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Agriculture, Tebo N'gari

CONFLITS ENTRE ÉLEVEURS ET AGRICULTEURS DANS LA DONGA: Les chefferies traditionnelles, pilier de paix

La commune de Djougou a été, ce jeudi 24 octobre 2024, le théâtre d’un dialogue historique entre éleveurs et agriculteurs de la Donga et d’autres localités, sous l’égide de l’Association nationale des organisations professionnelles d’éleveurs de ruminants du Bénin (Anoper). Organisé à Partago, ce rassemblement a vu l’implication personnelle du chef traditionnel local, qui, par son influence, a mobilisé plus de cinquante autres chefs traditionnels issus des départements de la Donga et de l’Atacora voire du Borgou. Cette initiative souligne le rôle primordial des chefferies traditionnelles dans la gestion pacifique des conflits intercommunautaires, particulièrement entre éleveurs peulhs et agriculteurs. Malik SOULEMANE Le dialogue a rassemblé divers acteurs clés, parmi lesquels le Chef traditionnel des Peulhs du Bénin, Bani Sabi Djobo, le président de l’Anoper, El-Hadj Aboubacar Tidjani, ainsi que les présidents des jeunes et des agriculteurs de la Donga. Tous se sont unis pour aplanir les tensions liées au respect des couloirs de passage pour le bétail, en proie à des conflits de longue date. Ce climat tendu dans la Donga découle principalement de la saisie illégale de terres pastorales, obligeant les éleveurs peulhs à fuir vers les pays voisins, les manipulations orchestrées par un certain individu, ainsi que des menaces d’empoisonnement de bétail par certains agriculteurs. Au cours des discussions, l’accent a été mis sur la vulgarisation de la loi régissant les couloirs de passage pour les troupeaux et l’importance de son respect par toutes les parties. En prenant la parole, le président de l’Anoper et Chargé de mission du Chef de l’État à la transhumance et par ailleurs premier vice-président de l’association culturelle du Barutem, El-Hadj Aboubacar Tidjani, a rappelé la volonté du Chef de l’État de promouvoir la paix et la cohabitation pacifique entre éleveurs et agriculteurs. C’est dans ce cadre que le Chef de l’État lui a confié cette mission de règlement pacifique des conflits entre éleveurs et agriculteurs. Il a aussi particulièrement remercié le chef traditionnel de Partago, dont l’implication active a renforcé l’adhésion au dialogue. En effet, « L’implication des chefferies traditionnelles du Bénin et du Nigeria peut fortement contribuer à résoudre les conflits entre éleveurs et agriculteurs », a affirmé Tidjani en lançant un appel pressant à l’empereur de Nikki. Les chefferies traditionnelles, profondément respectées et enracinées dans les communautés, jouent un rôle d’intermédiaire privilégié, leur autorité facilitant l’adhésion aux décisions de paix. Face aux défis persistants, ce dialogue marque un pas vers une cohabitation pacifique et renforce l’idée que les solutions locales, portées par les leaders traditionnels, sont déterminantes pour une paix durable au Bénin. A la suite de ce dialogue, les participants ont pris l’engagement de céder les zones de pâturage et de s’impliquer activement dans la délimitation et le respect des couloirs de passage dans leurs communes respectives. Il faut signaler que ces conflits sont récurrents ces derniers temps dans le pays. Pas plus tard que ce 20 octobre 2024, Ils ont encore occasionné deux morts et des dégâts matériels importants dans la commune de Matéri.

