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EDITO: Semis, tourterelles et changement climatique

La sécurité alimentaire mondiale, le développement durable et l’éradication de la pauvreté de la population sont tous menacés par le changement climatique. Il oblige le secteur agricole qui englobe l’agriculture, l’élevage, les forêts, la pêche et l’aquaculture à s’adapter et à réduire ses effets. Au Bénin, ces dernières années, le changement climatique est particulièrement marqué par les poches de sécheresse plus longues en début de saison pluvieuse, période de semis et quelques fois par des inondations dans l’extrême nord du pays ou encore à Cotonou. Tout ceci a des conséquences graves sur le secteur agricole, notamment l’agriculture. En effet, les longues poches de sécheresse pendant la période de semis compromettent dangereusement les objectifs de la campagne en termes d’emblavures. Car ces poches de sécheresse détruisent les semis et font retenir la main du producteur à continuer à semer. Et ces poches sont devenues un défi majeur pour le secteur agricole dans notre pays. Fondant nos analyses sur la filière cotonnière qui est la mieux organisée au Bénin et dont nous avons plus de données officielles disponibles, on peut mieux évaluer l’impact de ces poches de sécheresse sur la sécurité alimentaire. Par exemple, dans les départements de l’Atacora et de l’Alibori, les périodes de semis recommandées par la recherche s’étendent du 20 mai au 20 juin. Certes, il peut avoir des semis avant le 20 mai qu’on appelle des semis précoces et des semis après le 20 juin appelés semis tardifs. Mais on constate d’année en année une chute de la production du coton. Le changement climatique serait l’une des causes de cette contreperformance et la production vivrière y laisserait aussi des plumes. Entre autres indicateurs qui prouvent que les cultures vivrières ne sont pas épargnées, c’est la cherté du maïs dont personne n’est indifférente. Il va donc falloir prendre le taureau par les cornes puisque le changement climatique s’est encore invité à la campagne en cours. Ainsi, au regard de la situation pluviométrique observée depuis l’installation des pluies, les objectifs de semis pourraient être atteints à cette date ? Certainement pas. Etant donné que le bassin cotonnier du Bénin est touché par cette question, cela aura forcément un impact négatif sur les objectifs de la campagne et donc sur la sécurité alimentaire si rien n’est fait. Car le bassin cotonnier est également le grenier du pays. C’est pourquoi il faut urgemment promouvoir des mesures d’adaptation au changement climatique pour sauver la campagne en cours. Les centres de recherche agricole, les Agences territoriales de développement agricole (Atda) et les services privés de conseil agricole doivent se donner la main pour promouvoir ces mesures d’adaptation au changement climatique. Entre autres mesures, nous avons les semis étalés dans le temps, l’utilisation des variétés à cycle court, culture des plantes tolérantes à la sécheresse (manioc, sorgho, pois d’Angole), semis à sec, culture sous couverture ou paillis. Les producteurs doivent aussi s’ouvrir au conseil pour mieux lutter contre le changement climatique. Ils doivent y veiller permanemment comme ils le faisaient si bien pour chasser les tourterelles des champs qui déterraient les semis. Car plus que les tourterelles, le changement climatique détruit les semis ! Malik SOULEMANE

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GABON: 120 tonnes de poisson à prix cassés pour soulager les ménages

