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MARCHÉ DE JUS DE FRUITS ET COCKTAILS AU BÉNIN :Avec El Gusto, Faouziyatou fait découvrir un autre goût local

À 23 ans, Faouziyatou Bani Gani, promotrice de l’entreprise agroalimentaire El Gusto, se distingue par son parcours impressionnant dans un secteur en constante évolution. Originaire de Banikoara, dans le nord du Bénin, elle a su transformer sa passion pour la nutrition et la technologie alimentaire en un projet entrepreneurial innovant. El Gusto, spécialisé dans la production de jus de fruits et le service de bar à cocktails, incarne l’aboutissement de plusieurs années de travail et de sacrifices. Voici le récit de son parcours, de ses débuts modestes à la gestion de son entreprise actuelle. Mouleykatou SOULEYMANE Après l’obtention de son Brevet d’étude premier cycle (Bepc), Faouziyatou Bani continue des études en nutrition et technologie alimentaire, au lycée agricole de Barienou à Djougou où elle obtient son Diplôme d’Études en Agriculture tropicale (Deat) en 2019. Avant de poursuivre à la Faculté d’agronomie de l’Université de Parakou (Up) où elle obtient sa licence en technologie alimentaires en 2022. Ces formations solides ont constitué la base de son expertise dans l’agroalimentaire, une spécialité qu’elle a su valoriser dans son projet entrepreneurial. Ses premiers pas dans le monde du travail la mènent à l’Association Bénin Soja (Abs), où elle était chargée de collecter des informations sur les coopératives villageoises de femmes transformatrices de soja. Bien que cette expérience lui ait permis de découvrir les réalités du terrain, elle ne répondait pas aux aspirations profondes de la jeune femme. « Je me suis rendu compte que ce n’était pas ce que je voulais, » confie-t-elle. L’expérience de six mois chez Abs devient donc un déclencheur, une prise de conscience qui la pousse à se réorienter vers l’entrepreneuriat. Naissance d’El Gusto C’est ainsi qu’en 2021, avec un modeste budget de 50 000 Fcfa, Faouziyatou Bani cré son entreprise El Gusto qui signifie la saveur, le goût en Latin. Son idée ? Créer des jus de fruits frais, faits maison, sans additifs ni colorants. Elle commence modestement avec un cocktail d’ananas gingembre qu’elle avait créé pour son propre plaisir. Ce mélange, qu’elle consommait elle-même, rencontre un grand succès auprès de son entourage qui l’encourage à en produire en grande quantité pour la commercialisation. Les premiers pas sont timides, mais El Gusto trouve son public. Ingénieuse la jeune entrepreneure se procure des machines à crédit, auprès d’un de ses anciens professeurs pour augmenter sa production. Crédit qu’elle rembourseras peu à peu. Son activité prend de l’ampleur, toutefois, Faouziyatou Bani se rend vite compte que le marché des jus de fruits est saturé, ce qui la pousse à réfléchir à une manière de se démarquer. L’innovation : le bar à cocktails pour événements Face à la concurrence, elle décide de se réinventer en proposant un concept innovant : le service de bar à cocktails, un concept bien implanté dans le sud du Bénin mais encore inédit dans le nord. Ce service consiste à offrir des jus naturels et des cocktails personnalisés, extraits instantanément devant le client. El Gusto se distingue ainsi en apportant une valeur ajoutée, un cachet spécial à des événements comme les mariages, baptêmes ou anniversaires, en proposant des boissons fraîches, naturelles et sur mesure, à base de fruits comme la goyave, la pastèque, l’ananas. Ce service, bien que nécessitant un investissement en matériel, permet de contourner les lourdes démarches administratives et financières liées à l’autorisation de mise sur le marché des produits alimentaires, auxquelles sont confrontés les entrepreneurs du secteur. Les clients peuvent ainsi déguster des jus et cocktails préparés à la demande, en toute fraîcheur, ce qui confère à chaque événement une touche particulière. Les défis de l’entrepreneuriat Malgré les succès, l’entrepreneuriat n’est pas un long fleuve tranquille. La jeune maman entrepreneure de 23 ans se heurte à plusieurs défis, principalement liés au financement et à l’équilibre entre sa vie professionnelle et familiale. « Le financement reste un grand défi. L’accès au marché est également compliqué, surtout pour les femmes entrepreneures », explique-t-elle. Bien que l’activité de El Gusto commence à décoller, l’entrepreneure n’en vit pas encore pleinement. La conciliation de la vie familiale avec l’activité entrepreneuriale est également une source de stress. « C’est vraiment compliqué, surtout quand tu es mère de famille », confie-t-elle, soulignant les difficultés de jongler entre les responsabilités domestiques et professionnelles. Malgré ces obstacles, Faouziyatou Bani reste optimiste et déterminée. « La persévérance, la curiosité et l’ambition sont trois valeurs qui me définissent », affirme-t-elle. Sa vision claire et son ambition la poussent à aller de l’avant, même dans les moments difficiles. « Je ne lâche pas. Quand ça ne marche pas ici, je fais tout pour contourner et trouver une solution. La vie appartient à ceux qui n’abandonnent pas », ajoute-t-elle. Fort de son expérience la jeune entrepreneure conseil les jeunes et les femmes désireux de développer leur propre entreprise de prendre le temps de se constituer un fond de roulement, même si cela implique d’avoir pendant un certain temps ou à temps partiel un emploi salariale. Parce que l’entrepreneuriat ça demande du financement, de l’investissement en temps et en argent. « Ça demande beaucoup de sacrifices, du temps, du courage aussi. Et n’ayez pas honte de pleurer parce que quand on est entrepreneur, tout au début on pleure beaucoup. Parce que tu peux investir, ça ne va pas donner », confie-t-elle. Aujourd’hui, El Gusto avec son concept innovant se développe peu à peu, grâce à l’engagement de sa fondatrice et au bouche-à-oreille. Avec une présence marquée sur les réseaux sociaux, notamment Facebook et Instagram, l’entreprise bénéficie d’une visibilité croissante. L’avenir semble prometteur pour cette jeune entrepreneure, qui espère pouvoir vivre entièrement de son activité dans un avenir proche. Si l’entrepreneuriat peut être semé d’embûches, l’histoire de Faouziyatou Bani prouve que, avec de la persévérance et une vision claire, tout est possible. En attendant, El Gusto continue d’embellir les événements des populations de la cité des Kobourou, tout en étant un exemple de réussite pour de nombreux jeunes entrepreneurs du pays.

