Malgré les opportunités marchandes qui se présentent au manioc dans la région Kouandé, Kérou et Péhunco (2Kp) la production ne s’accroît pas. La non-adoption des nouvelles variétés à cycle court par les producteurs serait la cause de cette contre-performance.
Malik SOULEMANE
Le manioc est très rémunérateur. Néanmoins il peine à s’imposer pour couvrir entièrement la demande des consommateurs. Ils sont nombreux ces consommateurs au Bénin, Nigeria, Ghana, etc. vers qui le manioc produit au Bénin va. La croissance économique inclusive soutenue par la production agricole locale est possible. Et le manioc serait une des alternatives. Même si les obstacles sont nombreux, certains peuvent être surmontés. Ce qu’on recherche comme bonheur ailleurs n’est souvent pas loin de soi. Le « ailleurs meilleur » pourrait se trouver dans le manioc produit chez soi.
Le Bénin fait partie des gros producteurs du manioc en Afrique. La région des 2Kp n’est pas en marge de cette production. Le marché d’écoulement y existe et très rémunérateur pour l’ensemble de la chaîne de valeur. Le manioc est l’un des produits agricoles les plus transformés de façon artisanale au Bénin. Ses dérivés les mieux connus dans la région des 2Kp sont le gari, le tapioca et les cossettes. «Actuellement le kilogramme du gari est à 500f et celui de tapioca 675f», renseigne Josué revendeur des dérivés du manioc à Sirarou, commune de N’Dali. Par ailleurs, il précise que «Les prix augmentent parce que l’approvisionnement est difficile à cause de la rareté du manioc». Le marché existe mais les matières premières sont difficiles à trouver !
Contacté pour en savoir mieux sur la filière, le Chef cellule communale (Ccec) de Kouandé, Loukoumane, constate que «La production de manioc n’évolue pas dans les 2Kp malgré le marché d’écoulement qui est disponible». Selon le Ccec, «Le premier problème est que les producteurs utilisent toujours des variétés à cycle long, des variétés dont le cycle de production s’étend jusqu’à deux campagnes agricoles. Et le deuxième problème est la destruction des champs par les bœufs, particulièrement en saison sèche, car généralement le manioc est la seule culture qui passe cette saison avec des feuilles vertes». Les variétés à cycle court comme la Rb Cona 84 ayant un cycle de 6 mois avec un rendement moyen en milieu réel de 25 tonnes par hectare sont vulgarisées. Ces nouvelles variétés existent mais ne seraient pas encore adoptées par la plupart des producteurs. Ils préfèrent les variétés traditionnelles aux innovations. «Les défis seront d’amener les producteurs à utiliser les variétés à cycle court et de sensibiliser les bouviers sur la nécessité d’éviter que leurs animaux détruisent les champs de manioc», recommande le Ccec aux producteurs et éleveurs. Pour donc saisir les opportunités qu’offre le marché du manioc, les producteurs devraient impérativement adopter les nouvelles variétés à cycle court.
Ces producteurs savent que les variétés dites améliorées ne répondent pas à leurs goûts et créent des dépendances économiques et technologiques. La liberté de cultiver est un enjeu fondamental