Du 21 au 22 juin 2024, 120 tonnes de poissons vont être vendues à bas prix au Gabon, à  l’occasion d’une foire. Organiser sous la houlette du ministère de la pêche gabonaise, cette initiative a pour objectif de rendre les produits de la mer plus accessibles aux populations à faible revenu, particulièrement affectées par la hausse des prix. En effet, les 120 tonnes sont issues d’une campagne de pêche exploratoire dans les eaux gabonaises. Mouleykatou SOULEYMANE Le prix d’achat du kilogramme de poisson est fixé à 800 Fcfa pour cette Foire aux poissons. Cette opération va être un moyen de mettre de la protéine animale, à savoir le poisson à disposition des ménages. L’action instruite par le président gabonais se veut être une solution contre la vie chère. Durant les deux jours, la population principalement celle de Libreville va découvrir une variété de poissons frais. Cette foire qui s’inscrit dans un contexte de hausse de prix, promeut également l’économie locale. Par ailleurs, plusieurs autres objectifs sont poursuivis par le gouvernement. Notamment « évaluer le potentiel halieutique du pays », a indiqué Sidoine Akoubou, directeur du cabinet du ministre de la pêche. D’après Ismaël Boukongou, directeur général d’Ib Fish, «l’engagement est de contribuer activement au bien-être de la population en assurant un approvisionnement régulier et ponctuel en produits de mer de qualité et à des prix défiant toute concurrence ». Il faut noter que les sites comme; Capal, La Républicaine, Mairie de Bikele, Rond-Point Nzeng Ayong, vont accueillir cette foire aux poissons, pour la lutte contre la vie chère. En marge à la foire, une réunion préparatoire a eu lieu le jeudi 13 juin 2024. La rencontre a été dirigée par le ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, Jonathan Ignoumba et le ministre de l’économie et des participations, Mays Mouissi.

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EDITO: L’agriculture au féminin

En 1791, naît la Déclaration des droits des femmes et de la citoyenne qui réclame l’égalité juridique et légale des femmes par rapport aux hommes. Cependant en 1804 dans le code civil, Napoléon infériorise la femme en droit. Ce n’est qu’en 1946 qu’apparaît officiellement ce principe fondamental. Dès lors, la Constitution de la cinquième République « garantit à la femme dans tous les domaines des droits égaux à ceux des hommes. » 1965 : les femmes peuvent gérer leurs biens propres et exercer une activité professionnelle sans le consentement de leur mari. 1982 : officialisation de la journée internationale des droits des femmes. 1983 : loi Roudy pour l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes qui travaillent en entreprise. Le monde agricole se féminise. Si les femmes ont depuis toujours joué un rôle crucial dans la vie des exploitations, celui-ci n’a pas toujours été reconnu comme tel. Leur statut de conjointe ou d’aide occasionnelle en atteste. Jusqu’au début des années 60, le rôle de la femme dans l’agriculture n’était pas considéré. Le terme d’agricultrice n’existait pas. Il ne rentrera dans le dictionnaire français qu’en 1961. Aujourd’hui, elles restent minoritaires en tant qu’agricultrices à part entière et leur proportion stagne depuis quelques années mais leur place dans le monde agricole a nettement évolué. Elles sont devenues des « actrices » incontournables du paysage agricole, tant parmi les chefs d’exploitations, que parmi les salariés. Au Bénin et particulièrement au nord, nous rencontrons chaque jour des femmes qui révolutionnent le paysage agricole. Notre rédaction va chaque fois à leur rencontre ; elles sont nombreuses. Qu’elle soit d’Ida Pascaline Houédoté, transformatrice agroalimentaire ; de Dorcas Akouété, productrice Agricole, transformatrice agroalimentaire et éleveur. D’Emma Mahoussi Houndjo épouse Onibon, éleveur. De Charlène Pénielle Zougnon, transformatrice agroalimentaire. Ou d’Annick Laurelle Aborodé, transformatrice agroalimentaire. Elles ont un parcours d’entrepreneuriat brillant. Toutes ces femmes et même celles encore dans l’ombre qui transforment l’agriculture au féminin méritent respect et appuis divers pour une réelle transformation de notre agriculture. Souvent habile dans la gestion de l’exploitation, les démarches administratives, l’art de la négociation avec les organisations agricoles, le contact avec le public ou encore à l’aise pour la vente, la femme agricultrice dispose de qualités essentielles pour l’agriculteur d’aujourd’hui. D’une façon plus générale, les « jeunes » exploitantes ont souvent des parcours et une approche du métier bien différents des hommes. Malik SOULEMANE

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CONSOMMATION DE VIANDE DE TABASKI: Les bonnes pratiques d’hygiène à observer

