Daabaaru Agri

Nom de l’auteur/autrice :daabaaruagri.com

Edito

ÉDITO: Maep, miroir des défis de l’emploi ?

Le concours de recrutement de 225 agents contractuels pour le Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, ayant attiré plus de 5000 candidats le samedi 30 novembre 2024, soulève des interrogations profondes sur l’état du marché de l’emploi au Bénin. Cette affluence massive pour un nombre limité de postes n’est pas simplement un phénomène ponctuel, mais un indicateur des déséquilibres structurels dans l’économie béninoise. D’une part, cette situation témoigne d’une précarité accrue dans le secteur privé, où les opportunités d’emploi stables et sécurisés sont rares. Le secteur public, perçu comme un refuge contre l’instabilité, attire ainsi un nombre croissant de jeunes diplômés en quête de sécurité. Le concours n’est pas seulement une démarche professionnelle pour ces candidats, il devient, sans doute, un moyen de garantir un avenir sans les incertitudes inhérentes au secteur privé. D’autre part, cette masse de candidatures pointe également un taux de chômage élevé dans le pays. Si l’accès à l’emploi dans le secteur privé reste un défi pour beaucoup, l’offre publique, bien que généreuse, reste insuffisante pour absorber cette demande pressante. Face à ce tableau peu reluisant, il devient impératif de repenser le marché du travail béninois. Une réorientation des politiques économiques, visant à encourager les investissements privés et à diversifier les secteurs porteurs d’emplois, est plus que jamais nécessaire pour éviter que le secteur public ne devienne la seule planche de salut pour la majorité des jeunes. La question qui reste posée est : Le Bénin saura-t-il réinventer son marché du travail pour briser ce cercle de précarité ? Malik SOULEMANE

Agriculture, Recherches et innovations agricoles

COP16 SUR LA DESERTIFICATION A RIYAD: Le Rwanda se distingue avec une innovation coopérative caféière durable

La 16e édition de la Conférence des Parties (Cop16) sur la désertification a débuté le 2 décembre 2024 à Riyad, en Arabie Saoudite avec pour objectif principal de protéger les sols de la planète. Pendant deux semaines, gouvernements, scientifiques et acteurs de la société civile se réuniront pour négocier des solutions à la dégradation des sols, un problème de plus en plus aigu en raison du changement climatique. Parmi les initiatives notables, celle du Rwanda se distingue. Mouleykatou SOULEYMANE Dans les collines du nord du pays, la coopérative caféière Dukunde Kawa illustre parfaitement comment une approche innovante peut lutter contre l’érosion des sols tout en garantissant la durabilité des terres agricoles. En effet, dans cette zone, l’érosion des sols représente une menace sérieuse, augmentant les risques de glissements de terrain et affectant la productivité des terres agricoles. Pour lutter contre l’érosion, la coopérative Dukunde Kawa a mis en place un modèle agricole diversifié, combinant cultures et préservation de la biodiversité locale. Les caféiers sont associés à des bananiers et à d’autres cultures végétales comme le chou. Ces plantes jouent un rôle crucial pour maintenir l’humidité du sol et limiter le ruissellement des eaux, surtout pendant la saison des pluies. D’après Ernest Nshimyimana, Directeur de la coopérative caféière, « Les racines des arbres et des plantes de couverture, comme les bananiers, réduisent l’érosion en stabilisant le sol. C’est une approche naturelle pour maintenir la fertilité des terres ». En outre, l’ajout de fumier autour des racines des caféiers permet d’améliorer la qualité du sol, contrairement aux engrais chimiques. Le fumier enrichit naturellement la terre en nutriments essentiels et améliore sa structure, transformant ainsi des sols sableux ou argileux en sols fertiles et durables. Grâce à ces techniques de gestion durable des sols, plus de 1 000 agriculteurs membres de la coopérative ont été formés à des méthodes agricoles respectueuses de l’environnement. L’objectif est double : améliorer la production de café, une des principales sources d’exportation du pays, tout en préservant la fertilité des sols pour les générations futures. L’initiative de Dukunde Kawa incarne une réponse locale aux enjeux mondiaux de la désertification et de la dégradation des sols, mettant en lumière des solutions concrètes pour un avenir plus durable. Source: vivAfrik.com

Droit et politiques agricoles, Environnement

RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE: La lutte s’intensifie avec le procès en cours à la Cij