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COP16 SUR LA DESERTIFICATION A RIYAD: Le Rwanda se distingue avec une innovation coopérative caféière durable

La 16e édition de la Conférence des Parties (Cop16) sur la désertification a débuté le 2 décembre 2024 à Riyad, en Arabie Saoudite avec pour objectif principal de protéger les sols de la planète. Pendant deux semaines, gouvernements, scientifiques et acteurs de la société civile se réuniront pour négocier des solutions à la dégradation des sols, un problème de plus en plus aigu en raison du changement climatique. Parmi les initiatives notables, celle du Rwanda se distingue. Mouleykatou SOULEYMANE Dans les collines du nord du pays, la coopérative caféière Dukunde Kawa illustre parfaitement comment une approche innovante peut lutter contre l’érosion des sols tout en garantissant la durabilité des terres agricoles. En effet, dans cette zone, l’érosion des sols représente une menace sérieuse, augmentant les risques de glissements de terrain et affectant la productivité des terres agricoles. Pour lutter contre l’érosion, la coopérative Dukunde Kawa a mis en place un modèle agricole diversifié, combinant cultures et préservation de la biodiversité locale. Les caféiers sont associés à des bananiers et à d’autres cultures végétales comme le chou. Ces plantes jouent un rôle crucial pour maintenir l’humidité du sol et limiter le ruissellement des eaux, surtout pendant la saison des pluies. D’après Ernest Nshimyimana, Directeur de la coopérative caféière, « Les racines des arbres et des plantes de couverture, comme les bananiers, réduisent l’érosion en stabilisant le sol. C’est une approche naturelle pour maintenir la fertilité des terres ». En outre, l’ajout de fumier autour des racines des caféiers permet d’améliorer la qualité du sol, contrairement aux engrais chimiques. Le fumier enrichit naturellement la terre en nutriments essentiels et améliore sa structure, transformant ainsi des sols sableux ou argileux en sols fertiles et durables. Grâce à ces techniques de gestion durable des sols, plus de 1 000 agriculteurs membres de la coopérative ont été formés à des méthodes agricoles respectueuses de l’environnement. L’objectif est double : améliorer la production de café, une des principales sources d’exportation du pays, tout en préservant la fertilité des sols pour les générations futures. L’initiative de Dukunde Kawa incarne une réponse locale aux enjeux mondiaux de la désertification et de la dégradation des sols, mettant en lumière des solutions concrètes pour un avenir plus durable. Source: vivAfrik.com

