Le Mali, traditionnellement leader de la production de coton dans la zone Cfa, fait face à une chute significative de ses rendements pour la campagne 2024/2025. Avec une prévision de production de seulement 569 300 tonnes, soit une baisse de 17 % par rapport à l’année précédente, le pays pourrait perdre sa place de premier producteur de coton au profit du Bénin, qui anticipe une récolte de 669 000 tonnes. Cette situation met en lumière les défis climatiques et structurels croissants auxquels sont confrontés les producteurs de coton en Afrique de l’Ouest, et soulève des questions sur la résilience des politiques agricoles face aux impacts du changement climatique.
Ulrich DADO TOSSOU
Le Mali, leader historique de la production cotonnière en Afrique de l’Ouest, voit son trône menacé par le Bénin, dont la production pourrait dépasser la sienne dès la campagne 2024/2025. Selon les premières estimations publiées le 19 novembre par le Programme régional de production intégré du coton en Afrique (Pr-pica), la production de coton au Mali devrait chuter de 17 %, passant de 690 000 tonnes à 569 300 tonnes, tandis que le Bénin prévoit une récolte de 669 000 tonnes, relaie Maliactu. Cette évolution marque un tournant majeur dans la dynamique cotonnière de la région et soulève des questions sur l’avenir du secteur pour les deux pays.
Plusieurs facteurs expliquent la contre-performance de la production cotonnière au Mali, dont les conditions climatiques défavorables. En octobre dernier, des inondations localisées ont frappé plusieurs zones agricoles, entraînant des pertes de parcelles et des pourritures de capsules de coton, impactant directement les rendements. De plus, la superficie des terres cultivées a diminué de 11 % par rapport à la campagne précédente, passant à 623 042 hectares, selon les données officielles.
Les inondations généralisées ont également joué un rôle crucial dans cette baisse de production. D’après la Fao, plus de 875 000 hectares de terres agricoles ont été submergés jusqu’à fin septembre, affectant négativement plusieurs cultures, dont le coton. Ces aléas climatiques ont mis à mal les efforts du Mali pour maintenir sa place de leader dans la production cotonnière, un secteur vital pour l’économie nationale.
En revanche, le Bénin semble avoir mieux résisté aux aléas climatiques et aux défis structurels. Avec une prévision de récolte de 669 000 tonnes, le pays pourrait récupérer son statut de premier producteur de coton dans la zone Cfa. Le coton reste un pilier central de l’économie béninoise, représentant une source de revenus essentielle pour des milliers de producteurs et jouant un rôle clé dans les exportations.
Le Bénin a su, au fil des années, diversifier ses techniques agricoles et investir dans des politiques de gestion durable des ressources. Des programmes de soutien aux producteurs, l’amélioration des infrastructures agricoles et une meilleure gestion des conditions climatiques ont contribué à renforcer la résilience du pays face aux changements climatiques. Cela pourrait lui permettre non seulement de surpasser le Mali, mais aussi d’établir une position plus solide sur le marché régional et international.
La situation actuelle illustre les défis croissants auxquels font face les pays producteurs de coton en Afrique de l’Ouest. Entre la réduction des surfaces cultivées, la dégradation des sols et les impacts du changement climatique, la production cotonnière est de plus en plus vulnérable. Les inondations, la répartition irrégulière des pluies et la hausse des températures affectent la productivité et mettent en péril les rendements, particulièrement dans les pays à forte production comme le Mali et le Bénin.
Face à ces enjeux, il devient impératif que les pays de la région renforcent leurs politiques agricoles pour soutenir une production durable et résiliente. Pour le Mali, cela pourrait signifier un retour à des pratiques agricoles plus adaptées aux nouvelles réalités climatiques, avec une gestion améliorée des risques et une augmentation des investissements dans la recherche agronomique et la modernisation des infrastructures. Pour le Bénin, la consolidation de ses acquis sera essentielle pour maintenir sa position dominante et garantir la compétitivité de son secteur cotonnier.
À long terme, la capacité des deux pays à faire face aux aléas climatiques et à optimiser l’utilisation de leurs ressources agricoles sera cruciale pour déterminer qui conservera, ou gagnera, le leadership dans la production de coton en Afrique de l’Ouest. Dans tous les cas, cette concurrence entre le Mali et le Bénin montre l’importance de développer des politiques agricoles résilientes pour préserver et accroître les rendements dans un contexte marqué par des changements climatiques de plus en plus sévères.