Daabaaru Agri

Nom de l’auteur/autrice :mouleykatousouleymane@gmail.com

Edito

LA FILIÈRE MANGUE AU BÉNIN: Entre défis et opportunités

Au Bénin, la culture de la mangue occupe une place significative dans l’agriculture locale, avec une production riche en diversité variétale. Les variétés les plus cultivées comprennent Amélie (gouverneur), Kent, Eldon, Ifac, Smith, et Brouk. Ces mangues prospèrent dans les conditions climatiques du pays, caractérisées par une saison sèche marquée et des précipitations annuelles oscillant entre 800 et 1200 mm. Cette filière représente une opportunité pour les producteurs et les revendeuses. Néanmoins, ces derniers sont confrontés à maints défis qui entravent cette activité. Ulrich DADO TOSSOU D’après le rapport de la Direction de la Statistique Agricole (Dsa), la production de la mangue est évaluée à 206 167 tonnes au cours de la campagne agricole 2023-2024 contre 86 461 tonnes en 2022. Avec cet essor, la filière mangue contribue au développement local et national. Le Bénin dispose de plusieurs variétés de mangues qui nécessitent des conditions climatiques spécifiques. Selon Boni Moussa B. Madougou, Secrétaire général (Sg) de la Fédération nationale des producteurs de mangues du Bénin (Fenaprom), «le Bénin produit plusieurs variétés de mangues, notamment Amélie, Kent, Eldon, Ifac, Smith, et Brouk. Les mangues se développent mieux dans des conditions climatiques spécifiques avec une saison sèche marquée et des précipitations annuelles variant entre 800 et 1200 mm».Cependant, la filière mangue fait face à d’importants défis, notamment les ravageurs. «Les mouches des fruits occasionnent plus de 50% de pertes des productions de mangues », précise-t-il. À cela s’ajoutent les dégâts causés par les chauves-souris, les rongeurs et les actions humaines.La lutte contre ces ravageurs varie selon leur nature et l’intensité des attaques. Pour protéger les mangues des vols, les producteurs optent pour des clôtures et le gardiennage. En revanche, le contrôle des mouches de fruits nécessite des méthodes plus complexes telles que le piégeage et le traitement avec des produits phytosanitaires. Malheureusement, la disponibilité de ces produits est actuellement insuffisante, aggravant les pertes de production. Autre que les producteurs, les revendeuses sont également confrontées aux difficultés notamment celles de la ville de Parakou. A cet effet, Soumanou Raliath, une revendeuse de mangues greffées, partage son quotidien et les défis qu’elle rencontre dans son métier. « J’achète mes mangues dans la brousse. Ils nous font ça 7 à 200f non-mûres et 5 200f si les mangues commencent à finir. Et avant que ça ne soit mûr, on trie celles qui se gâtent avant de trouver les bonnes. C’est pour ça que mes mangues sont à 500f le tas. Les mangues sont en train de finir, nous sommes dans la dernière vague. Il y a aussi de 300f. », explique-t-elle. Malgré les pertes liées aux mangues qui se gâtent, elle trouve son activité bénéfique. « Avec les mangues qui se gâtent, je peux dire que c’est bénéfique. On s’en sort, on ne se plaint pas en tout cas », ajoute-t-elle avec un sourire.Cependant, Raliath exprime ses préoccupations concernant l’augmentation des prix des mangues causée par les acheteurs de Cotonou qui se rendent directement dans les champs. «Depuis que les gens de Cotonou rentrent dans les champs pour acheter, les mangues sont devenues très chères au niveau des producteurs. Si nous les vendeuses on va dans les brousses on n’arrive pas à acheter. Ils offrent un meilleur prix aux producteurs. C’est la raison pour laquelle la mangue est chère à Parakou. Les autorités doivent revoir cette situation.», plaide-t-elle. Perspectives et Initiatives en Cours Plusieurs initiatives sont en cours pour soutenir et dynamiser la filière mangue. « Le gouvernement, à travers l’Agence territoriale de développement agricole (Atda5), promeut activement les variétés Kent et Amélie et travaille à structurer la filière », affirme le Sg. Parallèlement, « la Fenaprom, avec l’appui de projets comme le Programme d’Appui au Secteur du Développement Rural phase 3 (Pasder3), le Projet Promotion de Politique Foncière Responsable (Propfr) et la Coopération suisse, met en œuvre diverses actions visant à organiser la filière en interprofession, renforcer la lutte contre les ravageurs, offrir des conseils agricoles et soutenir la transformation des mangues avec l’installation d’usines de séchage à Natitingou et Parakou », enchaîne-t-il. Le gouvernement et les partenaires de la Fenaprom unissent leurs efforts pour améliorer la production et la commercialisation des mangues béninoises, espérant ainsi réduire les pertes et augmenter les revenus des producteurs. La filière mangue au Bénin, malgré les défis, montre un potentiel significatif de développement. Avec des stratégies appropriées pour lutter contre les ravageurs et des initiatives robustes pour structurer et promouvoir la filière, l’avenir des producteurs de mangues au Bénin s’annonce prometteur.

