Au Bénin, la pastèque est un fruit prisé pour sa fraîcheur, mais elle fait face à une concurrence accrue des fruits importés du Burkina Faso, perçus comme plus juteux et savoureux. Derrière cette bataille commerciale se cachent des enjeux liés à la qualité de la production locale et aux préférences des consommateurs. Cependant, la pastèque, qu’elle soit locale ou importée, reste un véritable trésor de bienfaits pour la santé, grâce à sa richesse en eau, anti-oxydants et nutriments essentiels.
Ulrich DADO TOSSOU
La consommation de pastèques connaît une croissance rapide au Bénin, mais les fruits locaux peinent à s’imposer face à la concurrence des pastèques importées du Burkina Faso. Appréciées pour leur saveur, leur jutosité et leur couleur éclatante, les pastèques burkinabè dominent les étals et captent l’attention des consommateurs, au grand dam des producteurs locaux.
Pour Ramane, amateur de ce fruit rafraîchissant, « les pastèques du Burkina Faso contiennent plus de jus et sont bien rouges ». Ce constat est partagé par Assana, une revendeuse du marché, qui explique : « Les pastèques burkinabè sont plus grosses, plus rouges et plus juteuses. Celles du Bénin, malheureusement, pourrissent rapidement parce que certains producteurs utilisent trop d’engrais. » En dépit de leur proximité, les fruits locaux ne parviennent pas toujours à rivaliser en qualité et en durabilité.
Au-delà de la qualité perçue, les prix sur le marché varient. Assana précise que « le chargement de tricycle coûte actuellement environ 70 000 Fcfa pour le transport, mais en période de forte demande, comme pendant le Carême, ce prix peut atteindre 120 000 à 130 000 Fcfa ». Cette hausse variations des prix pèse lourdement sur les marges des producteurs et revendeurs locaux, accentuant leur désavantage face à la concurrence burkinabè.
Cependant, le Bénin dispose de variétés de pastèques performantes, comme les Logone, Koloss et Gray-belle, qui peuvent atteindre des rendements de 20 à 24 tonnes par hectare, selon la fiche technique sur la production de la pastèque publié en novembre 2020 à la Faculté des Sciences Agronomiques de l’Université d’Abomey-Calavi. Pour Nassirine Tamou, productrice locale, « tout dépend du choix des semences et des bonnes pratiques agricoles. Plusieurs variétés poussent très bien au Bénin, mais les producteurs doivent miser sur la qualité et la durabilité».
Un fruit aux multiples bienfaits
Au-delà de la rivalité commerciale, la pastèque reste un fruit riche en bienfaits pour la santé. Ahouanye Marie Ruth, nutritionniste, souligne que ce fruit, Composée à 90 % d’eau, la pastèque est un excellent allié pour l’hydratation, tout en étant faible en calories (38,9 kcal pour 100 grammes). Riche en fibres, en sucres naturels comme le fructose et le saccharose, la pastèque regorge également d’anti-oxydants tels que la vitamine A, la vitamine C et la lycopène. Ce dernier, responsable de la couleur rouge du fruit, joue un rôle essentiel dans la prévention de maladies comme le cancer de la prostate et le vieillissement cellulaire en neutralisant les radicaux libres. Elle contient également de la citrulline, un acide aminé qui améliore la circulation sanguine en augmentant la dilatation des vaisseaux sanguins. Ce composant est particulièrement bénéfique pour les sportifs, car il aide à réduire les courbatures.
La pastèque est une source précieuse de potassium, ce qui favorise l’élimination des toxines et réduit la rétention d’eau, notamment chez les personnes souffrant de cellulite. Elle renforce aussi le système immunitaire grâce à ses propriétés anti-oxydantes. Pour les femmes ménopausées, la consommation de ce fruit et de ses graines peut offrir un soutien nutritionnel important grâce à leur richesse en magnésium, protéines, vitamines B et graisses végétales. Alors que beaucoup enlèvent les pépins avant de consommer la pastèque, ces graines sont pourtant un véritable trésor nutritionnel. Elles peuvent être consommées crues ou grillées, offrant des bienfaits similaires à des apéritifs sains et énergétiques. Le magnésium contenu dans les graines aide à combattre la fatigue, tandis que leur teneur en protéines et en graisses végétales complète parfaitement une alimentation équilibrée.
Pour bien choisir sa pastèque, Marie Ruth Ahouanye, recommande de vérifier deux critères essentiels : le poids (plus une pastèque est lourde, plus elle est juteuse et savoureuse) et la tige du pédoncule (une tige sèche est un signe que le fruit est arrivé à maturité). Bien que la pastèque regorge de bienfaits, il est conseillé d’en consommer entre 300 et 450 grammes par jour. Ce dosage garantit une absorption optimale de ses nutriments sans excès. Pour une expérience différente, il est possible de mixer la pastèque avec du concombre, un mélange à la fois savoureux et hydratant.
Pour que les pastèques béninoises gagnent en compétitivité, il est essentiel de valoriser les pratiques agricoles durables, d’améliorer la qualité des semences et de réduire les pertes post-récolte. Avec un effort conjoint des producteurs, des chercheurs et des décideurs, le Bénin peut exploiter pleinement le potentiel de ce fruit et répondre à la demande croissante des consommateurs.
En attendant, qu’elle soit locale ou importée, la pastèque demeure un allié précieux pour la santé et un symbole de fraîcheur sur les marchés béninois.