Le 2 décembre 2024, un procès historique a débuté à la Cour internationale de justice (Cij), marquant un tournant potentiel dans la lutte contre le changement climatique. Cela pourrait ouvrir la voie à des actions en justice contre les États qui ne respectent pas leurs engagements climatiques. Malik SOULEMANE La Cij, plus haute juridiction de l’Onu, examine les obligations légales des pays face au réchauffement climatique et la manière dont ils peuvent aider les nations vulnérables à y faire face, nous apprend Fraternité Fm. Cette affaire concerne notamment les îles menacées de l’océan Pacifique et le Vanuatu, un pays déjà frappé par des catastrophes climatiques. Ce procès suscite de grands espoirs, notamment parmi les militants du climat, qui espèrent que l’avis des juges de la Cij aura des répercussions juridiques significatives, en établissant des responsabilités claires pour les pays pollueurs. Si la Cour internationale de justice (Cij) reconnaît des obligations légales contraignantes, cela pourrait ouvrir la voie à des actions en justice contre les États qui ne respectent pas leurs engagements climatiques, une avancée majeure dans la protection des nations vulnérables. Cependant, des doutes demeurent, principalement sur la durée qu’il pourrait falloir à la Cij pour rendre son avis et sur la portée réelle de ses recommandations. Le timing de ce procès, qui suit de près la Cop29 tenue en Azerbaïdjan, pourrait avoir des implications importantes dans l’application des accords internationaux. En effet, bien que la Cop29 ait conclu un financement limité de 300 milliards de dollars par an d’ici 2035 pour lutter contre le changement climatique, l’avis de la Cij pourrait accélérer les actions concrètes et l’engagement juridique des États.

Environnement, Recherches et innovations agricoles

MISE EN ŒUVRE DU PROJET BIOSTIMULANTS AU BÉNIN: L’utilisation des micro-organismes du sol pour la durabilité de l’agriculture

Le Bénin franchit une étape majeure vers une agriculture durable avec le lancement du projet Biostimulants. Soutenu par le Coraf (Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricoles) et coordonné par le professeur Lamine Baba-Moussa, ce programme ambitieux mise sur l’utilisation de micro-organismes naturels pour améliorer la fertilité des sols et augmenter les rendements agricoles. Avec un financement de 300 millions Fcfa, il vise à transformer les pratiques agricoles au Bénin, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire, tout en offrant une alternative écologique aux engrais chimiques. Ulrich DADO TOSSOU « Amélioration du rendement du maïs et de la fertilité des sols à partir des biostimulants à base de micro-organismes du sol », tel est le thème de ce projet révolutionnaire coordonné par le professeur Lamine Baba-Moussa. Ce dernier s’appuie sur l’utilisation de micro-organismes naturels pour améliorer la fertilité des sols et augmenter les rendements agricoles, particulièrement celui du maïs. Officiellement lancé à l’hôtel Azalaï de Cotonou, le projet Biostimulants bénéficie d’un financement de 300 millions de francs Cfa. Il vise à produire des biostimulants à base de champignons mycorhiziens arbusculaires (Cma) et de rhizobactéries favorisant la croissance des plantes (Pgpr). Ces substances naturelles, qui agissent comme des fertilisants biologiques, constituent une alternative écologique aux engrais chimiques, dont l’usage excessif dégrade les sols et menace la santé des agriculteurs. Le lancement dudit projet a réuni des personnalités importantes telles qu’Innocent Togla, Secrétaire général adjoint du ministère de l’agriculture, Comlan Hervé Sossou, Directeur général de l’Institut national de recherche agricole du Bénin (Inrab), et Dr Fatou Dieng, représentante du Coraf. Des coordonnateurs du projet pour le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire étaient également présents, marquant ainsi la dimension régionale de cette initiative. Ce projet se concentre sur l’importance stratégique du maïs dans l’alimentation et l’économie des populations. Cependant, ses effets positifs s’étendront à d’autres cultures. « Les biostimulants ne visent pas à remplacer les engrais chimiques, mais à compléter ces derniers de manière durable et écologique », a expliqué le professeur Baba-Moussa. Cette approche innovante permettra de réduire les coûts de production pour les agriculteurs tout en protégeant l’environnement. Quant à Innocent Togla, il a salué cette initiative, soulignant qu’elle pourrait transformer l’ensemble de la production agricole, au-delà du maïs. Il a également encouragé les chercheurs à élargir leurs travaux à d’autres cultures pour maximiser les retombées économiques et sociales du projet. Par ailleurs, le projet s’appuie sur des institutions locales comme L’Inrab au Bénin, l’Ujkz au Burkina Faso, et l’Upgc en Côte d’Ivoire pour mener les activités sur le terrain. Selon Comlan Hervé Sossou, cette synergie régionale permettra d’atteindre des résultats significatifs, reproductibles et adaptés aux spécificités locales. Le projet Biostimulants marque un tournant pour l’agriculture au Bénin et en Afrique de l’Ouest. En offrant une alternative viable aux engrais chimiques, il ouvre la voie à une agriculture respectueuse de l’environnement, économiquement accessible et résiliente face aux défis climatiques. Les résultats attendus de ce programme sont prometteurs. En réduisant la dépendance aux intrants chimiques tout en augmentant la productivité, le Bénin pourrait devenir un modèle à suivre pour d’autres pays du continent en quête d’innovation agricole.