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APICULTURE BENINOISE: Une filière prometteuse face à de nombreux défis

L’apiculture au Bénin, un secteur en pleine expansion, fait vivre des milliers de personnes à travers le pays. Cependant, cette filière, qui joue un rôle crucial pour l’environnement et l’économie locale, reste confrontée à de nombreux défis, notamment le vol des ruches, le manque de formation et l’insuffisance d’équipements adaptés. La création récente de la fédération nationale des organisations professionnelles des apiculteurs du Bénin (Fenopa) ouvre une nouvelle ère pour une meilleure structuration et valorisation de cette activité. Ulrich DADO TOSSOU Les abeilles, gardiennes de la biodiversité, sont aujourd’hui au cœur d’une filière apicole béninoise pleine de promesses, mais en proie à de nombreux défis. L’apiculture, un pilier méconnu de la production animale, mobilise un grand nombre de Béninois. Le Recensement national de l’agriculture réalisé en octobre 2021 révèle que cette activité compte 5 565 apiculteurs, dont 172 femmes, et est pratiquée par 4 803 ménages, principalement dans les départements de l’intérieur du pays. L’Atacora domine cette filière, rassemblant 47,24 % des apiculteurs et disposant de 11 707 ruches sur les 25 536 que compte le pays. En moyenne, chaque apiculteur possède cinq ruches, une indication de la nature artisanale de cette activité. Bien qu’elle constitue une source de revenus et d’emplois, la filière reste confrontée à des défis structurels et organisationnels qui freinent son développement. La filière apicole béninoise fait face à de nombreux obstacles. Selon Soumanou Raimi, secrétaire général de la Fédération des apiculteurs du Bénin, les problèmes récurrents incluent le vol et le vandalisme des ruches, a révélé le Matinal. Des malfaiteurs détruisent les ruches à l’aide d’insecticides pour récolter du miel de manière illicite. Cette pratique met en danger la santé des consommateurs, car des résidus toxiques peuvent contaminer le miel. Elle nuit également à l’environnement en éliminant des colonies entières d’abeilles, indispensables pour la pollinisation. Le manque de formation des apiculteurs constitue également une difficulté majeure. Sans compétences techniques, il est difficile de maximiser la production et de transformer efficacement les produits. En parallèle, l’insuffisance d’équipements adaptés entrave la compétitivité des producteurs. Les outils disponibles, souvent fabriqués localement, ne répondent pas toujours aux normes nécessaires pour garantir une production de qualité. D’après la même source, Soumanou Raimi plaide pour des mesures urgentes, notamment l’interdiction de la vente de miel non contrôlé aux abords des routes et la sécurisation des ruches par des technologies modernes. Pour répondre à ces défis, les acteurs de la filière ont décidé de s’unir. Le 15 novembre 2024, lors d’une assemblée générale constitutive à Dassa-Zoumè, la Fenopa Bénin a été officiellement créée. Cette fédération, présidée par Adouba Daouda, élu à la tête d’un bureau de 21 membres pour un mandat de quatre ans, a pour ambition de structurer et de dynamiser la filière. Dans son plan d’action, le président a insisté sur la promotion d’un miel de qualité répondant aux normes nationales et internationales, la mobilisation de tous les apiculteurs pour renforcer la représentation du secteur, ainsi que la formation des apiculteurs et la modernisation des équipements. Adouba Daouda a également appelé les apiculteurs à rejoindre cette organisation pour œuvrer ensemble à la professionnalisation de la filière. La création de la Fenopa marque un tournant décisif pour l’apiculture au Bénin. Avec une meilleure organisation, une formation accrue et des politiques publiques adaptées, cette filière pourrait devenir un moteur clé pour l’économie locale tout en jouant un rôle essentiel dans la protection de la biodiversité. L’apiculture, bien plus qu’une activité économique, est une réponse aux enjeux environnementaux actuels. Comme le disait Albert Einstein, « si les abeilles venaient à disparaître, l’humanité n’aurait plus que quatre ans à vivre». Un avertissement qui, au Bénin, résonne désormais comme un appel à l’action.

