Ida Houédoté est une brave entrepreneure transformatrice agroalimentaire de la ville de Parakou. Passionnée et déterminée le chemin de cette dernière n’était pas tout tracé. Dans une interview accordée à notre rédaction elle relate son parcours unique, ses défis surmontés et ses initiatives. Retrouvez l’intégralité de l’interview ci-dessous.
Mouleykatou SOULEYMANE
Daabaaru Agri : Présentez-vous brièvement et expliquez votre parcours académique s’il vous plaît ?
Ida Houédoté : Je suis Ida Pascaline Houédoté, diplômée en comptabilité, e-commerce et titulaire d’une licence en droit privé. Je suis la promotrice d’Africaroma qui est spécialisée dans la transformation des produits locaux en liqueur thérapeutique et jus.
Quelle a été votre parcours professionnel avant de devenir entrepreneure agricole ?
J’ai travaillé dans plusieurs Ong, dans la comptabilité. Donc j’intervenais en tant que comptable sur plusieurs projets. En dehors de ça aussi j’ai fait l’auxiliaire en pharmacie. Ce qui m’a permis de travailler dans la pharmacie également. En dehors de ça j’ai fait aussi un parcours dans le secteur de la comptabilité du projet Songhaï à Porto-Novo. J’ai travaillé aussi dans les structures de microfinance avant d’opter pour l’entrepreneuriat.
Quelles ont été vos principales motivations pour vous lancer dans l’entrepreneuriat agricole ?
Ma motivation pour l’entrepreneuriat agricole a commencé quand j’ai constaté qu’il y a beaucoup de nos produits qui pourrissent dans les marchés, que les bonnes dames jettent. Et vraiment je me suis dit que c’est une grande perte pour ces dames là et pour l’économie locale. Donc je me demandais pourquoi ne pas transformer ces produits-là. Au lieu que ces produits soient une source de perte pour ces dames des marchés. C’est comme ça que l’idée m’est venue avant que je ne fasse la prospection et l’étude du marché pour voir quel produit répond mieux aux besoins et à la demande du marché dans l’environnement dans lequel j’étais.
Pouvez-vous nous parler de votre entreprise agricole et de ses activités principales ?
La spécialité d’Africaroma c’est la transformation des produits locaux en liqueur. Mais nous optons plus pour les produits « free ». C’est-à-dire les produits sans sucre qui sont produits à base du miel, qui quand même jouent un rôle thérapeutique pour le consommateur. Notre concept est de faire des produits naturels, sans stupéfiants, sans colorant, ce qui est purement naturel je vais dire. Quand je dis naturel c’est de la matière première jusqu’aux produits finis. Donc la particularité de nos boissons est qu’en dehors de combler le plaisir du consommateur, cela contribue également à son bien-être. Donc dans la production nous tenons compte de tous ces aspects avant de mettre le produit sur le marché. Également nous tenons à ce que l’environnement soit protégé. Ça fait partie des engagements que nous avons pris en amont de la création de notre entreprise. Nous faisons également d’autres produits tels que les chips de soja. Nous transformons le soja en liqueur également. Nos produits sont connus sous la marque de Zopio. Et nous avons déjà acquis la certification pour certains de nos produits, notamment la liqueur thérapeutique. Également comme autres activités nous faisons la pré-collecte des déchets solides et ménagers.
Quelles sont les initiatives ou les projets que vous avez mis en place pour développer votre entreprise ?
Pour développer les activités de notre entreprise, nous avons élaboré une stratégie qui est basée plus sur la communication. Puisque nous tenons beaucoup aux partenariats avec les distributeurs, nous axons plus sur la communication afin de les atteindre. Et également nous faisons des sorties sur le terrain pour voir des distributeurs à qui nous proposons notre produit. Que ça soit sur le plan régional ou international, nous faisons ces actions pour avoir plus de distributeurs de nos produits. Actuellement même nous en avons tellement fait que la demande est en train de dépasser l’offre que nous pouvons actuellement satisfaire. Donc ça fait partie des stratégies que nous avons développées, histoire d’augmenter notre chiffre d’affaire dans l’entreprise pour pouvoir accélérer sa croissance.
Avez-vous rencontré des défis spécifiques en tant que femme entrepreneure dans ce domaine ? Comment les avez-vous surmontés ?
Oui en tant que femme, je suis confrontée aux différents problèmes étant donné qu’on est obligée d’être au point au niveau de la petite famille. Se concentrer aux enfants, surveiller les enfants, l’école et gérer également l’entreprise. Vous voyez, c’est trois choses déjà pour une seule femme. Donc à un moment donné on est dépassé par vraiment ce à quoi on s’attendait. On est obligé de laisser d’autres maillons pour s’attaquer à un seul objectif, pour pouvoir atteindre les objectifs. Et donc ce que je fais en ce temps pour pouvoir palier à ce problème est que j’élabore une planification stratégique pour ne pas perdre de vue mes objectifs. Et à un moment donné comparer les résultats avec ce que nous avons prévu atteindre. Donc c’est un peu comme ça que nous nous en sortons pour pouvoir gérer l’entreprise et tout le reste. Sans oublier que pour pouvoir atteindre également nos objectifs je suis obligée de déléguer certaines tâches à mes collaborateurs.
Quelles sont vos initiatives en matière de durabilité et de protection de l’environnement dans votre entreprise ?
Dans notre entreprise nous optons pour la Responsabilité Sociétale et Environnementale (Rse). Raison pour laquelle nous optons pour les énergies renouvelables pour l’électrification et l’alimentation solaire dans notre entreprise.
Par ailleurs, l’engrais organique nous permettra de produire des matières premières biologiques, qui rentreront également dans notre processus de production. Donc nos produits seront des produits biologiques, sans engrais chimiques qui seraient bien pour le consommateur. Également ceci permettra de protéger l’environnement et de contribuer à l’atténuation des effets du réchauffement climatique.
Quelles sont vos perspectives pour l’avenir de votre entreprise et du secteur agricole en général ?
Comme perspective nous envisageons conquérir le marché local tout en augmentant notre capacité productive. Et à la longue penser à conquérir les marchés régionaux. Comme perspectives du point de vue général dans le domaine agricole je pense qu’en essayant d’augmenter notre capacité productive cela permettra à nos fournisseurs qui sont des agriculteurs d’augmenter aussi leur capacité productive et leur chiffre d’affaire. Ce qui aura d’impact sur l’économie locale pour le développement du milieu.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes et femmes qui souhaitent se lancer dans l’entrepreneuriat agricole ?
Comme conseils que je peux donner aux jeunes et femmes qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat, c’est de développer une qualité qui est la résilience. C’est vraiment une qualité à développer pour pouvoir survivre dans ce milieu-là et surmonter a beaucoup d’obstacles sans être touchés par les effets néfastes de ce milieu. En dehors de ça je leur demanderai d’avoir plus la détermination. La détermination parce qu’à un moment donné compte tenu des différents aléas dans le secteur, on a tendance à abandonner. Et donc moi je leur conseillerai d’avoir la détermination pour aller jusqu’au bout de leurs idées. Cela leur permettra d’acquérir beaucoup d’expériences. Et également cela leur permettra de surmonter les épreuves qu’ils rencontreront, quel que soit le niveau de ces difficultés-là. Je pense qu’à ce stade, ils pourront surmonter à tout cela et pourquoi pas à raconter leurs épreuves à la génération future.
Propos recueillis et transcrits par Mouleykatou SOULEYMANE.