Daabaaru Agri

Droit et politiques agricoles

Agrobusiness, Droit et politiques agricoles

TRANSFORMATION LOCALE: Kétou inaugure un projet de 4,5 milliards pour valoriser le manioc, le maïs et le riz

Le Ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de la Pêche, Gaston Dossouhoui, a lancé le 12 novembre 2024 à Kétou les travaux de construction de six unités modernes de transformation de manioc, maïs et riz. Financé à hauteur de 4,5 milliards de FCFA par le gouvernement béninois et le Fida, ce projet ambitieux vise à valoriser la production locale, à créer des emplois et à améliorer la sécurité alimentaire. Les usines, qui devraient être opérationnelles d’ici juin 2025, marquent un tournant stratégique pour l’industrialisation agricole de la région du Plateau. Ulrich DADO TOSSOU À Kétou, le 12 novembre 2024, un pas décisif a été franchi pour transformer l’agriculture béninoise, avec le lancement des travaux de six unités modernes de transformation de produits locaux, une initiative prometteuse pour le développement économique de la région. Le Ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la Pêche, Gaston Dossouhoui, a officiellement donné le coup d’envoi de ce projet ambitieux, financé par le gouvernement béninois et le Fonds International de Développement Agricole (Fida). Le coût total du projet s’élève à 4,5 milliards de Fcfa, un investissement majeur qui vise à doter la région d’infrastructures modernes capables de transformer sur place les produits agricoles phares de la région du Plateau. Les travaux, confiés à la Société Nationale de Mécanisation Agricole (Sonama), devraient être achevés d’ici fin juin 2025. Les unités de transformation de manioc, maïs et riz, prévues dans le cadre du Projet d’appui au développement agricole et à l’accès au marché (Padaam), ont pour objectif de dynamiser les chaînes de valeur des productions locales. En transformant le manioc, le maïs et le riz sur place, ces usines permettront de produire des farines de qualité, réduisant ainsi la dépendance aux importations et augmentant les revenus des agriculteurs locaux. L’usine de Kétou, l’une des plus attendues, nécessitera 1 500 tonnes de manioc par an pour produire du lafou, une farine de manioc de qualité supérieure, destinée à la fois au marché local et à l’exportation. La production de farine de maïs et de riz servira à alimenter l’industrie alimentaire locale, contribuant ainsi à une chaîne d’approvisionnement plus durable et compétitive. Lors de la cérémonie de lancement, le Ministre Gaston Dossouhoui a souligné l’importance de ce projet pour la région et pour le pays : « Nous ne nous contenterons plus d’être de simples producteurs. Nous allons transformer nos produits agricoles sur place pour en augmenter la valeur. L’usine de Kétou, en produisant du lafou de qualité et de la farine, va créer un marché local dynamique et réduire notre dépendance aux importations. C’est une véritable révolution pour Kétou, le grenier du Plateau, et une réponse aux aspirations des producteurs ». Au-delà de la transformation, ces usines généreront des emplois tant dans la production que dans la transformation, offrant ainsi de nouvelles opportunités économiques aux jeunes et aux femmes de la région. De plus, elles permettront aux producteurs locaux de bénéficier de prix plus stables et de meilleures conditions de commercialisation. Ce projet ne se limite pas à la création d’emplois et à la croissance économique. Il vise également à améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations locales. En produisant des produits transformés de qualité, ces unités contribueront à une meilleure alimentation et à une réduction de la dépendance aux importations. Avec ce projet pilote à Kétou, la région pourrait devenir un modèle pour d’autres parties du Bénin. En transformant ses produits agricoles sur place, Kétou se positionne comme un exemple de développement économique et social durable, contribuant à l’industrialisation du secteur agricole béninois. Le projet pourrait inspirer d’autres régions à suivre cette voie et ainsi renforcer la résilience des communautés agricoles à travers tout le pays. Le lancement de ces unités de transformation à Kétou marque une étape clé dans la stratégie du gouvernement béninois pour moderniser l’agriculture et soutenir l’industrialisation locale. Ce projet contribuera à un avenir plus prospère pour la région, en créant des opportunités d’emploi et en favorisant une économie plus diversifiée et autonome. En transformant ses produits agricoles sur place, Kétou offre une nouvelle vision du développement agricole, axée sur la durabilité et la valorisation des ressources locales.