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COP 29/FACE AUX ENJEUX CLIMATIQUE: Le Fida appelle à un soutien renforcé aux petits producteurs agricoles

Dans un communiqué publié le 7 novembre 2024, le Fonds International de Développement Agricole (Fida) a lancé un appel pressant à une action collective accrue et à un financement adapté pour aider les petits producteurs agricoles à faire face aux effets du changement climatique. Cet appel intervient dans le cadre de la Coo 29, qui se tient depuis le 11 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan. Mouleykatou SOULEYMANE Le Fond internationale pour le développement agricole (Fida) souligne que les petites exploitations agricoles, qui représentent plus de 500 millions d’unités dans le monde, sont cruciales pour la sécurité alimentaire de nombreuses régions. Environ trois milliards de personnes dépendent directement de l’agriculture de subsistance pour leur alimentation et leurs moyens de subsistance. Ces petits producteurs génèrent près de 35% de la production alimentaire mondiale, un chiffre qui grimpe à 70% en Afrique. Toutefois, ils sont confrontés à de multiples défis qui affectent leur rendement. Les impacts des changements climatiques sur les petits producteurs Les petits exploitants agricoles souffrent particulièrement des effets du changement climatique. Ces perturbations affectent directement les cycles de culture et, par conséquent, les rendements agricoles. Par exemple, cet été, une sécheresse en Afrique australe a gravement impacté les récoltes de maïs, tandis qu’en Afrique de l’Ouest, des pluies irrégulières ont réduit de moitié la production de cacao au Ghana. Le Fida avertit que ces événements pourraient précipiter jusqu’à 132 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté.  Difficultés économiques et sociales  Selon les informations rapportées par le média Agratime, outre les défis climatiques, les petits producteurs sont également confrontés à une crise économique. L’augmentation des coûts des produits alimentaires pèse lourdement sur leurs revenus déjà fragiles. Selon Alvaro Lario, président du Fida, « Les petits producteurs vivent souvent dans la pauvreté et n’ont guère le choix. Ils doivent s’adapter ou sont destinés à mourir de faim […] La hausse des prix des denrées alimentaires, la faim et la pauvreté ont entraîné des migrations forcées et des conflits », rapporté par le même média. La hausse des prix des denrées alimentaires et la faim croissante ont provoqué des migrations forcées et des conflits. L’Onu rapporte qu’environ 735 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde, et la situation pourrait s’aggraver dans les années à venir.  Le besoin urgent de financement pour l’adaptation Pour faire face à cette situation, il est crucial d’investir dans des solutions d’adaptation aux effets du changement climatique. Pourtant, le financement actuel alloué à ces initiatives reste insuffisant. En 2019-2020, le financement climatique consacré à l’adaptation des petits producteurs n’a représenté que 0,8% des financements mondiaux, soit seulement 5,53 milliards d’Usd. Le Fida met en garde que, si des mesures ne sont pas prises, les rendements agricoles pourraient chuter de 25% d’ici la fin du siècle. Un appel à l’action pour une adaptation durable Lors de la Cop 29, le Fida appellera à un financement ambitieux pour soutenir l’adaptation des petits producteurs. Alvaro Lario insiste sur le fait que « l’adaptation est une question de sécurité alimentaire mondiale, mais aussi de stabilité géopolitique », rapporté par Agratime. L’organisation exhorte les participants à inclure les petits producteurs comme priorité dans les financements climatiques mondiaux. Parmi les solutions proposées par le Fida figurent l’adoption de l’irrigation adaptée au climat, le développement de techniques de collecte d’eau, la culture de variétés résistantes à la sécheresse, l’agroforesterie, l’agroécologie et l’amélioration de la gestion des sols. Ces initiatives visent à garantir que les petits producteurs puissent continuer à nourrir la planète, malgré les effets du réchauffement climatique.

