Le gombo, un légume-fruit de très grande consommation au Bénin et dans la sous-région est produit dans presque toutes les localités du pays. Sa culture se fait en toute saison, en jardin de case, en plein champ ou encore sur des sites maraîchers. Malgré son importance, il est menacé par plusieurs ravageurs et maladies tels que les altises, les jassides, la cercosporiose. On en parle ici dans un entretien exclusif avec un spécialiste de la question à l’Inrab Joël Azagba.
Mouleykatou SOULEYMANE
Les ravageurs et maladies exercent une pression suffocante sur les cultures. Certains insectes ravageurs sont en plus porteurs des pathogènes nuisibles à la plante. En ce qui concerne le gombo, dès l’apparition des premiers feuilles jusqu’à la formation du légume-fruit, en passant par la floraison, la plante est sujette à diverses maladies ainsi qu’à des menaces de différents groupes et espèces de nuisibles, à chaque étape de son développement.
Les maladies
Les maladies du gombo sont causées par des microbes ou des virus, qui parfois sont transmises par des insectes piqueurs-suceurs comme les pucerons ou encore les mouches blanches. Entre autres maladies du gombo il y a la fonte de semis qui survient dès la germination de la semence. Selon Joël Azagba, Spécialiste en gestion des nuisibles au Programme cultures maraîchères de l’Institut national des recherches agricoles du Bénin (Inrab), les symptômes de cette maladie se présentent s’observent généralement une à deux semaines après le semis. « Quand la plante commence à germer, la partie du plant qui est en contact avec le sol commence à pourrir. Et parfois, on voit quelque chose comme du coton blanc autour du collet. Et le plant finit par mourir », a précisé le Spécialiste.
Il y a aussi des maladies comme la cercosporiose qui peuvent survenir sur le plant de gombo au cours de son développement. Il y en a de plusieurs formes. A savoir la cercosporiose noire qui se manifeste par des taches huileuses qui couvrent entièrement toute la feuille. « C’est un peu comme si on a versé de l’huile de vidange sur les feuilles », a-t-il indiqué. Il y a également la cercosporiose rouge qui se manifeste par des taches rouges sur les feuilles de gombo. A noter que ces deux formes de cercosporiose sont causées par des champignons. Quant aux maladies causées par des virus il y en a de plusieurs sortes, dont la mosaïque et le tic.
Les ravageurs
Selon Joël Azagba, il y a entre autres les altises, qui sont des petits insectes coléoptères qui interviennent dès l’apparition des premières feuilles du gombo et perforent ces feuilles. De plus, quand les feuilles sont encore jeunes, les pucerons qui sont des insectes piqueurs-suceurs piquent la feuille et sucent la sève dans la feuille. Ils transmettent ainsi des virus à la plante, qui entraîne des maladies qui jusqu’à ce jour n’ont pas de remède chez le gombo. Également il y a les jassides qui sont des insectes piqueurs-suceurs qu’on retrouve sur le plant de gombo, qui, dès qu’ils commencent à piquer le plant, sécrètent des substances qui désorganisent totalement le fonctionnement de la plante. On remarque que « les feuilles de gombo sont recroquevillées, et les bordures de la feuille commencent à jaunir». Parfois, les gens confondent ça à une maladie, ou soit on pense que c’est parce qu’on n’a pas bien nourri la plante ou que le sol est peu fertile. Mais ce sont les jassides qui causent cela.
À l’étape de l’apparition des fleurs de la plante de gombo, interviennent les Mylabris qui sont des coléoptères ainsi que les chenilles qui sont des larves de papillon qui attaquent et dévorent ces fleurs. Et à l’étape de formation du légume-fruit peuvent intervenir les punaises qui transpercent le fruit pour sucer le liquide contenu dans les graines. Ce qui entraîne la déformation des fruits de gombo. Les chenilles également peuvent intervenir à cette étape et attaquer les jeunes fruits de gombo.
Prévention et lutte contre les maladies et ravageurs
Il y a des moyens de prévention, de lutte biologique et des insecticides de synthèse homologués sur les cultures maraîchères au Bénin qui peuvent être utilisés contre les ravageurs et les maladies de la culture de gombo. Pour ce qui est des moyens de prévention et de lutte naturels, selon le spécialiste en gestion des nuisibles, l’huile de neem, la triture des feuilles de neem, une solution des feuilles de tabac peuvent être pulvérisées sur les feuilles du plant de gombo. Aussi, de la cendre peut être épandue sur les feuilles de gombo afin de repousser un certain nombre de nuisibles. Il y a également des produits de lutte biologique qui sont sur le marché, notamment « Top bio » qui est un insecticide à base de plantes qui peut être utilisé sur le plant de gombo.
En ce qui concerne les produits de synthèse, il en existe un bon nombre homologué sur les cultures maraîchères au Bénin, qui peuvent être utilisés sur la culture du gombo. D’après Joël Azagba, il y a notamment le « Pacha 25 Ec » qui peut être utilisé contre les pucerons et les altises, « Emaco » contre les chenilles et « Cogar » contre les maladies causées par les champignons. Les produits utilisés pour la prévention sont les mêmes à utiliser lorsque la culture est infestée. Il est recommandé de commencer le traitement préventif de sa culture de gombo une à deux semaines après les semis et de répéter le traitement une fois toutes les deux semaines.
Avec les produits naturels, le traitement peut être poursuivi jusqu’à la récolte. Tandis que, avec les produits chimiques de synthèse « au moins à une semaine avant la récolte, il faut arrêter tout traitement pour éviter que les gens qui consommant ces légumes ne soient intoxiqués ». Quant aux viroses qui sont des maladies causées par certains nuisibles n’ayant pas de produits efficaces contre ces viroses à ce jour le spécialiste recommande d’attaquer la source du problème. « Pour éviter les virus, il faut lutter contre les insectes qui transmettent cette maladie. C’est un peu comme le paludisme chez l’homme. C’est contre l’agent vecteur qu’on lutte pour éviter que l’agent vecteur transmette la maladie » préconise-t-il.
Il faut noter que, les jassides également présents au niveau d’autres cultures comme l’aubergine ou encore le cotonnier représentent un nuisible d’importance en ce qui concerne la culture du gombo. Car jusqu’à ce jour aucun des produits phytosanitaires utilisés pour lutter contre les autres nuisibles du gombo n’a d’effet sur lui. Et les insecticides utilisés au niveau du cotonnier pour lutter contre ce nuisible ne peuvent tout simplement pas être utilisés sur le gombo qui est une culture de consommation direct pour éviter les risques d’intoxication alimentaire. « Beaucoup d’activités de recherches sont en cours pour trouver des moyens de lutte très efficaces contre les jassides et des moyens respectueux de l’environnement et de la santé des consommateurs », a laissé entendre Joël Azagba.