Agriculture, Droit et politiques agricoles

INTERDICTION D’EXPORTER DES CÉRÉALES AU NIGER: Une mesure nécessaire mais controversée

Face à une situation climatique difficile et des défis croissants en matière de sécurité alimentaire, le Niger a pris, le 16 octobre 2024, la décision d’interdire l’exportation de plusieurs céréales de base pour protéger son marché intérieur. Alors que cette mesure vise à garantir l’accès des Nigériens à des denrées essentielles, elle suscite des interrogations sur ses conséquences économiques et ses effets à long terme sur les agriculteurs. Ulrich DADO TOSSOU Le Niger vient de franchir une nouvelle étape dans sa lutte pour la sécurité alimentaire en interdisant, le 16 octobre 2024, l’exportation de plusieurs céréales essentielles. Cette mesure drastique vise à stabiliser le marché intérieur et à garantir un accès suffisant aux denrées de base pour la population, alors que le pays fait face à des défis climatiques sans précédent. Face aux inondations qui ont ravagé près de 189 000 hectares de terres agricoles depuis juillet 2024, le gouvernement nigérien a dû agir pour éviter une crise alimentaire, selon le rapport ecofin du 18 octobre 2024. Le mil et le sorgho, deux des principales cultures du pays, ont été particulièrement touchés, et une diminution significative des récoltes est redoutée. Selon les données du Département américain de l’agriculture (Usda), la production annuelle moyenne du mil et du sorgho s’est élevée respectivement à 3,1 millions et 1,9 million de tonnes entre 2019 et 2023, des chiffres qui pourraient chuter cette année, révèle le même rapport. C’est dans ce contexte que le gouvernement a annoncé l’interdiction d’exportation des céréales telles que le riz paddy, le riz blanchi, le mil, le sorgho, le niébé et le maïs. Cette décision s’inscrit dans une volonté de préserver les ressources alimentaires pour la consommation locale, afin de prévenir une flambée des prix et des pénuries sur les marchés domestiques. Si le Niger a bloqué les exportations vers la plupart des pays, il a toutefois exempté deux de ses alliés stratégiques : le Burkina Faso et le Mali. Ces trois nations, membres de l’Alliance des états du sahel (Aes), partagent des liens sécuritaires et économiques forts. En pleine reconfiguration géopolitique, ces pays cherchent à renforcer leur coopération face aux multiples crises qu’ils traversent. Cependant, cette exception pourrait poser des problèmes d’exécution sur le terrain. Les frontières avec le Burkina Faso et le Mali, poreuses, pourraient faciliter la contrebande et rendre difficile le contrôle des flux de céréales vers d’autres pays, malgré les restrictions. De plus, ces exemptions interrogent sur l’équilibre que le Niger devra maintenir entre solidarité régionale et protection de son propre marché intérieur. L’une des fragilités structurelles du secteur agricole nigérien réside dans sa dépendance aux importations, notamment pour le riz. Alors que la demande annuelle en riz blanchi s’élève à plus de 500 000 tonnes, le Niger ne parvient à produire que 83 000 tonnes localement, le reste étant importé. La Stratégie nationale de développement de la riziculture (Sndr), lancée en 2022 pour remédier à ce déficit, peine encore à porter ses fruits, rendant la situation plus complexe. En bloquant les exportations, le Niger tente de contrôler la consommation intérieure, mais il devient clair que la dépendance à l’importation pour des produits essentiels comme le riz met en lumière les limites de cette stratégie. Si des efforts ne sont pas rapidement fournis pour booster la production locale, notamment par des investissements dans l’irrigation et la modernisation des techniques agricoles, la situation pourrait devenir encore plus délicate. Si cette interdiction vise à protéger les consommateurs nigériens, les agriculteurs, eux, risquent d’en faire les frais. Nombreux sont ceux qui dépendent des revenus générés par les ventes transfrontalières. Le blocage des exportations pourrait affecter leur pouvoir d’achat, en particulier si la surabondance des stocks entraîne une baisse des prix sur le marché local. Les mesures de soutien à l’agriculture doivent donc être renforcées pour compenser les pertes financières éventuelles. De plus, des inquiétudes subsistent quant à la gestion des stocks par l’Office des produits vivriers du Niger (Opvn), chargé de récupérer les cargaisons des contrevenants. Si la gestion est défaillante, cela pourrait non seulement affecter les disponibilités alimentaires, mais aussi encourager la spéculation et la hausse des prix. En interdisant l’exportation de céréales, le Niger tente de prévenir une crise alimentaire majeure, dans un contexte climatique et économique difficile. Bien que cette décision soit motivée par la volonté de garantir un accès équitable aux denrées de base, elle soulève de nombreux défis, tant pour les agriculteurs que pour la gestion du marché local. À long terme, la solution réside dans un renforcement des capacités de production locale et une meilleure gestion des ressources agricoles, afin de réduire la dépendance aux importations et stabiliser durablement le secteur.