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INÉGALITÉS GENRES EN AGRICULTURE: Les femmes ne représentent que 27,9% des employés agricoles au Bénin

L’agriculture béninoise, pilier fondamental de l’économie du pays, fait face à des disparités entre les sexes qui freinent l’efficacité et la durabilité du secteur. En 2023, bien que les femmes représentent près de la moitié de la population agricole, elles restent largement sous-représentées dans les emplois formels et dans les cultures à plus forte valeur ajoutée. Si leur rôle est indéniable dans certaines cultures comme les légumes et les légumineuses, l’accès limité aux ressources et aux opportunités économiques restreint leur potentiel. Ces inégalités ont des conséquences profondes sur l’autonomisation des femmes et le développement agricole du Bénin. Ulrich DADO TOSSOU Dans un secteur où les femmes jouent un rôle crucial, les inégalités de genre en agriculture continuent de limiter leur potentiel et freinent le développement d’un secteur pourtant vital pour l’économie béninoise. L’agriculture est l’un des piliers les plus importants de l’économie du Bénin, représentant une part significative du produit intérieur brut (Pib) et une source majeure de revenus pour la population. Toutefois, les données de la Direction de la statistique agricole (Dsa) de Avril 2023 révèlent des disparités de genre profondes qui continuent de marquer ce secteur. Bien que les femmes représentent près de 47,9% de la population agricole, leur accès aux opportunités dans les exploitations agricoles reste limité. Leur participation dans les emplois salariés agricoles, dans les cultures à plus forte valeur ajoutée, ainsi que leur temps de travail, témoignent d’un déséquilibre préoccupant. En 2023, les statistiques indiquent que seulement 27,9% des employés agricoles sont des femmes, alors que 72,1% sont des hommes. Ce chiffre met en évidence une sous-représentation des femmes dans le travail salarié agricole, bien que celles-ci constituent une part importante de la population agricole. Ce déséquilibre pourrait être lié à des obstacles culturels et socio-économiques qui limitent leur accès aux emplois formels dans le secteur, malgré leur présence massive dans les travaux agricoles non rémunérés ou informels. Une autre disparité entre les sexes se manifeste dans le temps de travail consacré à l’agriculture. Les hommes travaillent en moyenne 7,8 mois à temps plein dans les exploitations agricoles, tandis que les femmes n’en consacrent que 6,7 mois. Si la différence semble faible en apparence, elle est significative sur le long terme. De plus, bien que les hommes et les femmes consacrent à peu près le même nombre de mois au travail à temps partiel, respectivement 2,2 mois pour les hommes et 2,1 mois pour les femmes, cette différence en temps plein souligne un écart dans l’engagement professionnel des femmes. Ce déséquilibre est souvent lié à des responsabilités domestiques et familiales qui pèsent davantage sur les femmes, réduisant leur capacité à s’investir pleinement dans des activités agricoles rémunérées. Malgré ces disparités, les femmes ont une présence plus marquée dans certaines catégories de cultures agricoles, particulièrement les légumes principaux et les légumineuses à graines. Dans la même année, environ 30% des producteurs de ces cultures étaient des femmes, ce qui reflète une implication significative dans ces secteurs. Cependant, cette participation reste bien inférieure dans d’autres domaines, notamment les céréales. Par exemple, bien que près de 30% des producteurs de riz et de maïs soient des femmes, elles sont pratiquement absentes dans la culture du sorgho, où moins de 10% des producteurs sont des femmes. La situation est encore plus marquée dans certaines cultures industrielles à forte valeur ajoutée, comme le palmier à huile et l’ananas, où la présence des femmes est particulièrement faible. Ces cultures, nécessitant souvent un capital plus important, sont dominées par les hommes. De plus, la culture de l’igname, une production alimentaire fondamentale au Bénin, est presque exclusivement assurée par des hommes, avec seulement 4,9% des producteurs étant des femmes. Un autre défi majeur pour les femmes dans l’agriculture béninoise réside dans l’utilisation de la mécanisation agricole. Bien que les chefs d’exploitation pratiquant la production végétale aient recours à différentes méthodes, telles que l’utilisation d’engrais, de semences ou de produits phytosanitaires, les femmes restent largement exclues de l’utilisation des équipements agricoles modernes, en particulier pour la mécanisation des travaux du sol. En 2023, parmi les exploitants utilisant des engrais minéraux, 12,6% étaient des femmes, tandis que 14,1% utilisaient des engrais organiques. Toutefois, pour des pratiques telles que l’utilisation de semences améliorées, l’application de produits phytosanitaires ou la mécanisation des travaux du sol, la présence des femmes chute drastiquement à moins de 10%. Ce faible taux d’adoption de la mécanisation par les femmes pourrait limiter leur capacité à accroître leur productivité et à faire face aux défis liés au changement climatique et à la compétitivité du marché. Les raisons de cette faible adoption sont multiples : un accès limité aux financements, une formation insuffisante, ainsi que des normes sociales et culturelles qui excluent souvent les femmes des domaines considérés comme « masculins ». Cela empêche non seulement les femmes d’améliorer leur rendement agricole, mais aussi de participer pleinement à la modernisation du secteur. Les inégalités observées dans l’agriculture béninoise ont des conséquences importantes sur l’ensemble du secteur. La sous-représentation des femmes dans les emplois agricoles rémunérés et dans les cultures à plus forte valeur ajoutée limite non seulement leur potentiel économique, mais affecte également la compétitivité du secteur. Si les femmes étaient davantage intégrées dans ces domaines, cela pourrait conduire à une augmentation de la production, une amélioration des revenus des familles agricoles, et un renforcement de la sécurité alimentaire du pays. L’autonomisation économique des femmes dans le secteur agricole est donc un levier crucial pour le développement du Bénin. En permettant aux femmes d’accéder à des ressources comme la terre, les financements, la formation et la technologie, il est possible de créer des opportunités pour qu’elles contribuent pleinement à l’agriculture, au-delà des tâches domestiques et informelles. Les données de 2023 soulignent l’urgence de réformer les politiques agricoles pour favoriser une plus grande égalité entre les sexes. Les femmes doivent être mieux soutenues dans l’accès à la terre, à la formation et au financement afin de pouvoir participer activement aux secteurs agricoles à plus forte valeur ajoutée. En assurant un environnement plus inclusif et