Droit et politiques agricoles

COMITÉ DES PÊCHES DU CENTRE-OUEST DU GOLFE DE GUINÉE: Le Bénin participera à la 15ème Conférence à Monrovia

Le gouvernement, par décision prise lors du conseil des ministres du 13 novembre 2024, a autorisé la participation du Bénin à la 15ème Conférence des ministres du Comité des pêches du centre-ouest du golfe de Guinée qui se tiendra du 11 au 13 décembre 2024 à Monrovia, au Liberia. Cette 15ème conférence représenterait une occasion importante pour les acteurs et les scientifiques du secteur de la pêche du Bénin de s’impliquer activement dans la lutte contre la pêche illégale, la gestion durable des ressources halieutiques de la région, d’échanger sur les enjeux actuels et de saisir les opportunités de coopération en matière de recherche, de gestion et de développement des secteurs halieutiques. Les professionnels de la pêche, chercheurs, et gestionnaires des ressources maritimes pourraient renforcer les partenariats et promouvoir des initiatives qui garantiront un avenir durable pour les pêches et les écosystèmes marins. Malik SOULEMANE

Droit et politiques agricoles

FORUM SUR LA NUTRITION AU BÉNIN: Un projet de supplémentation nutritionnelle des 1000 premiers jours lancé

Le palais des congrès de Cotonou a accueilli le mardi 12 novembre 2024, le forum national sur la nutrition. Organisé par l’agence nationale pour l’alimentation et la nutrition (Anan), l’événement a été marqué par le lancement officiel du projet de supplementation nutritionnelle des 1000 premiers jours. Cette rencontre a connu la participation des ministres, des préfets et des maires des 77 communes du Bénin. Ainsi que la présence du directeur général de l’Anan, le représentant des partenaires techniques et financiers (Ptf) nutrition et des différents acteurs en charge de la nutrition au Bénin. Mouleykatou SOULEYMANE Le forum national sur la nutrition est une réalité au Bénin. L’objectif est de susciter un débat sur cette initiative et d’éveiller les consciences quant aux défis que les régions devront affronter lors de la généralisation du projet. Dans son mot de bienvenue le directeur général de l’Anan, Alain Hinkati a expliqué que ce forum marque l’aboutissement dans le domaine de l’alimentation et de la nutrition au Bénin, du projet de supplémentation nutritionnelle des 1000 premiers jours sur la période de 2024-2028. « Le défis que nous devons relever est d’investir différemment dans la petite enfance, afin de préparer une nouvelle génération de citoyens dotés de capacités mentales, physiques adéquates, et ainsi capable de contribuer de manière significative au développement économique et social de notre pays », à déclarer Alain Hinkati, rapporté par le média Le Matinal. Ousmane Niang, représentant des Ptf nutrition a salué l’organisation de ce forum, « Nous saluons le leadership du gouvernement du Bénin qui a décidé d’en finir avec la malnutrition, mettant un focus sur la fenêtre des 1000 jours afin de maximiser l’impact et créer ainsi un continuum avec le programme des cantines scolaires qui a déjà fait ses preuves », rapporté par le même média. Toujours selon le média Le Matinal, dans son discours d’ouverture le ministre d’État chargée du développement et de la coordination de l’action gouvernementale, Abdoulaye Bio Tchané a fait savoir que ce projet a été imaginé et impulsé par le Chef de l’État Patrice Talon. Le coût total de ce projet qui vise à améliorer l’état nutritionnel des enfants de 0 à 2 ans est de 155 milliards de Fcfa. Par ailleurs, ses objectifs spécifiques incluent la fourniture des suppléments alimentaires à 75 % des femmes enceintes et allaitantes, la fourniture des suppléments alimentaires à 75 % des enfants de 6 à 23 mois. Ainsi que la prise en charge de 360 000 enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition aiguë sans complication. Il faut noter que le projet sera d’abord implémenté dans 46 communes prioritaires entre 2024 et 2025, avant d’être généralisé à l’ensemble du pays de 2026 à 2028.