La fête de Tabaski ou fête du sacrifice est célébrée le 10ème jour du mois lunaire islamique de Dhou al-Hijja, le dernier mois du calendrier musulman. Au cours de cette fête, plusieurs bêtes sont immolées par des fidèles musulmans partout dans le monde. Ceci en commémoration au sacrifice du prophète Ibrahim. Au Bénin, l’Aïd el-kebir est prévu pour le dimanche 16 juin prochain. Quelles sont donc les bonnes pratiques d’hygiène à observer pour consommer sainement la viande du sacrifice ? Mouleykatou SOULEYMANE La fête de la Tabaski ou encore l’Aïd-el-kebir constitue un moment de grande réjouissance en famille, entre proches. C’est aussi un moment de partage, de solidarité et de renforcement des liens communautaires. L’immolation des bêtes qui constitue la base de cette réjouissance doit se faire suivant les règles d’hygiène, pour préserver la santé des consommateurs. Selon le Professeur Polycarpe Tougan, Chef du département de nutrition et sciences des aliments à la Faculté d’Agronomie (Fa) de l’Université de Parakou (Up) l’abattage des bêtes constitue l’étape où les plus grandes opportunités de contamination microbienne des viandes existent. Il est donc important que les ménages observent une certaine hygiène, lors de la manipulation de la viande avant, pendant et après la fête de Tabaski. Cela dans le but d’assurer l’innocuité de la viande de sacrifice. Le Professeur préconise, qu’avant et après l’abattage, le matériel et les ustensiles de travail (couteaux, récipients, machettes, passoires, etc) soient bien nettoyés à l’eau et au savon et rincer correctement. Par ailleurs, comme le veut la tradition musulmane, les bêtes de sacrifice doivent être en pleine forme et exempts de tous défauts invalidants. Ce qui va dans le sens du spécialiste qui déclare que «quand vous abattez des animaux malades, c’est clair que vous aurez de la viande malsaine». Le Professeur Polycarpe Tougan a donné quelques conseils quant aux bonnes pratiques d’hygiène et de découpe de la carcasse. A savoir, l’application d’une saignée totale, et non partielle avant de faire le dépouillement de la carcasse. Une bonne hygiène corporelle et vestimentaire de la personne qui fait l’abattage, et du milieu de préparation de la viande. Le respect de la marche en avant lors du dépouillement de la carcasse, en allant des opérations les plus sales vers les plus propres. Il préconise également le respect de l’hygiène dans la préparation de la viande en général, afin d’éviter les contaminations croisées qui émanent généralement de la rupture des viscères au cours de l’évisceration. Le spécialiste en nutrition et sciences des aliments recommande aussi de laisser les carcasses subir la maturation, pendant 24 heures si possible, au réfrigérateur ou dans une chambre froide, avant la consommation, afin d’éviter de consommer du muscle en lieu et place de la viande. «L’excès de consommation de viandes rouges, comme la viande de mouton ou de bœuf en général et celle n’ayant pas subi le processus de maturation peut engendrer des pathologies digestives, comme la diarrhée, la dysenterie et augmenter le risque de maladie non transmissibles comme le cancer du côlon», a expliqué Professeur Polycarpe Tougan. Il a, par ailleurs, invité les familles musulmanes à diminuer leur consommation d’huile, de sel et de sucre durant ces jours de fête pour réduire les risques de maladies non transmissibles, comme l’hypertension artérielle et le diabète. Polycarpe Tougan a conseillé d’éviter la consommation des graisses animales sous cutanée ou abdominales visibles, mauvaises pour la santé. Il faut noter que selon la tradition musulmane les ovins sont préférables aux autres animaux, pour le sacrifice de Tabaski. A défaut, les caprins, les camélidés et les bovins peuvent servir pour l’immolation. Les jours de sacrifice s’étalent sur trois jours dans la « Sunna » (tradition prophétique). Cela pour permettre aux fidèles qui n’ont pas pu faire le sacrifice le jour même de Tabaski de se rattraper les deux jours suivants.