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INSÉCURITÉ RURALE EN PÉRIODE DE RÉCOLTES AU NORD BÉNIN: La lourde tâche que la police doit accomplir

L’insécurité rurale est devenue un fléau majeur dans plusieurs régions du pays et surtout au nord, avec des conséquences dramatiques pour les populations et leurs activités économiques. Malik SOULEMANE Dans le nord du pays, l’incident tragique du samedi 09 novembre 2024, où un fermier de 47 ans a perdu la vie dans sa ferme de Sirarou, selon le média Bénin News, est un exemple frappant de l’escalade de la violence dans ces zones agricoles. L’agression de cette victime, apparemment prise pour cible par des délinquants en quête de ressources, illustre la vulnérabilité des agriculteurs face à des bandes criminelles de plus en plus organisées. Ce drame s’inscrit dans un contexte plus large de criminalité rurale, particulièrement autour des axes routiers stratégiques comme celui reliant Péhunco à Kérou. La nuit du 09 au 10 novembre, l’intervention décisive de la police républicaine, selon une source policière, qui a éliminé trois délinquants à la sortie du village Sayakrou, montre la détermination des forces de l’ordre à lutter contre ce phénomène. Ces délinquants, opérant sur des routes souvent désertes, sont responsables de multiples attaques ciblant les transporteurs et les agriculteurs, perturbant ainsi l’économie locale. La riposte de la police, bien que saluée, soulève néanmoins des interrogations sur la persistance de ces violences et l’efficacité à long terme des mesures sécuritaires. Les interventions sont nécessaires, mais elles doivent être accompagnées d’une stratégie plus globale incluant le renforcement de la présence de l’État dans les zones rurales, une meilleure coordination avec les autorités locales et une politique préventive de développement économique pour offrir des alternatives aux jeunes vulnérables au recrutement par des groupes criminels.