Agriculture, Droit et politiques agricoles

LANCEMENT OFFICIEL DE LA COMMERCIALISATION DU COTON GRAINE 2024-2025: Les acteurs invités à Sinendé le 14 novembre

Le Conseil des ministres, réuni ce mercredi 06 novembre 2024, a annoncé que la cérémonie officielle de lancement de la commercialisation du coton graine pour la campagne agricole 2024-2025 se tiendra le 14 novembre 2024 à Sinendé. Cet événement marquera le début de la saison de commercialisation du coton, un produit important pour l’économie agricole du pays. C’est le premier produit d’exportation du Bénin. Malik SOULEMANE

Droit et politiques agricoles

SIGNATURE D’UN ACCORD-CADRE DE COOPÉRATION: L’Up et l’Université Kdk pour une agriculture résiliente et durable

L’École Supérieure Privée des Sciences Agronomiques (Espsa) Kigani Dada de Kpéssou (Kdk) est entrée en partenariat avec l’Université de Parakou (Up). Ces deux universités posent ainsi un pas qui ouvre de nouvelles perspectives pour l’enseignement, la recherche et l’innovation dans le domaine agricole. L’accord-cadre qui consacre ce partenariat a été signé le vendredi 25 octobre 2024 par le recteur de l’Université de Parakou (Up) Bertrand Sogbossi Bocco et le promoteur de l’université agricole Kdk Charles Toko. Aboubakar FAÏSSAL (Stg) C’est fait. L’université Kdk a signé son tout premier accord de partenariat avec l’Up. Les deux hauts lieux du savoir joignent ainsi leurs forces pour une agriculture résiliente et durable pour garantir des formations de qualité aux étudiants. Toute chose qui va ouvrir de nouvelles perspectives pour l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation dans le domaine agricole. Cet accord témoigne l’engagement de ces deux universités, à être des modèles, leaders en sciences agronomiques. Le promoteur de l’université Kdk Charles Toko a laissé entendre, que cet accord-cadre, qu’il qualifie d’ailleurs d’historique, est le tout premier que son école signe avec l’Up, un partenaire prestigieux. « Tout long voyage commence par un premier pas ». C’est cet adage allemand que Charles Toko a emprunté pour faire part de sa fierté à poser ce premier pas. Il a, par la suite, souhaité que ce partenariat soit « le début d’une collaboration fructueuse et prometteuse qui ouvre de nouvelles perspectives pour l’enseignement, la recherche et l’innovation dans le domaine agricole ». A l’en croire, en unissant les forces, les ressources et les expertises, nul doute qu’ils seront à même de relever le défi majeur auquel le secteur agricole fait face. « Ensemble, nous écrirons une nouvelle page de l’histoire de l’agriculture en conjuguant excellence académique, innovation scientifique et engagement sociétal », a conclu Charles Toko. Pour le recteur de l’Université de Parakou Bertrand Sogbossi Bocco, l’agriculture occupe une place de choix dans l’économie béninoise. A l’entendre, toute initiative allant dans le sens du renforcement du capital humain est louable. Celle de l’université Kdk s’inscrivant dans le même sens, Bertrand Sogbossi Bocco s’est dit très fier de cette démarche qui permettra d’enrichir l’expérience académique de ces deux universités. « C’est une joie pour nous de nous mettre dans ce partenariat gagnant-gagnant pour l’économie nationale, pour la qualité de formation de nos enfants », a confié le recteur. Il trouve que cette complémentarité permettra de relever les défis. À la suite du recteur, le doyen de la Faculté d’Agronomie (Fa) Valérien Zinsou a souligné que Charles Toko a, depuis un certain nombre d’années, une vision pour impacter la formation des jeunes dans le domaine agricole. Ensuite, le Vice-recteur chargé de la recherche scientifique, Professeur Mohamed Nasser Baco a formulé une doléance à l’endroit de l’Université kdk afin que les enseignants-chercheurs de ladite université puissent avoir le statut d’enseignants permanents. Ce faisant, ils pourront selon lui, faire les différents grades du Cames. A noter que l’université kdk est une école privée basée à Parakou qui donne des formations techniques et pratiques liées à la production animale et végétale, la pêche, la pisciculture, l’aménagement rural, la foresterie et bien d’autres.