Femmes et Agriculture

FEMMES ET AGRICULTURE: A la découverte du royaume des épices et de sa reine

Elle s’appelle Annick Laurelle Aborodé. Après sa formation en Nutrition et sciences agroalimentaires à la faculté d’agronomie de l’Université de Parakou, elle décide de lancer son épicerie « Annibio » en 2020 dans la cité des Kobourou. Un pari gagnant pour la jeune femme qui aujourd’hui possède plus de 40 références de ses produits. Mouleykatou SOULEYMANE La volonté d’être indépendante, être son propre employeur et l’envie de relever de nouveaux défis ont poussé Annick Laurelle Aborodé à définitivement se lancer dans l’entrepreneuriat. En effet, la jeune femme passionnée par l’entrepreneuriat trempait déjà dans la fabrication d’amuse-bouche depuis le bas âge, qu’elle livrait aux cadres de sa localité. Ce n’est qu’en février 2020 qu’elle lance son épicerie « Annibio » avec seulement 07 articles. Quatre ans plus tard l’épicerie s’impose et compte plus de 40 références de ses produits.L’épicerie est spécialisée dans la transformation des épices en poudre et en liqueur thérapeutique. Notamment le clou de girofle, le curcuma, la cannelle, le romarin, l’ail, le fenugrec, le poivre africain, le piment, les substituts du cube, etc. Cela dans le but de faciliter le quotidien aux consommateurs. Annibio fait la transformation des épices sans conservateurs ni ajout d’additifs. Ses produits sont fabriqués suivant les normes et conditions du système Haccp, qui est le système d’analyse des risques et de maîtrise des points critiques de la sécurité sanitaire des denrées alimentaires. En outre, les épices sont moulues avec des machines en inox. Ce qui permet de sauvegarder l’innocuité de ses produits. Bienfaits des épices Les épices en général sont utilisées dans les préparations à la cuisine ou sous forme d’infusion. Ce sont des antioxydants, et donc ralentissent le vieillissement des cellules. Entre autres, le clou de girofle est un anti-inflammatoire, un antioxydant, et permet de réguler le taux de cholestérol. Il lutte également contre les problèmes dentaires, la carie dentaire, les maux de dents, la fatigue, les douleurs musculaires. La cannelle quant à elle régularise le taux de glycémie. Et le curcuma permet de lutter contre l’ulcère. En ce qui concerne la liqueur thérapeutique « Ibilè », à base d’épices de la maison Annibio, elle lutte contre la fatigue, les maux de ventre ainsi que les douleurs musculaires, les vers intestinaux, les douleurs dentaires. La liqueur « Ibilè » est également un apéritif qui facilite la digestion et aide à régulariser les menstrues chez les femmes. Détermination et passion Il est vrai que les épices moulues existaient bien avant Annibio, cependant la qualité restait tout de même douteuse. Cela à cause des transformatrices malhonnêtes qui rajoutent d’autres substances comme les farines pour mélanger avec leur composition. En effet, faire connaître et adopter ses produits était un gros défi pour la promotrice de Annibio. Pour ce faire, Annick Laurelle Aborodé a pris les taureaux par les cornes. La jeune entrepreneure n’a pas hésité à faire du « service en service », du porte à porte et de la vente ambulante pour faire connaître ses produits. Malgré tous les refus essuyés de la part des potentiels clients, les avances d’hommes vicieux qui voulaient des faveurs intimes chez la jeune femme avant de lui acheter ses produits ou de l’aider à se faire connaître, cette dernière n’a pas baissé les bras. Elle a fait preuve de résilience et a trouvé des solutions dignes. «A un moment donné, j’ai commencé par faire des échantillons dans les petites boîtes de cristaux de menthe, que je donnais gratuitement aux potentiels clients. Et je prenais leurs contacts. Une semaine après, je leur écrivais pour leur demander s’ils avaient utilisé le produit et leurs impressions»; relate Annick Laurelle Aborodé. Cette astuce rencontre un franc succès. « Grâce à ces échantillons, les consommateurs ont su que mes produits sont de qualité et les ventes ont décollés » ; ajoute-t-elle. La jeune entrepreneure a su relever ces défis par sa détermination et sa passion pour ce qu’elle fait. Vous voulez quelque chose? Allez le chercher tout simplement. « Que rien ne vous ébranle, que rien ne vous arrête, si vous êtes passionné par l’entrepreneuriat agricole, lancez-vous »; conseil Annick Laurelle Aborodé, promotrice de l’entreprise Annibio.

Retour en haut