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EDITO: Biotechnologie, la solution ?

Depuis le début de cette année 2024, les options du gouvernement pour le secteur de l’agriculture semblent pencher plus pour la biotechnologie. Et à en croire aux autorités c’est leur réponse face aux difficultés des agriculteurs en matière de semences. D’ailleurs le conseil des ministres en sa session de mercredi 24 janvier 2024 a décidé de créer une société consacrée au développement des semences végétales et plants au Bénin. Et à partir de cette structure, la production, l’agrégation, l’importation et la distribution des semences et plants seront désormais réglementées au Bénin. Jusqu’à présent la production de semences est dominée par l’informel avec des méthodes d’approvisionnement jugées ‘’peu efficaces’’ par le gouvernement. La nouvelle société de développement des semences végétales se chargerait d’assurer l’organisation de l’industrie semencière autour des espèces vivrières, horticoles, fourragères, fruitières et forestières pour répondre aux besoins en semences et plants de qualité et améliorer le taux d’utilisation de semences et plants certifiés, hormis les Organismes génétiquement modifiés (Ogm). En clair, à long terme, toute l’agriculture béninoise dépendra de cette société car sans semences et plants pas d’agriculture !

Nous en étions encore là quand le conseil des ministres en sa session du mercredi 08 mai 2024 revient avec forts détails sur sa vision en optant pour la création d’un laboratoire de production de rejets sains d’ananas par la technique de vitro-plants et d’une ferme élite de production et d’exportation de l’ananas. Ce laboratoire de vitro-plants servirait à couvrir les besoins en rejets d’ananas à raison de 12 millions de plantules par an ; et à la relance de la filière manioc avec la production annuelle d’un million de plantules puis 500 000 plantules pour la banane. Tout porte à croire que pour le gouvernement la réponse de l’agriculture béninoise face aux défis climatiques réside dans la mise au point de cultivars à hauts rendements et de sa dépendance aux sociétés et organismes qui les créent. A supposer que cette approche est la bonne, regardons néanmoins aussi de plus près ses inconvénients à long terme pour l’agriculture béninoise. Que toute l’agriculture dépende de cette société de semences et plants, c’est dire que si cette société périclitait, elle le sera ensemble avec l’agriculture ! Par ailleurs même si elle tenait debout tout le temps, cela voudra dire aussi qu’en dehors des caprices climatiques l’agriculture béninoise devra faire face encore aux caprices de cette société à but lucratif, ce qui ne fera que la fragiliser davantage. Que le gouvernement analyse ses options sous plusieurs angles afin d’opter la meilleure pour l’agriculture béninoise. Il y va de la survie de tous !

Malik SOULEMANE

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