Agriculture, Recherches et innovations agricoles

SYSTÈMES AGROALIMENTAIRES DURABLES: La Fao et le Cirad mettent en avant les technologies émergentes

Dans un rapport intitulé « Façonner un avenir agroalimentaire durable : Technologies et innovations pré-émergentes et émergentes pour un impact », l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) et le Cirad ont mené une analyse prospective sur 32 technologies et innovations pré-émergentes et émergentes prometteuses (Petias). Ce document examine comment ces solutions peuvent contribuer à surmonter les défis auxquels font face les systèmes agroalimentaires à l’échelle mondiale. Mouleykatou SOULEYMANE Au total, 20 technologies et innovations, classées en sept catégories, y compris les biotechnologies avancées et les technologies numériques, ont été analysées dans une étude prospective, pour leur contribution à la durabilité du secteur de la transformation agroalimentaire. Ce rapport explore également dix domaines d’innovation émergents, tels que l’agriculture verticale, les systèmes agroalimentaires de précision et l’agriculture circulaire. Selon les informations relayées par le média Le Rural, le rapport se concentre sur « le rôle que les technologies numériques peuvent jouer dans la mobilisation des jeunes pour la transformation des systèmes agroalimentaires par une approche multidimensionnelle ». À cette fin, des études de cas illustrent comment les jeunes ont utilisé ces technologies dans des projets de recherche et d’entrepreneuriat. En développant ces outils, les jeunes pourraient être encouragés à participer à des initiatives et à s’impliquer dans les processus décisionnels. Il montre ainsi comment diverses technologies numériques ont permis aux jeunes de s’engager activement dans la transformation des systèmes agroalimentaires. Néanmoins, l’application de ces technologies rencontre plusieurs obstacles. Le rapport note que « dans l’utilisation des technologies numériques, les résultats de la littérature et de notre enquête signalent qu’il existe des défis liés à l’accessibilité des technologies numériques par les jeunes et d’autres acteurs liés aux jeunes », rapporté par le même média. Ce problème est particulièrement prononcé dans les régions isolées ou mal desservies, aggravé par la fracture numérique, qui implique des limitations en matière d’infrastructure et un manque d’investissements dans la technologie et la formation. Bien que les outils numériques aient le potentiel d’atteindre un public plus large, leur utilisation ne garantit pas une inclusion effective dans les processus décisionnels. Les conclusions de cette étude soulignent l’importance d’approfondir les recherches et de mettre en œuvre des politiques qui favorisent l’adoption des technologies numériques pour renforcer la participation des jeunes à la transformation des systèmes agroalimentaires, tout en prenant en compte les défis identifiés. Huit recommandations pratiques ont été formulées pour améliorer l’utilisation et les avantages des technologies numériques, afin de soutenir l’engagement multidimensionnel des jeunes dans ce secteur.