Agriculture, Droit et politiques agricoles, Tebo N'gari

TENSIONS ENTRE AGRICULTEURS ET ÉLEVEURS BENIN: Un couloir de passage pour apaiser les conflits à Bembèrèkè

Le Fonds national de développement agricole (Fnda) a récemment soutenu la Mairie et l’Union communale des producteurs et éleveurs de ruminants (Ucoper) de Bembèrèkè dans le cadre d’un projet visant à résoudre les conflits persistants entre agriculteurs et éleveurs. Ceci par la réalisation d’un couloir de passage à Gamia grâce à l’appel à projets sur son guichet 1.1, Subventions aux investissements structurants. L’infrastructure a été inauguré lors d’une cérémonie le 23 octobre 2024 à Takou-Gando. Mouleykatou SOULEYMANE Les conflits entre agriculteurs et éleveurs dans la région de Bembèrèkè ont conduit de nombreux éleveurs à abandonner leur terre natale, certains allant même jusqu’au Ghana. Selon le compte rendu, « ce mouvement migratoire a des répercussions importantes sur le marché du bétail de Gamia, un lieu essentiel pour le commerce local, vital pour les éleveurs, commerçants, restauratrices et transporteurs, et qui joue un rôle crucial dans l’économie de la région », rapporté par le média Agratime. En réponse à cette situation et pour appuyer la politique de sédentarisation du Ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, le Fnda a collaboré avec la mairie et l’Union communale des producteurs et éleveurs de ruminants (Ucoper) pour la construction d’un couloir de passage de 32 kilomètres à Gamia. Ce couloir est bordé de 336 balises de deux mètres de hauteur, peints en blanc et rouge, espacées de 100 mètres, et délimite une zone de 50 mètres de large. Toujours selon le média Agratime, outre son rôle principal de passage, ce couloir comprend trois centres de vaccination, deux aires de pâturage et des retenues d’eau, contribuant ainsi au développement économique et à l’inclusion sociale de la région. En effet, l’élevage joue un rôle fondamental dans l’économie de Bembèrèkè, avec un cheptel de 17 650 bovins et 27 595 bénéficiaires dans l’arrondissement de Gamia. Le marché de Gamia, qui sert de carrefour pour les échanges de bétail, attire des usagers de diverses localités et même de pays voisins. Le couloir de passage devrait améliorer la mobilité du bétail et diminuer les conflits entre agriculteurs et éleveurs. Cet ouvrage vise à sécuriser les déplacements des animaux, notamment pendant la saison des pluies et les petites transhumances. Elle facilite l’accès aux points d’eau et aux pâturages, tout en réduisant l’empiètement des terres cultivées sur les espaces pastoraux, ce qui contribue à apaiser les tensions ayant conduit à des pertes humaines et à des dégâts matériels. Il faut noter que ce projet est le fruit d’une collaboration entre plusieurs acteurs, dont la Coopération Suisse, le Fnda, la Ddaep Borgou, l’Atda du Pôle 4, la Mairie de Bembèrèkè, l’Udoper, l’Ucoper et l’arrondissement de Gamia.