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COMMERCIALISATION DES AMANDES DE KARITÉ AU NORD BÉNIN: Le prix de la bassine a grimpé jusqu’à 15 000 F à Kakara

La commercialisation des amandes de karité suscite un engouement sans précédent au nord Bénin. Le prix de la bassine vendue à 5 000 F l’année dernière a désormais grimpé à 15 000 F. Une hausse considérable due à la forte demande sur le terrain. Malik SOULEMANE De nombreux acheteurs venus de pays voisins sont à la recherche des amandes de karité au nord Bénin. Ces acheteurs étrangers, selon Mama, offrent de l’argent liquide immédiatement, ce qui rend l’offre irrésistible pour les producteurs locaux : « Plusieurs acheteurs étrangers sont sur le terrain et offrent des prix très attractifs de 15 000 F la bassine qu’ils paient cash sur place ».  Alors que l’année dernière les prix n’étaient pas si attractifs comme cette année. En effet Dèré a renseigné que « La campagne dernière la bassine était achetée à 5 000 F » Aussi, il convient de reconnaître que derrière cette flambée des prix, se cachent à la fois des opportunités et des risques pour l’économie locale. D’un côté, cette hausse représente une aubaine pour les producteurs de karité, qui peuvent ainsi améliorer leurs revenus et investir dans d’autres projets. Le marché s’ouvre à une plus grande compétitivité, créant de nouvelles sources de revenus pour les familles rurales. Cependant, cette situation comporte également des menaces. L’afflux d’acheteurs étrangers peut perturber l’équilibre du marché local, en rendant les producteurs dépendants de ces acteurs extérieurs. De plus, une trop forte demande pourrait épuiser les ressources naturelles, nuisant à la durabilité de la production de karité. Enfin, certains producteurs, tentés par la vente rapide et facile, pourraient négliger les efforts nécessaires pour transformer localement les amandes et en faire des produits à plus forte valeur ajoutée. Il est important que la communauté locale se prépare à ces changements, en équilibrant les profits à court terme avec des stratégies durables de production et de transformation. En attendant le sujet alimente des commentaires sous les arbres à palabres dans les villages.

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LANCEMENT OFFICIEL DE LA COMMERCIALISATION DU COTON GRAINE 2024-2025: Les acteurs invités à Sinendé le 14 novembre

Le Conseil des ministres, réuni ce mercredi 06 novembre 2024, a annoncé que la cérémonie officielle de lancement de la commercialisation du coton graine pour la campagne agricole 2024-2025 se tiendra le 14 novembre 2024 à Sinendé. Cet événement marquera le début de la saison de commercialisation du coton, un produit important pour l’économie agricole du pays. C’est le premier produit d’exportation du Bénin. Malik SOULEMANE

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ÉLABORATION DE PROJETS DE RÉSILIENCE CLIMATIQUE: Météo-Bénin, avec l’appui de l’Afd, consulte les communautés locales

Le 29 octobre 2024, l’Agence nationale de la Météorologie (Météo-Bénin) a tenu une consultation à Parakou, en collaboration avec l’Agence Française de Développement (Afd). L’objectif principal de cette rencontre était d’identifier les priorités des communautés locales face aux impacts croissants des changements climatiques, en vue de soumettre deux projets au Fonds d’Adaptation (Fa) et au Fonds Vert pour le Climat (Fvc), pour renforcer la résilience des populations vulnérables. Mouleykatou SOULEYMANE « Nous sommes là pour recueillir des informations qui nous permettront de bâtir des solutions bénéfiques pour nos communautés, en adaptant nos réponses aux défis locaux », à laisser entendre Alexandre Zoumènou, consultant pour le projet lors de la rencontre, rapporté par le média Agri Impact. La rencontre qui a rassemblé des représentants des communes de Boukoumbé, Kandi, N’Dali, Malanville et Parakou, ainsi que divers acteurs locaux. Selon les informations rapportées par le média Agri Impact, les discussions ont mis en évidence des préoccupations récurrentes parmi les participants, telles que les inondations, les vents violents et les sécheresses prolongées, qui ont des répercussions sur l’agriculture et mettent en péril les infrastructures locales. Un besoin urgent d’informations météorologiques actualisées a également été souligné, afin de mieux anticiper et réagir face aux aléas climatiques. Diane Laourou, responsable de mission à Météo-Bénin, a affirmé ; « Face aux phénomènes extrêmes, nous devons unir nos forces et exploiter l’expertise de chacun pour proposer des solutions adaptées », rapporté par le même média. Houndjo Emma, une participante à la rencontre, a partagé ses inquiétudes, évoquant des pertes de bétail dues à la montée des températures cette année, en insistant sur l’importance d’inclure les agriculteurs dans l’élaboration des mesures préventives. Marc Pognon, entrepreneur dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, a également souligné la nécessité d’adapter les infrastructures aux nouvelles réalités climatiques pour prévenir de futures pertes. Les participants ont proposé plusieurs solutions, notamment le renforcement de l’accès aux données météorologiques, le développement de stratégies d’adaptation spécifiques aux régions et l’amélioration de la sensibilisation aux risques climatiques. Cette démarche s’inscrit dans un objectif plus large de mobilisation des fonds climatiques et d’accompagnement des projets de résilience pour atténuer les vulnérabilités régionales. Météo-Bénin s’engage à intégrer ces contributions dans les projets destinés aux fonds climatiques, avec l’espoir de sécuriser les financements nécessaires pour soutenir la résilience des communautés.