Agriculture

ENVIRONNEMENT DE L’AGRICULTURE URBAINE À PARAKOU: Les bas-fonds comme oasis de production maraîchère

Les bas-fonds, véritables oasis agricoles, offrent aux maraîchers un environnement privilégié pour cultiver une diversité de produits tout au long de l’année. Cependant, ces producteurs font face à de nombreux défis, tels que les inondations et le manque de matériels, qui compromettent leurs activités. C’est dans cette optique qu’il a été exploré les atouts et les difficultés rencontrées par les exploitants de ces bas-fonds, ainsi que leur appel à un soutien de la part des autorités pour valoriser cette zone de production prometteuse. Ulrich DADO TOSSOU Les bas-fonds, ces terres riches en eau et en potentiel agricole, cachent derrière leur verdure des défis quotidiens auxquels font face les maraîchers. Ces espaces, alimentés par les précipitations, les rivières et les aquifères, permettent aux agriculteurs de cultiver une variété de produits tout au long de l’année. Guerra Monique, maraîchère dans le quartier Wansirou, témoigne de l’abondance de ces terres : « Nous cultivons des choux, de la laitue, du persil et des aubergines en saison sèche. Pendant les fortes pluies, nous semons du maïs ou parfois du riz. Quelle que soit la saison, la terre n’est jamais laissée en jachère. » Ces bas-fonds, qui bénéficient d’un approvisionnement constant en eau, permettent aux agriculteurs de maximiser leur rendement, comme l’indique Taïrou O., un autre maraîcher : « En saison sèche, j’appelle les jeunes pour creuser des retenues d’eau. Chaque producteur a sa propre réserve, et l’eau ne manque jamais pour nos planches». Cependant, les maraichers sont confrontés à de nombreux défis dans ces bas-fonds. Ils doivent lutter contre les inondations, le manque de matériels adéquats et les difficultés d’accès aux semences. Bello Mohamed, qui cultive dans la même région, souligne les problèmes liés à l’équipement : « Nous manquons de matériels de jardinage comme les arrosoirs et les pioches pour remuer la terre. Bien que nous puissions utiliser des motopompes, il nous est interdit de forer dans cette zone, car elle appartient à l’État. Cela rend notre travail plus difficile. » Les inondations représentent un défi majeur, surtout durant la saison des pluies. Comme l’explique Bello, « en saison des pluies, nous devons souvent abandonner la production maraîchère. Certains se tournent vers le maïs ou le riz, mais l’humidité est trop élevée pour d’autres cultures». Face à ces difficultés, les producteurs lancent un cri aux autorités. Ils demandent un soutien financier et matériel pour améliorer leurs conditions de travail et encourager la valorisation des bas-fonds de Parakou. L’absence d’accompagnement et de suivi les laisse dans une situation précaire, malgré le potentiel considérable des bas-fonds. Ces maraîchers, bien qu’ils aient su tirer parti des atouts naturels de leur environnement, espèrent que les dirigeants prendront des mesures pour les aider à surmonter les obstacles qui entravent leur développement. Valoriser ces espaces de production pourrait non seulement améliorer les conditions de vie des producteurs, mais aussi renforcer la sécurité alimentaire de la ville.

Agriculture, Agrobusiness

POUR UNE MEILLEURE RÉSILIENCE DES PETITS EXPLOITANTS FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE: L’assurance indicielle au Bénin en phase pilote