Agrobusiness, Droit et politiques agricoles

KARITÉ EN AFRIQUE DE L’OUEST: Le Bénin étouffé par la flambée des prix

La chaîne d’approvisionnement du karité en Afrique de l’Ouest est bouleversée par des restrictions commerciales imposées au Burkina Faso et au Mali, plaçant le Bénin en première ligne d’une flambée des prix sans précédent. Alors que la demande internationale se reporte sur les producteurs béninois, les petites unités de transformation locales peinent à faire face à des coûts de plus en plus élevés, menaçant la stabilité de la filière et l’avenir des acteurs locaux. Ulrich DADO TOSSOU Pris en étau par des restrictions commerciales et une demande croissante, le secteur béninois du karité fait face à une crise inédite, où la flambée des prix met en péril les petits transformateurs et la stabilité du marché local. La récente décision du Burkina Faso, suivie par le Mali, d’interdire l’exportation de karité a entraîné des perturbations sans précédent sur le marché ouest-africain. Ces mesures, adoptées respectivement le 18 septembre et le 3 octobre, ont redirigé la demande régionale vers les autres producteurs, et le Bénin est désormais en première ligne. Selon le dernier rapport de N’kalô, publié le 24 octobre, les prix bord-champ de l’amande de karité ont grimpé en flèche, atteignant entre 450 et 490 FCFA le kilogramme dans plusieurs régions béninoises, soit trois fois plus qu’en août dernier. Les interdictions d’exportation au Burkina Faso et au Mali ont provoqué un afflux de demandes d’exportateurs vers le Bénin. Les acheteurs étrangers, venant principalement de pays voisins comme le Ghana et le Togo, se pressent dans les départements du Borgou, de l’Atacora, de la Donga et des Collines pour acheter des amandes de karité, poussant les prix à des niveaux records dans les zones frontalières telles que Kalalé, Banikoara et Tchaourou. Dans les autres pays producteurs de la région, comme la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Nigeria, les prix ont également augmenté, mais se maintiennent entre 215 et 350 FCFA le kilogramme, un niveau inférieur à celui observé au Bénin. Cette flambée des prix a un impact particulièrement lourd sur les petites unités de transformation artisanales béninoises, qui peinent à s’approvisionner en matières premières. Contrairement aux prix des amandes qui ne cessent d’augmenter, les prix du beurre de karité transformé demeurent relativement stables, créant un déséquilibre entre les coûts d’approvisionnement et les revenus issus de la vente. En effet, le prix d’exportation du beurre de karité oscille entre 2 200 et 2 500 FCFA par kilogramme, alors que les prix locaux varient de 1 300 à 1 800 FCFA. Ce décalage menace la rentabilité de ces unités artisanales, qui sont souvent le moteur économique des communautés locales et emploient majoritairement des femmes. Avec l’augmentation des prix et la réduction des stocks dans les villages, la pression sur la filière ne cesse de croître. Les analystes avertissent que cette tendance pourrait conduire à une pénurie d’amandes de karité, ce qui aggraverait davantage les défis rencontrés par les transformateurs locaux. Cette situation, si elle persiste, pourrait mettre en péril la disponibilité des produits dérivés du karité sur les marchés locaux et internationaux. Face à cette crise, les acteurs de la filière karité appellent les autorités béninoises à intervenir pour stabiliser le marché et protéger les petites entreprises de transformation. Parmi les mesures proposées, l’encadrement des prix et des aides financières pour les transformateurs locaux sont envisagés pour garantir un approvisionnement durable et un équilibre au sein de la chaîne de valeur du karité. En attendant une réponse des décideurs, le Bénin reste confronté à une crise sans précédent dans la filière karité, dont les répercussions pourraient durablement affecter son économie locale et l’équilibre de la production dans toute la région ouest-africaine.

Droit et politiques agricoles

POUR UNE MEILLEURE POLITIQUE SANITAIRE DES ANIMAUX AU BÉNIN: Le Centre national des produits biologiques vétérinaires voit le jour

Dans le cadre de la stratégie nationale visant à renforcer la santé animale et la compétitivité des filières d’élevage, le gouvernement a décidé de transformer le centre dédié aux produits biologiques vétérinaires du Ministère en charge de l’élevage en un établissement public. Face aux impacts économiques des maladies animales et aux besoins croissants en vaccins, cette mesure, adoptée en Conseil des ministres, permettra d’améliorer l’offre et la qualité des produits biologiques vétérinaires dans tout le pays. Selon le compte rendu du Conseil des ministres, le Centre national des produits biologiques à usage vétérinaire sera désormais chargé d’assurer la disponibilité et la distribution des vaccins, de renforcer le contrôle des maladies animales grâce aux laboratoires vétérinaires, et d’entamer la production locale de vaccins de qualité sur l’ensemble du territoire. Ce dispositif est attendu pour contribuer efficacement à la productivité et à la résilience du sous-secteur de l’élevage, tout en consolidant les bases de l’économie rurale. Malik SOULEMANE

Agriculture, Droit et politiques agricoles

INTERDICTION D’EXPORTER DES CÉRÉALES AU NIGER: Une mesure nécessaire mais controversée