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TENSIONS ENTRE AGRICULTEURS ET ÉLEVEURS BENIN: Un couloir de passage pour apaiser les conflits à Bembèrèkè

Le Fonds national de développement agricole (Fnda) a récemment soutenu la Mairie et l’Union communale des producteurs et éleveurs de ruminants (Ucoper) de Bembèrèkè dans le cadre d’un projet visant à résoudre les conflits persistants entre agriculteurs et éleveurs. Ceci par la réalisation d’un couloir de passage à Gamia grâce à l’appel à projets sur son guichet 1.1, Subventions aux investissements structurants. L’infrastructure a été inauguré lors d’une cérémonie le 23 octobre 2024 à Takou-Gando. Mouleykatou SOULEYMANE Les conflits entre agriculteurs et éleveurs dans la région de Bembèrèkè ont conduit de nombreux éleveurs à abandonner leur terre natale, certains allant même jusqu’au Ghana. Selon le compte rendu, « ce mouvement migratoire a des répercussions importantes sur le marché du bétail de Gamia, un lieu essentiel pour le commerce local, vital pour les éleveurs, commerçants, restauratrices et transporteurs, et qui joue un rôle crucial dans l’économie de la région », rapporté par le média Agratime. En réponse à cette situation et pour appuyer la politique de sédentarisation du Ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, le Fnda a collaboré avec la mairie et l’Union communale des producteurs et éleveurs de ruminants (Ucoper) pour la construction d’un couloir de passage de 32 kilomètres à Gamia. Ce couloir est bordé de 336 balises de deux mètres de hauteur, peints en blanc et rouge, espacées de 100 mètres, et délimite une zone de 50 mètres de large. Toujours selon le média Agratime, outre son rôle principal de passage, ce couloir comprend trois centres de vaccination, deux aires de pâturage et des retenues d’eau, contribuant ainsi au développement économique et à l’inclusion sociale de la région. En effet, l’élevage joue un rôle fondamental dans l’économie de Bembèrèkè, avec un cheptel de 17 650 bovins et 27 595 bénéficiaires dans l’arrondissement de Gamia. Le marché de Gamia, qui sert de carrefour pour les échanges de bétail, attire des usagers de diverses localités et même de pays voisins. Le couloir de passage devrait améliorer la mobilité du bétail et diminuer les conflits entre agriculteurs et éleveurs. Cet ouvrage vise à sécuriser les déplacements des animaux, notamment pendant la saison des pluies et les petites transhumances. Elle facilite l’accès aux points d’eau et aux pâturages, tout en réduisant l’empiètement des terres cultivées sur les espaces pastoraux, ce qui contribue à apaiser les tensions ayant conduit à des pertes humaines et à des dégâts matériels. Il faut noter que ce projet est le fruit d’une collaboration entre plusieurs acteurs, dont la Coopération Suisse, le Fnda, la Ddaep Borgou, l’Atda du Pôle 4, la Mairie de Bembèrèkè, l’Udoper, l’Ucoper et l’arrondissement de Gamia.

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