Daabaaru Agri

BENIN/CAMPAGNE AGRICOLE 2024: Importance du calendrier agricole pour les agriculteurs

La planification des opérations culturales reste capitale pour une campagne agricole fructueuse. Dans une interview accordée à notre rédaction, l’ancien doyen de la Faculté d’Agronomie (Fa) de l’Université de Parakou (Up), Dr Michel Batamoussi donne des précisions. Lisez ci-dessous le contenu de cet entretien.

Mouleykatou SOULEYMANE

Daabaaru : On parle de l’importance du calendrier agricole au profil des agriculteurs. Dites-nous ce qu’on peut comprendre par le calendrier agricole ?

Dr Michel Batamoussi : Un calendrier agricole c’est une planification dans le temps des opérations culturales dévolues à chacune des cultures que vous avez dans votre programme de production. Donc c’est ça le calendrier agricole.

Quel est l’importance du calendrier agricole ?

Dr Michel Batamoussi : C’est un peu complexe, parce que pour chaque culture, vous avez plusieurs opérations, et à chaque opération une date pour l’effectuer. Donc si vous avez 5 cultures, vous voyez, chaque culture biologique est caractérisée par ses opérations à faire pour la réussir. Donc ici nous serons obligés pour mieux comprendre la question de prendre des exemples parce que tous les calendriers agricoles, c’est à dire toutes les périodes d’exécution des opérations relatives à une culture donnée sont très importantes. Mais dès fois, les producteurs ne le voient pas ainsi. On a pourtant conseillé ils font comme bon leur semble. Or Scientifiquement parlant quand vous ne respectez pas ces calendriers, vous portez préjudice au rendu agricole. Exemple, si nous disons que l’opération de semi du cotonnier c’est telle date et que vous ne respectez pas ça, vous sortez du calendrier et vous portez préjudice au rendement. Parce que le calendrier du semi d’abord est lié à des facteurs comme la température, et l’humidité. En Afrique tropicale nous n’avons pas le problème de température mais dans les pays européens la température joue un rôle très important au même titre que l’humidité en ce qui concerne les dates dessus. Donc étant dans un milieu tropical, nous allons nous baser sur l’humidité. Quand on vous dit que la date de semi du cotonnier c’est telle date, si vous dépassez la date, elle a été conçue en fonction du temps de pluviométrie et du cycle végétatif du cotonnier. Cela veut dire à combien de temps vu les retards pluviométrique dans notre pays, le cotonniers peut accumuler l’humidité nécessaire, l’eau nécessaire pour un bon rendement. Quand vous ne respectez pas la date, ça veut dire que votre cotonniers va consommer peu d’eau en peu de temps et donc ne pourra pas donner le rendement escompté. Si vous allez plus précocement, étant donné que la variété à ses qualités génétiques, si la pluie est normal votre coton va donner à une période où la pluie est existante. La conséquence c’est que vous allez faire la récolte pendant qu’il pleut. C’est ça l’effet du calendrier agricole. J’ai pris l’exemple du coton et par rapport au semi, or il y a plusieurs autres opérations. Il y a le labour, il y a le semi, il y a l’entretien, il y a la récolte. Donc toutes ses opérations là doivent se faire à des dates bien précises. Une fois que cela n’est pas respecté n’attendez pas une bonne récolte.

Qui sont en réalité les spécialistes qui devraient établir un calendrier agricole ?

Pour établir un calendrier agricole, si nous prenons le cas de notre pays par exemple, dans notre pays l’agronomie est fait de la sorte que la recherche agronomique étudie toutes les cultures, toutes les variétés en ce qui concerne les dates des opérations. Et ils font sortir des articles, des fiches techniques d’application. Ce sont ces fiches d’application que les agents sur le terrain qui appartiennent au Maep mettent en application sous forme de conseil aux producteurs. Voici comment ça se fait. Pour une culture donnée a été entièrement étudiée à l’Inrab et tout ce qui la concerne a été élaboré scientifiquement sous forme de fiche. Ce sont ces fiches qui sont exploitées par les agents de terrain pour donner des conseils aux producteurs. Qui respecte bien les conseils aura de bons rendements, qui ne respecte pas bien n’aura pas de bon rendements.

N’importe qui peut-il utiliser les fiches techniques ? Ou a-t-on besoin d’une formation spécifique ?

Oui, le niveau d’instruction de nos producteurs à pousser l’Etat, nous aidant, à créer donc cette institut qui élabore tout par rapport à chaque culture et à mis sur le terrain des agents technique d’encadrement pour donner conseil. Si un agriculteur, un producteur est suffisamment instruire il peut exploiter la fiche directement, il peut aller chez les agents ou bien à la direction du Cader ou bien dans les cellules communales pour dire ‘’passer moi le calendrier agricole de telle ou telle culture’’. Il exploite lui-même. Donc, il n’a qu’à respecter les dates. Maintenant, s’il n’a pas ce niveau d’instruction, il y a un conseillé qui est sur place, il n’a qu’à s’adresser à lui. Aujourd’hui, nous avons une désorganisation presque dans la relation producteurs-agents d’encadrement. Et ceci, je le répète toujours  sur  toutes les antennes, à commencer avec l’avènement du Programme d’ajustement structurelles (Pas) qui est arrivé au Bénin après  la conférence des Forces Vives en 1990. Avant ça l’agriculture était bien structurer. Bien structurer en ce sens que  l’encadrement technique quittait de la commune au village. Les conseillers agricoles partaient de la commune à l’arrondissement  et de l’arrondissement aux villages. C’était bien centralisé. Le paysan n’avait pas  de difficulté à appliquer quoi que ce soit en ce qui concerne une culture donnée parce qu’il vit avec l’encadrement technique dans son village. Chaque encadreur avait un nombre de producteurs qu’il suivait. Convaincu que le producteur n’est pas instruit, l’encadreur se déplaçait de maison en maison ou réunissait les producteurs pour leurs dire ‘’ l’arachide, c’est demain, il faut faire labour ; après-demain qu’il faut faire le semi, c’est tel jour qu’il faut mettre l’engrais’’. On leurs dit ça au jour le jour. Mais aujourd’hui ce n’est plus ça. Mais pourquoi ? Parce que le Pas à obliger nos Etats à dégraisser le personnel d’encadrement. Non seulement à le dégraisser, de nos jours c’est les contractuels, ce n’est pas des hommes permanant c’est des contractuels. Vous savez ce qu’on appelle contractuels par rapport un permanant Un contractuel est sur le qui-vive, il n’est pas stable, il est toujours pensif. Donc son rendement n’est pas autant que celui qui est permanant .Voici la crise qui donc caractérise notre agriculture en générale.

Propos recueillis par : Wilfried AGNINNIN

Transcription : Ulrich DADO TOSSOU

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