Agrobusiness

LANCEMENT DE LA PREMIÈRE USINE DE TOMATE D’ENTREPRENEURIAT COMMUNAUTAIRE AU BURKINA: Un modèle pour l’industrialisation de l’Afrique

Le samedi 30 novembre 2024, le Burkina Faso a marqué un tournant historique dans son processus d’industrialisation avec l’inauguration de la première usine de l’entrepreneuriat communautaire, la Société burkinabè de tomates (Sobto), à Bobo-Dioulasso. Cette usine, construite dans le cadre de l’actionnariat populaire, est le fruit de la vision d’un développement endogène porté par l’Agence pour la promotion de l’entrepreneuriat communautaire (Apec), sous l’impulsion du président Ibrahim Traoré. La Sobto, spécialisée dans la production de pâte de tomate sous la marque « A’diaa » (signifiant « la saveur » en dioula), incarne un modèle de développement basé sur l’implication des citoyens dans les projets industriels du pays. Malik SOULEMANE Avec une capacité de transformation de 100 tonnes de tomates par jour, l’usine couvre une superficie de 5 hectares et génère 180 emplois directs permanents, ainsi que 3 000 emplois indirects. Selon le directeur général de l’Apec, Karim Traoré, l’usine répond non seulement à la demande locale en produits de qualité, mais vise aussi à se lancer dans la conquête du marché international. L’industrialisation, au cœur de la politique économique burkinabè, doit d’abord répondre aux besoins des populations africaines. « Le développement endogène est une doctrine. Il faut que tout le monde se l’approprie. On ne pourra que par nous-mêmes nous développer. » a souligné le président Ibrahim Traoré lors de la cérémonie d’inauguration. Le modèle d’actionnariat populaire adopté par l’Apec repose sur une participation active des citoyens, permettant à chacun d’avoir une part dans la réussite économique du pays. Cette initiative n’est que la première phase d’une série de projets industriels, avec une autre usine déjà en préparation à Yako et des perspectives de développement à Tenkodogo. Cela fait partie d’une ambition de créer un véritable tissu industriel national, soutenu par la participation de tous. « Tout cela entre dans le cadre du processus d’industrialisation de notre pays, cela ne peut que nous rendre fiers » a laissé entendre le président Ibrahim Traoré. Le lancement de la Sobto est un modèle à suivre pour d’autres pays africains. L’industrialisation du continent doit avant tout être conçue pour répondre aux besoins des Africains, et non comme une simple stratégie d’exportation. Les initiatives comme celles-ci montrent que le développement durable et l’industrialisation peuvent être réalisés de manière inclusive, par et pour les Africains. Il est temps pour les autres nations africaines de prendre exemple et d’investir dans des projets similaires pour renforcer l’économie locale et promouvoir un avenir plus prospère. Source: Direction de la communication de la présidence du Faso, relayée par le média Burkina 24, Décembre 2024