Face à une situation climatique difficile et des défis croissants en matière de sécurité alimentaire, le Niger a pris, le 16 octobre 2024, la décision d’interdire l’exportation de plusieurs céréales de base pour protéger son marché intérieur. Alors que cette mesure vise à garantir l’accès des Nigériens à des denrées essentielles, elle suscite des interrogations sur ses conséquences économiques et ses effets à long terme sur les agriculteurs. Ulrich DADO TOSSOU Le Niger vient de franchir une nouvelle étape dans sa lutte pour la sécurité alimentaire en interdisant, le 16 octobre 2024, l’exportation de plusieurs céréales essentielles. Cette mesure drastique vise à stabiliser le marché intérieur et à garantir un accès suffisant aux denrées de base pour la population, alors que le pays fait face à des défis climatiques sans précédent. Face aux inondations qui ont ravagé près de 189 000 hectares de terres agricoles depuis juillet 2024, le gouvernement nigérien a dû agir pour éviter une crise alimentaire, selon le rapport ecofin du 18 octobre 2024. Le mil et le sorgho, deux des principales cultures du pays, ont été particulièrement touchés, et une diminution significative des récoltes est redoutée. Selon les données du Département américain de l’agriculture (Usda), la production annuelle moyenne du mil et du sorgho s’est élevée respectivement à 3,1 millions et 1,9 million de tonnes entre 2019 et 2023, des chiffres qui pourraient chuter cette année, révèle le même rapport. C’est dans ce contexte que le gouvernement a annoncé l’interdiction d’exportation des céréales telles que le riz paddy, le riz blanchi, le mil, le sorgho, le niébé et le maïs. Cette décision s’inscrit dans une volonté de préserver les ressources alimentaires pour la consommation locale, afin de prévenir une flambée des prix et des pénuries sur les marchés domestiques. Si le Niger a bloqué les exportations vers la plupart des pays, il a toutefois exempté deux de ses alliés stratégiques : le Burkina Faso et le Mali. Ces trois nations, membres de l’Alliance des états du sahel (Aes), partagent des liens sécuritaires et économiques forts. En pleine reconfiguration géopolitique, ces pays cherchent à renforcer leur coopération face aux multiples crises qu’ils traversent. Cependant, cette exception pourrait poser des problèmes d’exécution sur le terrain. Les frontières avec le Burkina Faso et le Mali, poreuses, pourraient faciliter la contrebande et rendre difficile le contrôle des flux de céréales vers d’autres pays, malgré les restrictions. De plus, ces exemptions interrogent sur l’équilibre que le Niger devra maintenir entre solidarité régionale et protection de son propre marché intérieur. L’une des fragilités structurelles du secteur agricole nigérien réside dans sa dépendance aux importations, notamment pour le riz. Alors que la demande annuelle en riz blanchi s’élève à plus de 500 000 tonnes, le Niger ne parvient à produire que 83 000 tonnes localement, le reste étant importé. La Stratégie nationale de développement de la riziculture (Sndr), lancée en 2022 pour remédier à ce déficit, peine encore à porter ses fruits, rendant la situation plus complexe. En bloquant les exportations, le Niger tente de contrôler la consommation intérieure, mais il devient clair que la dépendance à l’importation pour des produits essentiels comme le riz met en lumière les limites de cette stratégie. Si des efforts ne sont pas rapidement fournis pour booster la production locale, notamment par des investissements dans l’irrigation et la modernisation des techniques agricoles, la situation pourrait devenir encore plus délicate. Si cette interdiction vise à protéger les consommateurs nigériens, les agriculteurs, eux, risquent d’en faire les frais. Nombreux sont ceux qui dépendent des revenus générés par les ventes transfrontalières. Le blocage des exportations pourrait affecter leur pouvoir d’achat, en particulier si la surabondance des stocks entraîne une baisse des prix sur le marché local. Les mesures de soutien à l’agriculture doivent donc être renforcées pour compenser les pertes financières éventuelles. De plus, des inquiétudes subsistent quant à la gestion des stocks par l’Office des produits vivriers du Niger (Opvn), chargé de récupérer les cargaisons des contrevenants. Si la gestion est défaillante, cela pourrait non seulement affecter les disponibilités alimentaires, mais aussi encourager la spéculation et la hausse des prix. En interdisant l’exportation de céréales, le Niger tente de prévenir une crise alimentaire majeure, dans un contexte climatique et économique difficile. Bien que cette décision soit motivée par la volonté de garantir un accès équitable aux denrées de base, elle soulève de nombreux défis, tant pour les agriculteurs que pour la gestion du marché local. À long terme, la solution réside dans un renforcement des capacités de production locale et une meilleure gestion des ressources agricoles, afin de réduire la dépendance aux importations et stabiliser durablement le secteur.