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MONDE DU CACAO EN CRISE: L’Icco prévoit un déficit de 18 % pour la campagne 2023/2024

Le marché mondial du cacao traverse une période de turbulences sans précédent, avec un déficit qui s’annonce pour la troisième année consécutive. Alors que la campagne 2023/2024 s’achève dans quelques mois, le dernier Bulletin trimestriel de statistiques du cacao publié par l’Organisation internationale du cacao (Icco) le 31 mai 2024, révèle que le déficit pour ladite campagne devrait atteindre 439 000 tonnes. Soit une augmentation de 18 % par rapport aux prévisions initiales. Les facteurs de cette situation sont notamment des conditions climatiques défavorables et des problèmes. Ulrich DADO TOSSOU L’Organisation internationale du cacao (Icco) est une organisation intergouvernementale fondée en 1973 sous les auspices des Nations Unies et fonctionnant dans le cadre des successifs Accords internationaux sur le cacao. Le siège de l’Icco se trouve à Abidjan, en Côte d’Ivoire. L’Organisation compte 52 pays membres, dont 23 pays exportateurs de cacao et 29 pays importateurs de cacao. Ces pays membres représentent conjointement 86 % des exportations mondiales de cacao et 76 % des importations mondiales de cacao. L’Organisation a pour objectif de promouvoir et de soutenir la durabilité économique, sociale et environnementale de la chaîne de valeur du cacao et en particulier d’améliorer les conditions de vie des cacaoculteurs. Dans son dernier bulletin trimestriel, l’Icco prévoit un déficit pour la campagne 2023/2024 devrait atteindre 439 000 tonnes, soit une augmentation de 18 % par rapport aux prévisions initiales de 372 000 tonnes. Cette révision à la hausse est largement due à une baisse inattendue des récoltes en Afrique de l’Ouest, principal foyer de l’offre mondiale de cacao. La Côte d’Ivoire, le Ghana et le Nigéria, qui sont les plus grands producteurs mondiaux, font face à des défis majeurs, notamment des conditions climatiques défavorables et des problèmes structurels tels que le vieillissement des vergers et les maladies, notamment le virus du Swollen Shoot. L’Icco prévoit également une chute de la production mondiale de cacao de 11,7 %, atteignant ainsi 4,461 millions de tonnes pour la saison 2023/2024. En parallèle, les broyages de cacao devraient également diminuer de 4,3 %, pour s’établir à 4,855 millions de tonnes. « Les données actuellement disponibles révèlent que les activités de broyage du cacao n’ont pas été interrompues jusqu’à présent malgré les hausses record des prix du cacao. Cependant, le broyage à l’origine dans les pays producteurs s’est ralenti en raison du manque de fèves », souligne l’Icco. Les stocks mondiaux de cacao devraient tomber à 1,328 million de tonnes à la fin de la saison 2023/24, atteignant ainsi leur plus bas niveau depuis 45 ans. Cette diminution dramatique des stocks reflète la sévérité de la crise actuelle et met en lumière la fragilité de l’approvisionnement mondial en cacao. Le déficit prolongé et la baisse des stocks mondiaux risquent d’avoir des répercussions économiques significatives, non seulement pour les pays producteurs mais aussi pour l’ensemble de la chaîne de valeur du cacao. Les prix du cacao sur les marchés internationaux sont déjà à des niveaux record, ce qui pourrait entraîner une augmentation des coûts pour les fabricants de chocolat et, en fin de compte, pour les consommateurs. Face à cette crise, il devient urgent pour les acteurs de la filière cacao de chercher des solutions durables. La résilience des plantations de cacao doit être renforcée par l’adoption de pratiques agricoles plus durables, l’amélioration des infrastructures et la lutte efficace contre les maladies des plantes.Les gouvernements et les organisations internationales sont appelés à intensifier leurs efforts pour soutenir les producteurs de cacao. Surtout par le biais de programmes de formation et d’investissements dans la recherche et le développement de variétés de cacao plus résistantes.

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EDITO: Sécurité alimentaire, nouveau front au Faso