Agrobusiness

BAISSE DU PRIX DE L’HUILE VÉGÉTALE AU TOGO: A Lomé le goût, Parakou l’odeur

Après plusieurs mois de hausse, le prix de l’huile végétale connaît une baisse significative dans la capitale togolaise, au grand « bonheur » des consommateurs et commerçants. En effet, selon le média Bénin-new, le prix du bidon de 25 litres d’huile, qui se vendait entre 30 000 et 32 000 Fcfa, est désormais accessible à 23 000 Fcfa à Lomé, soit une réduction de 30 %. Cette baisse serait liée à une stabilisation des approvisionnements, après des tensions sur le marché. Le litre d’huile, qui coûtait jusqu’à 2000 Fcfa, est désormais à environ 1000 Fcfa dans la capitale togolaise. À l’approche des fêtes de fin d’année, cette baisse est particulièrement appréciée. Par ailleurs, de l’autre côté de la frontière, au Bénin, précisément à Parakou le prix d’un bidon d’huile végétale de 25 litres s’élève à environ 32 000 Fcfa, et le litre vendus à environ 1500 Fcfa. Une cherté insoutenable pour les populations dans ces conditions de morosité économique. En attendant la même nouvelle, la cité des Kobourou ne peut que sentir l’odeur provenant depuis Lomé. Mouleykatou SOULEYMANE

Environnement, Recherches et innovations agricoles

ADOPTION DES MESURES AGROÉCOLOGIQUES POUR LA PRÉSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT: Le Cevaste imprime une synergie d’actions communautaires à Pahou

Le jeudi 28 novembre 2024 à Pahou, le Centre d’expérimentation et de valorisation de l’agroécologie et des sciences et techniques endogènes (Cevaste) a organisé une rencontre stratégique sous le leadership du père Jah. C’était dans le cadre de son projet qui vise à renforcer le réseautage et influencer les politiques sur la souveraineté alimentaire, la résilience communautaire et la régénération de la diversité biculturelle en Afrique. Mouleykatou SOULEYMANE Promouvoir l’agroécologie, la gestion durable de l’eau et la préservation des sols au Bénin, c’est l’engagement qu’a pris le Cevaste en partenariat avec le Réseau africain de la biodiversité (Abn). Selon les informations rapportées par le Journal Santé Environnement, l’objectif de cette rencontre majeure est de sensibiliser les décideurs et de formuler des recommandations pour l’adoption de pratiques agricoles écologiques. Un objectif qui a fait écho chez de nombreux acteurs. Pour Jean Daniel Edwens, chargé de projet au Cevaste, il s’agit d’impulser des réformes favorables à l’agroécologie, les politiques et l’opinion publique. Le président de la Fédération d’agroécologie du Bénin (Faeb), dans sa prise de parole, a exposé les avantages de l’agroécologie, notamment son rôle dans la préservation des ressources naturelles. Il a également exprimé son inquiétude face à la disparition progressive de certains plats traditionnels. Toujours selon le même journal, cette journée stratégique a connu la présence des chefs de villages, agriculteurs, chercheurs, et membres d’organisations partenaires. Ces parties prenantes ont apporté leurs perspectives pour enrichir les discussions. Par ailleurs, un documentaire illustrant des techniques agroécologiques a été projeté, suscitant des échanges parmi les participants. Des discussions qui ont porté sur des stratégies concrètes pour intégrer l’agroécologie dans les pratiques agricoles et les politiques publiques. Pour Gbedewa Bernard, chef du village de Tori-Gbedewahoué, l’agroécologie constitue une voie essentielle pour garantir la sécurité alimentaire et, par conséquent, une meilleure santé pour les communautés. Les producteurs, quant à eux se sont réjouis et ils ont exprimé leur gratitude au Cevaste pour leur avoir donné cette opportunité de renforcer leur capacité et de réseauter sur l’agroécologie au Bénin. Dorénavant mieux aguerris ils comptent restituer à leurs différentes bases l’importance d’adopter les techniques agroécologiques pour une prise de conscience générale, face aux défis environnementaux et climatiques auxquels fait face le pays.