Agriculture, Droit et politiques agricoles

PARTENARIAT STRATÉGIQUE ENTRE LE GOUVERNEMENT BÉNINOIS ET AGROSOURCES: Un nouvel élan pour la filière hévéa au Bénin

Un partenariat prometteur a été scellé entre le ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche (Maep) et le groupe ivoirien AgroSources, spécialisé dans la promotion de l’hévéa. Ce nouvel accord, signé le 15 octobre 2024, vise à dynamiser la filière hévéa au Bénin en offrant aux producteurs un soutien technique et financier, tout en développant une industrie locale de transformation du caoutchouc. Un véritable tournant pour les cultivateurs béninois qui voient s’ouvrir de nouvelles opportunités de croissance et de rentabilité. Ulrich DADO TOSSOU Le Bénin s’apprête à transformer sa filière hévéa grâce à un partenariat ambitieux signé le 15 octobre 2024 entre le ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche (Maep) et le groupe ivoirien AgroSources. Cet accord, officialisé lors d’une cérémonie présidée par le ministre Gaston Cossi Dossouhoui, marque une étape clé dans le développement de cette culture stratégique, en offrant de nouvelles perspectives économiques aux producteurs locaux. L’hévéa, ou l’hévéa du Brésil, est un arbre prisé pour son latex, utilisé dans la fabrication du caoutchouc. Cette culture, qui peut produire du latex pendant au moins cinquante ans, représente une source de revenu régulier pour les agriculteurs. Le ministre Dossouhoui a déclaré que l’objectif de ce partenariat est de renforcer les capacités des producteurs pour qu’ils puissent entretenir leurs plantations sur le long terme et commercialiser le caoutchouc directement au Bénin. « Nous voulons assurer un renforcement des capacités des producteurs pour qu’ils puissent exploiter leurs plantations pendant 20 à 25 ans », a-t-il ajouté. Cette initiative s’accompagne de la volonté d’AgroSources de soutenir les producteurs en fournissant des financements pour l’achat d’équipements, ainsi qu’un appui technique pour optimiser la production. Achirou Mohamed-Adnane, Pdg d’AgroSources, a précisé que l’entreprise s’engage à accompagner les producteurs béninois à toutes les étapes de la filière, de la plantation à la transformation. « Nous ambitionnons de créer une industrie locale de transformation du caoutchouc au Bénin, avec l’objectif d’établir un label « caoutchouc béninois » reconnu sur les marchés internationaux », a-t-il déclaré. Le partenariat s’articule autour de deux protocoles d’accord : l’un entre AgroSources et le gouvernement béninois, et l’autre avec l’Association des producteurs d’hévéa du Bénin. Ce dernier, fondé en décembre 2023, devient un acteur central dans la dynamique de croissance de la filière. Moutalibi Adekambi, son président, a exprimé son enthousiasme : « L’arrivée d’AgroSources est une véritable bouffée d’oxygène pour notre secteur. Cela nous permettra d’accroître notre production et d’améliorer nos revenus. » Le gouvernement du Président Patrice Talon considère l’hévéa comme une culture stratégique et prévoit de développer une superficie dédiée de 20 000 hectares. Avec plus de 350 hectares déjà cultivés et plus de la moitié des plantations prêtes pour l’exploitation, le Bénin se prépare à devenir un acteur majeur de la production d’hévéa en Afrique. L’inrab et le Cra-pp apportent également un soutien technique en fournissant des semences certifiées et des technologies adaptées pour accompagner les producteurs dans leur transition vers des pratiques agricoles durables. Ce partenariat s’inscrit dans la continuité des efforts du gouvernement pour diversifier les filières agricoles, conformément au Programme d’action du Gouvernement 2021-2026. En alliant les efforts du gouvernement, l’expertise d’AgroSources et l’engagement des producteurs locaux, le Bénin se positionne pour devenir une référence en matière de production d’hévéa en Afrique, avec un secteur en pleine expansion.

Retour en haut