Face aux défis croissants du changement climatique, le conseil des ministres a approuvé, ce mercredi 23 octobre 2024, une initiative prometteuse : l’assurance agricole indicielle. Ce projet pilote, destiné à accroître la résilience des petits exploitants agricoles, est prévu pour la période 2024-2025. Il vise à protéger les producteurs de bétail, de riz et de coton contre les aléas climatiques, à travers une couverture multirisque. La phase pilote devrait impacter 100 000 petits producteurs dans tous les départements du pays et s’étendra jusqu’à la campagne agricole 2025-2026. Malik SOULEMANE L’agriculture béninoise est particulièrement vulnérable aux inondations et sécheresses, deux phénomènes climatiques qui augmentent en fréquence. Ces risques, en plus de compromettre les récoltes, empêchent les agriculteurs d’accéder aux crédits nécessaires pour investir dans leurs exploitations. Selon le conseil, l’expérience passée de l’Assurance mutuelle agricole du Bénin (Amab) avait montré des limites. Elle ne couvrait pas suffisamment les risques climatiques, et son modèle classique n’avait pas réussi à séduire les acteurs agricoles. Cette fois, l’assurance indicielle promet un modèle plus innovant. Elle repose sur une approche basée sur le rendement agricole, contrairement à l’ancienne méthode centrée sur la pluviométrie. En cas de sinistre, un remboursement automatique est prévu pour tous les producteurs affectés, réduisant ainsi les délais d’indemnisation. L’étude de faisabilité réalisée en 2022 et validée en 2023 a révélé un potentiel intéressant pour l’adoption de ce type d’assurance, en tirant parti des enseignements de l’expérience Amab. Le principal avantage de cette assurance réside dans sa capacité à offrir une protection fiable et rapide aux petits exploitants. En réduisant les risques, elle pourrait permettre aux agriculteurs d’avoir plus facilement accès au crédit agricole, un obstacle majeur jusqu’à présent. Par ailleurs, la subvention prévue pour les premières années de mise en œuvre est un atout considérable. Elle permettra aux producteurs de se familiariser avec l’assurance indicielle sans en supporter pleinement les coûts. Cependant, certains défis demeurent. Le succès de ce modèle repose en grande partie sur la sensibilisation et l’adhésion des producteurs. Beaucoup pourraient être réticents face à un produit d’assurance qu’ils ne maîtrisent pas encore. De plus, l’implication des faîtières de producteurs sera essentielle pour un bon déroulement du projet. Elles auront la charge d’informer, d’échantillonner et de suivre les bénéficiaires, un rôle clé dans le succès de l’initiative. Cette assurance agricole indicielle, qui se concentre sur les filières du bétail, du riz et du coton, constitue un pas en avant vers une agriculture plus résiliente au Bénin. Si la phase pilote réussit, elle pourrait devenir un modèle à grande échelle pour la protection des petits exploitants, tout en encourageant les institutions financières à s’intéresser davantage au secteur agricole. La couverture multirisque, le soutien des faîtières et la subvention initiale sont autant de facteurs qui donneront une nouvelle dynamique à l’agriculture béninoise.

Agriculture, Environnement

PISTES DÉGRADÉES ET PRODUCTION MENACÉE AU NORD BÉNIN: Le calvaire des producteurs de Maréborou appelle à l’action

Dans le nord du Bénin, les communautés rurales font face à un défi majeur : l’état désastreux des pistes de desserte rurales, exacerbées par les récentes pluies torrentielles. Le village de Maréborou, dans la commune de N’Dali, illustre parfaitement ce problème, avec des conséquences graves pour les producteurs agricoles. En effet, la piste principale reliant les champs au village, autrefois utilisée pour l’évacuation des récoltes, est aujourd’hui impraticable. Malik SOULEMANE « Le transport des produits agricoles sur nos pistes est un véritable calvaire cette année », déplore Gado Chabi Ina, le chef du village de Maréborou. Les producteurs, confrontés à des difficultés de plus en plus intenses, peinent à acheminer leurs produits vers les marchés. Ce village, où sont cultivées d’importantes superficies de coton, de maïs, de soja et de riz, se trouve aujourd’hui pratiquement isolé. Le pont de fortune, qui servait de passage clé, a complètement cédé, rendant impossible l’accès même aux véhicules légers comme les tricycles et remorques de tracteur, habituellement utilisés pour transporter les récoltes. Pour les producteurs, les enjeux sont colossaux. « Nous avons des centaines d’hectares cultivés dans cette zone, mais sans accès routier praticable, notre production risque d’être perdue », affirme Pascal Bagoudou, Conseiller local. Si cette situation persiste, ce sont des tonnes de produits agricoles qui risquent de pourrir sur place, privant ainsi les producteurs de revenus vitaux pour leurs familles. En plus des agriculteurs, les éleveurs peulhs, également dépendants de cette piste, se retrouvent coincés avec leur bétail, aggravant encore plus la crise. Bien que la communauté ait tenté de prendre en main la situation en cotisant pour entretenir la piste, les efforts locaux sont aujourd’hui dépassés par l’ampleur des dégâts. « Le niveau de dégradation de cette piste dépasse nos maigres moyens. Nous appelons au secours », lance le conseiller local, dans un appel pressant aux autorités communales et nationales. L’inaction face à cette situation pourrait conduire à une véritable crise agricole dans cette région déjà vulnérable. Il est crucial que les autorités prennent rapidement des mesures pour réhabiliter ces infrastructures essentielles, sous peine de voir des pertes économiques considérables et une aggravation de l’insécurité alimentaire dans le nord du Bénin.