Agriculture

APICULTURE BENINOISE: Une filière prometteuse face à de nombreux défis

L’apiculture au Bénin, un secteur en pleine expansion, fait vivre des milliers de personnes à travers le pays. Cependant, cette filière, qui joue un rôle crucial pour l’environnement et l’économie locale, reste confrontée à de nombreux défis, notamment le vol des ruches, le manque de formation et l’insuffisance d’équipements adaptés. La création récente de la fédération nationale des organisations professionnelles des apiculteurs du Bénin (Fenopa) ouvre une nouvelle ère pour une meilleure structuration et valorisation de cette activité. Ulrich DADO TOSSOU Les abeilles, gardiennes de la biodiversité, sont aujourd’hui au cœur d’une filière apicole béninoise pleine de promesses, mais en proie à de nombreux défis. L’apiculture, un pilier méconnu de la production animale, mobilise un grand nombre de Béninois. Le Recensement national de l’agriculture réalisé en octobre 2021 révèle que cette activité compte 5 565 apiculteurs, dont 172 femmes, et est pratiquée par 4 803 ménages, principalement dans les départements de l’intérieur du pays. L’Atacora domine cette filière, rassemblant 47,24 % des apiculteurs et disposant de 11 707 ruches sur les 25 536 que compte le pays. En moyenne, chaque apiculteur possède cinq ruches, une indication de la nature artisanale de cette activité. Bien qu’elle constitue une source de revenus et d’emplois, la filière reste confrontée à des défis structurels et organisationnels qui freinent son développement. La filière apicole béninoise fait face à de nombreux obstacles. Selon Soumanou Raimi, secrétaire général de la Fédération des apiculteurs du Bénin, les problèmes récurrents incluent le vol et le vandalisme des ruches, a révélé le Matinal. Des malfaiteurs détruisent les ruches à l’aide d’insecticides pour récolter du miel de manière illicite. Cette pratique met en danger la santé des consommateurs, car des résidus toxiques peuvent contaminer le miel. Elle nuit également à l’environnement en éliminant des colonies entières d’abeilles, indispensables pour la pollinisation. Le manque de formation des apiculteurs constitue également une difficulté majeure. Sans compétences techniques, il est difficile de maximiser la production et de transformer efficacement les produits. En parallèle, l’insuffisance d’équipements adaptés entrave la compétitivité des producteurs. Les outils disponibles, souvent fabriqués localement, ne répondent pas toujours aux normes nécessaires pour garantir une production de qualité. D’après la même source, Soumanou Raimi plaide pour des mesures urgentes, notamment l’interdiction de la vente de miel non contrôlé aux abords des routes et la sécurisation des ruches par des technologies modernes. Pour répondre à ces défis, les acteurs de la filière ont décidé de s’unir. Le 15 novembre 2024, lors d’une assemblée générale constitutive à Dassa-Zoumè, la Fenopa Bénin a été officiellement créée. Cette fédération, présidée par Adouba Daouda, élu à la tête d’un bureau de 21 membres pour un mandat de quatre ans, a pour ambition de structurer et de dynamiser la filière. Dans son plan d’action, le président a insisté sur la promotion d’un miel de qualité répondant aux normes nationales et internationales, la mobilisation de tous les apiculteurs pour renforcer la représentation du secteur, ainsi que la formation des apiculteurs et la modernisation des équipements. Adouba Daouda a également appelé les apiculteurs à rejoindre cette organisation pour œuvrer ensemble à la professionnalisation de la filière. La création de la Fenopa marque un tournant décisif pour l’apiculture au Bénin. Avec une meilleure organisation, une formation accrue et des politiques publiques adaptées, cette filière pourrait devenir un moteur clé pour l’économie locale tout en jouant un rôle essentiel dans la protection de la biodiversité. L’apiculture, bien plus qu’une activité économique, est une réponse aux enjeux environnementaux actuels. Comme le disait Albert Einstein, « si les abeilles venaient à disparaître, l’humanité n’aurait plus que quatre ans à vivre». Un avertissement qui, au Bénin, résonne désormais comme un appel à l’action.

Edito

ÉDITO: L’agonie du Comptoir ?

