des poches de sécheresse et des pluies irrégulières ; l’insuffisance des infrastructures de stockage et de transformation des produits agricoles ; et la multiplicité des intermédiaires dans la chaîne de distribution, qui contribue à l’instabilité des prix.
Dans ce contexte, les ménages doivent ajuster leurs priorités et faire preuve de créativité dans leurs choix alimentaires. Pour une solution durable, des actions doivent être entreprises à plusieurs niveaux, notamment un soutien renforcé aux producteurs locaux pour accroître leur résilience face aux aléas, la modernisation des infrastructures agricoles comme les entrepôts de stockage, et la simplification des chaînes de distribution pour réduire les écarts de prix régionaux.
Alors que les familles se préparent pour les festivités, les défis économiques rappellent l’urgence d’une réforme en profondeur du secteur agricole pour garantir la sécurité alimentaire et le bien-être des ménages.