Agriculture, Droit et politiques agricoles

PARTENARIAT STRATÉGIQUE ENTRE LE GOUVERNEMENT BÉNINOIS ET AGROSOURCES: Un nouvel élan pour la filière hévéa au Bénin

Un partenariat prometteur a été scellé entre le ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche (Maep) et le groupe ivoirien AgroSources, spécialisé dans la promotion de l’hévéa. Ce nouvel accord, signé le 15 octobre 2024, vise à dynamiser la filière hévéa au Bénin en offrant aux producteurs un soutien technique et financier, tout en développant une industrie locale de transformation du caoutchouc. Un véritable tournant pour les cultivateurs béninois qui voient s’ouvrir de nouvelles opportunités de croissance et de rentabilité. Ulrich DADO TOSSOU Le Bénin s’apprête à transformer sa filière hévéa grâce à un partenariat ambitieux signé le 15 octobre 2024 entre le ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche (Maep) et le groupe ivoirien AgroSources. Cet accord, officialisé lors d’une cérémonie présidée par le ministre Gaston Cossi Dossouhoui, marque une étape clé dans le développement de cette culture stratégique, en offrant de nouvelles perspectives économiques aux producteurs locaux. L’hévéa, ou l’hévéa du Brésil, est un arbre prisé pour son latex, utilisé dans la fabrication du caoutchouc. Cette culture, qui peut produire du latex pendant au moins cinquante ans, représente une source de revenu régulier pour les agriculteurs. Le ministre Dossouhoui a déclaré que l’objectif de ce partenariat est de renforcer les capacités des producteurs pour qu’ils puissent entretenir leurs plantations sur le long terme et commercialiser le caoutchouc directement au Bénin. « Nous voulons assurer un renforcement des capacités des producteurs pour qu’ils puissent exploiter leurs plantations pendant 20 à 25 ans », a-t-il ajouté. Cette initiative s’accompagne de la volonté d’AgroSources de soutenir les producteurs en fournissant des financements pour l’achat d’équipements, ainsi qu’un appui technique pour optimiser la production. Achirou Mohamed-Adnane, Pdg d’AgroSources, a précisé que l’entreprise s’engage à accompagner les producteurs béninois à toutes les étapes de la filière, de la plantation à la transformation. « Nous ambitionnons de créer une industrie locale de transformation du caoutchouc au Bénin, avec l’objectif d’établir un label « caoutchouc béninois » reconnu sur les marchés internationaux », a-t-il déclaré. Le partenariat s’articule autour de deux protocoles d’accord : l’un entre AgroSources et le gouvernement béninois, et l’autre avec l’Association des producteurs d’hévéa du Bénin. Ce dernier, fondé en décembre 2023, devient un acteur central dans la dynamique de croissance de la filière. Moutalibi Adekambi, son président, a exprimé son enthousiasme : « L’arrivée d’AgroSources est une véritable bouffée d’oxygène pour notre secteur. Cela nous permettra d’accroître notre production et d’améliorer nos revenus. » Le gouvernement du Président Patrice Talon considère l’hévéa comme une culture stratégique et prévoit de développer une superficie dédiée de 20 000 hectares. Avec plus de 350 hectares déjà cultivés et plus de la moitié des plantations prêtes pour l’exploitation, le Bénin se prépare à devenir un acteur majeur de la production d’hévéa en Afrique. L’inrab et le Cra-pp apportent également un soutien technique en fournissant des semences certifiées et des technologies adaptées pour accompagner les producteurs dans leur transition vers des pratiques agricoles durables. Ce partenariat s’inscrit dans la continuité des efforts du gouvernement pour diversifier les filières agricoles, conformément au Programme d’action du Gouvernement 2021-2026. En alliant les efforts du gouvernement, l’expertise d’AgroSources et l’engagement des producteurs locaux, le Bénin se positionne pour devenir une référence en matière de production d’hévéa en Afrique, avec un secteur en pleine expansion.