La liquidation judiciaire de la société Cdpa Sarl (Comptoir de distribution de produits alimentaires), un acteur majeur de l’agroalimentaire au Bénin, marque un tournant inquiétant pour le secteur. Avec une dette colossale de près de 400 millions de Fcfa, selon les sources du media Tempête infos, la société fondée par Jean Baptiste Satchivi, ancien président de la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin, a été condamnée à la liquidation par jugement n°009/24/Cdpa/Tcc rendu par le tribunal de commerce de Cotonou le 22 novembre 2024, relayé par Tempête infos. Ce jugement met en lumière les difficultés financières croissantes auxquelles font face de nombreuses entreprises du pays, en particulier dans le secteur stratégique de l’agroalimentaire. Il est à souligner que la situation du Cdpa n’est qu’un révélateur des défis que rencontrent les entreprises béninoises face à la conjoncture économique difficile. En plus des lourdes dettes, les acteurs de ce secteur sont confrontés à des problèmes de gestion, de financement et de concurrence étrangère accrue. La liquidation de cette société ne touche pas seulement ses employés et partenaires directs, mais aussi l’ensemble de l’économie locale, avec des répercussions sur l’approvisionnement des marchés et la chaîne de valeur agroalimentaire. Cependant, tout n’est pas perdu. Pour redonner espoir aux acteurs de l’agroalimentaire béninois, plusieurs pistes sont envisageables. D’abord, il est essentiel d’améliorer l’accès au financement pour les Pme, en simplifiant les démarches et en offrant des conditions plus favorables. Ensuite, une meilleure gestion des risques financiers et une révision des stratégies d’approvisionnement et de production sont cruciales. Enfin, il est important de renforcer la formation des entrepreneurs et de stimuler les partenariats entre les entreprises locales et internationales, afin de rendre le secteur plus compétitif et résilient face aux aléas économiques. Pour ce qui concerne l’agonie du Comptoir, Cdpa, les avocats se mobilisent à son chevet pour envisager des voies de recours afin de lui redonner espoir. Malik SOULEMANE

Agrobusiness, Droit et politiques agricoles

DÉVELOPPEMENT DE LA FILIÈRE ANANAS AU BÉNIN: Le projet Pinex clôture avec des résultats encourageants

Le mardi 19 novembre 2024, l’organisation américaine Partners for development (Pfd) a organisé dans la salle Baobab du Novotel à Cotonou, la cérémonie de clôture du projet Pinex. Lancé en 2016 et achevé cette année, ce projet visait à stimuler la production d’ananas au Bénin tout en favorisant son expansion sur les marchés internationaux. L’événement a réuni des personnalités de premier plan, dont le Ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, Gaston Dossouhoui, l’ambassadeur des États-Unis près le Bénin, ainsi que les représentants des organisations professionnelles bénéficiaires et d’autres acteurs impliqués dans le projet. Mouleykatou SOULEYMANE Le projet de coopération agricole Pineapple processing for export (Pinex), soutenu par un financement de 14,88 millions de dollars de l’ambassade des États-Unis, a pour objectif de dynamiser la filière de l’ananas au Bénin, notamment dans les départements de l’Atlantique et du Littoral, zones phares de la production. Ce projet a permis d’injecter près de 15 milliards de francs Cfa dans l’économie locale, en visant trois objectifs principaux. Selon les informations rapportées par le média Le Rural, lors de la cérémonie de clôture, l’ambassadeur des États-Unis près le Bénin, Brian Shukan, a rappelé les trois axes stratégiques du projet : accroître la productivité en renforçant les compétences techniques et managériales des producteurs et des transformateurs d’ananas ; faciliter l’accès au financement pour les acteurs de la filière ; et enfin, dynamiser les échanges commerciaux d’ananas frais et transformés en améliorant l’accès aux marchés nationaux et internationaux. Les résultats du projet ont été présentés par les acteurs clés de la chaîne de valeur, notamment le Réseaux des producteurs d’ananas du Bénin (Repab), la Coopérative des entreprises de transformation d’ananas du Bénin (Cetrab), la Coopérative des commerçants d’ananas du Bénin (Ccab) et l’Association des exportateurs d’ananas du Bénin (Aeab), qui ont salué les réussites obtenues. En neuf (09) ans d’activités, Pinex a impacté « 36 500 bénéficiaires directs et plus de 163 000 bénéficiaires indirects », rapporté par le même média. Entre 2016 et 2022, les revenus nets des producteurs ont augmenté de 38%, tandis que pour les transformateurs, cette hausse est passée de 40% à 74%. Les commerçants et exportateurs ont également vu leurs conditions d’opération améliorées grâce à de nouvelles infrastructures, équipements et certifications, leur permettant de mieux valoriser l’ananas sur le marché international. Il faut noter que le projet Pinex s’inscrit dans le cadre de l’initiative Food for progress du Département de l’agriculture des États-Unis (Usda), qui a pour objectif de renforcer et moderniser les secteurs agricoles des pays en développement.

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