Agriculture, Environnement

FACE AUX PLUIES DILUVIENNES: Les agriculteurs obligés de faire des récoltes sous pression au Nord du Bénin

En ce mois d’octobre, des pluies diluviennes continuent de s’abattre sur le nord du Bénin, bouleversant la vie des producteurs et mettant en péril les récoltes. En parcourant les fermes touchées, nous avons recueilli les témoignages de producteurs et d’experts agronomes qui décrivent une situation alarmante. Malik SOULEMANE Zimè Saka, producteur local, déplore la situation : « Ça joue un impact négatif dans nos champs. Nos récoltes pourrissent et d’autres qui sont bien sèches repoussent en champ. La famine frappe déjà nos portes. » Un sentiment d’inquiétude partagé par plusieurs agriculteurs qui voient leurs efforts menacés par ces pluies tardives. Pour certains, comme Roufaï et Yarou, ces pluies pourraient cependant bénéficier aux cultures à semis tardif, même si cela reste une minorité. Gounou, quant à lui, trouve ces intempéries problématiques : « Ces dernières pluies constituent un obstacle pour nous. Elles nous empêchent de récolter nos vivres déjà prêts au champ. » Au-delà des témoignages poignants, l’ingénieur agronome Samir apporte des conseils pratiques pour atténuer les pertes. « Pour limiter les pourritures des récoltes dans les champs, il faut récolter et sécher celles qui sont en contact direct avec le sol. » Sourokou, un autre producteur, illustre bien cette approche : « Tout mon maïs que j’ai semé précocement a pourri en contact avec le sol. Je suis en train de les récolter et les sécher en même temps. » Comment circonscrire les dégâts ? Face à ces aléas climatiques imprévisibles, les producteurs doivent repenser leurs stratégies de récolte en suivant quelques recommandations. Faire la récolte échelonnée : Il est conseillé de ne pas attendre que toutes les cultures arrivent à maturité avant de commencer la récolte. En échelonnant les récoltes, les producteurs pourront limiter les pertes dues aux intempéries. Sécher les récoltes rapidement : Pour éviter que les récoltes en contact direct avec le sol ne pourrissent, il est crucial de récolter et de sécher rapidement, comme l’a souligné l’ingénieur agronome Samir et pratiqué par Sourokou. Anticiper les semis : Pour les producteurs qui ont semé tardivement, les pluies actuelles peuvent être bénéfiques. Cependant, pour les prochaines saisons, une meilleure planification des semis pourrait aider à éviter les semis précoces trop vulnérables aux fluctuations climatiques. Alors que les agriculteurs du nord du Bénin sont sous la menace de pluies destructrices, des actions concertées et une adaptation rapide peuvent permettre de limiter les dégâts. La vigilance s’impose, et la clé réside dans la gestion proactive des récoltes.

Agriculture, Recherches et innovations agricoles

SOCIÉTÉ BÉNINOISE DE DÉVELOPPEMENT DES SEMENCES VÉGÉTALES ET DES PLANTS: Balbir Singh prend les rênes

Un nouveau souffle pour l’agriculture béninoise. Le Conseil des ministres du mercredi 09 octobre 2024 a annoncé la nomination de Monsieur Balbir Singh en tant que Directeur général de la Société béninoise de développement des semences végétales et des plants (Sbdsp). Cette société créée le mercredi 24 janvier 2024 en Conseil des ministres est chargée de promouvoir le développement des variétés de semences et plants, la conservation des souches des variétés adaptées aux exigences des utilisateurs ainsi qu’au changement climatique. La nomination de Singh à la tête de la Sbdsp semble s’inscrire dans la volonté du gouvernement de renforcer ce secteur clé de l’agriculture, un secteur vital pour la sécurité alimentaire et le développement économique du pays. Elle marque ainsi un tournant stratégique pour le secteur agricole béninois. Sous la direction de Singh, la Sbdsp jouera un rôle clé dans l’amélioration de la disponibilité et de la qualité des semences, un facteur essentiel pour renforcer la productivité des cultures. Cette institution aurait pour mission de promouvoir l’innovation dans la sélection végétale et la diffusion de semences certifiées, contribuant ainsi à la sécurité alimentaire et à l’augmentation des rendements agricoles. Il n’en demeure pas moins que plusieurs défis existent dans le secteur. Car dans l’agriculture béninoise et celle africaine en général, le système semencier traditionnel est de loin le plus dominant et il résisterait souvent aux innovations. Bonne chance au nouveau Dg qui va rendre opérationnelle cette société semencière du Bénin Malik SOULEMANE

Agriculture, Droit et politiques agricoles

ÉDITO: L’or blanc, levier pour l’avenir de l’Afrique

La sixième édition de la Journée mondiale du coton, célébrée sous le thème « Le coton pour le bien de tous », met en lumière un enjeu crucial pour le futur du continent africain. Cet événement, organisé à Cotonou au Sofitel Hôtel, a rassemblé des personnalités de premier plan telles que le Ministre d’État Abdoulaye Bio Tchané et la vice-présidente Mariam Chabi Talata, soulignant l’importance que les autorités béninoises accordent à cette filière stratégique. Le coton, cultivé par des millions d’agriculteurs africains, joue un rôle fondamental dans l’économie et l’identité culturelle du continent. Mais pour que cette filière atteigne son plein potentiel, l’Afrique doit impérativement moderniser ses pratiques agricoles. L’objectif est d’améliorer les rendements tout en protégeant l’environnement. Parallèlement, l’investissement dans la transformation locale du coton est indispensable. Réduire la dépendance à l’exportation brute permettrait non seulement de créer davantage de valeur ajoutée sur le continent, mais aussi de générer des emplois durables, en particulier pour les jeunes et les femmes dans les zones rurales. Sur le plan économique, le coton peut devenir un puissant moteur de développement durable, surtout à travers des initiatives telles que la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Toutefois, l’Afrique doit absolument s’attaquer aux déséquilibres du commerce international pour garantir des prix équitables à ses producteurs, souvent victimes des fluctuations du marché mondial. Culturellement, le coton est aussi le pilier de savoir-faire traditionnels uniques, tels que la fabrication de tissus comme l’indigo ou le bogolan. La valorisation de ces trésors culturels peut renforcer le « Made in Africa » sur les marchés internationaux tout en protégeant un patrimoine ancestral. Promouvoir ces créations, c’est aussi mettre en avant l’identité africaine dans un monde globalisé. Pour que le coton bénéficie véritablement à tous, il est crucial de miser sur trois axes : l’innovation, l’équité dans le commerce et la préservation des traditions locales. Ces leviers, s’ils sont bien actionnés, ouvriront la voie à une émancipation économique et culturelle durable pour l’Afrique. La participation de la Ministre du commerce du Bénin, de la Directrice de l’Organisation mondiale du commerce (Omc) et de près de 400 acteurs de la filière coton témoigne d’un engagement collectif pour des pratiques agricoles durables, essentielles à l’avenir de cette filière. En somme, l’or blanc peut devenir un pilier de la transformation du continent, à condition que l’Afrique adopte une stratégie qui conjugue innovation et justice économique. Malik SOULEMANE

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