Depuis le début de ce mois de juin, le Capitaine Ibrahim Traoré a ouvert un nouveau front au Faso, hormis celui antiterroriste. En effet, un arsenal de tracteurs a été déployé dans les régions de la Boucle du Mouhoun, des Hautes Bassins, des Cascades, du Sud-ouest, du Centre-Est et du Centre-Ouest pour labourer gratuitement les champs, apprend-on à l’Agence d’information du Burkina (Aib). Il faut noter que la région de la Boucle de Mouhoun serait la plus touchée par l’insécurité dans le pays. Quand on sait que les conflits armés entravent les activités agricoles tandis que le changement climatique affecte les rendements ; déployer des tracteurs pour labourer gratuitement les champs dans cette zone touchée par l’insécurité est un véritable retour à la normale. C’est aussi une politique salvatrice, une offensive du gouvernement du Faso pour aider les populations à se réinstaller et jouir des bienfaits de la paix acquise par le peuple burkinabè avec son armée. Faut-il le rappeler, dans le cadre de cette offensive agropastorale décidée par le Président Ibrahim Traoré, 400 tracteurs ont été remis au ministère de l’Agriculture et seront mis à contribution pour accompagner les producteurs dès cette campagne agricole 2024-2025. « Ces tracteurs ont été entièrement acquis par l’Etat. Ils sont destinés à labourer gratuitement les champs au profit des producteurs, sans distinction, conformément à la volonté du Président du Faso », a rappelé le secrétaire général du ministère en charge de l’Agriculture, Gaoussou Sanou. Au plan opérationnel, les tractoristes vont opérer sous la supervision de chefs de brigades de mécanisation agricole. La première phase de déploiement des tracteurs va concerner les régions de la Boucle du Mouhoun, des Hautes Bassins, des Cascades, du Sud-ouest, du Centre-Est et du Centre-Ouest. Cette offensive agropastorale et halieutique est une initiative qui vise à booster les filières riz, maïs, pomme de terre, blé, poissons, bétail…pour combler durablement les déficits alimentaires chroniques du pays et donner de nouvelles perspectives économiques à travers ces filières. Néanmoins le pays est concerné, avec le Cameroun, le Niger, le Nigéria, le Mali et Sénégal, par une mauvaise nouvelle irréversible. S’alimenter va représenter un réel défi pour plus de 50 millions de personnes durant la période de soudure, l’été prochain. C’est la conclusion de la dernière enquête menée par une dizaine d’agences onusiennes et d’organisations non-gouvernementales dans dix-sept pays, apprend-on à Bamada net. Le gouvernement doit donc prendre d’autres mesures d’accompagnement à cet effet pour aider les populations à relever ce défi. C’est indispensable pour gagner ce nouveau front ! Malik SOULEMANE

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LA FILIÈRE MANGUE AU BÉNIN: Entre défis et opportunités

Au Bénin, la culture de la mangue occupe une place significative dans l’agriculture locale, avec une production riche en diversité variétale. Les variétés les plus cultivées comprennent Amélie (gouverneur), Kent, Eldon, Ifac, Smith, et Brouk. Ces mangues prospèrent dans les conditions climatiques du pays, caractérisées par une saison sèche marquée et des précipitations annuelles oscillant entre 800 et 1200 mm. Cette filière représente une opportunité pour les producteurs et les revendeuses. Néanmoins, ces derniers sont confrontés à maints défis qui entravent cette activité. Ulrich DADO TOSSOU D’après le rapport de la Direction de la Statistique Agricole (Dsa), la production de la mangue est évaluée à 206 167 tonnes au cours de la campagne agricole 2023-2024 contre 86 461 tonnes en 2022. Avec cet essor, la filière mangue contribue au développement local et national. Le Bénin dispose de plusieurs variétés de mangues qui nécessitent des conditions climatiques spécifiques. Selon Boni Moussa B. Madougou, Secrétaire général (Sg) de la Fédération nationale des producteurs de mangues du Bénin (Fenaprom), «le Bénin produit plusieurs variétés de mangues, notamment Amélie, Kent, Eldon, Ifac, Smith, et Brouk. Les mangues se développent mieux dans des conditions climatiques spécifiques avec une saison sèche marquée et des précipitations annuelles variant entre 800 et 1200 mm».Cependant, la filière mangue fait face à d’importants défis, notamment les ravageurs. «Les mouches des fruits occasionnent plus de 50% de pertes des productions de mangues », précise-t-il. À cela s’ajoutent les dégâts causés par les chauves-souris, les rongeurs et les actions humaines.La lutte contre ces ravageurs varie selon leur nature et l’intensité des attaques. Pour protéger les mangues des vols, les producteurs optent pour des clôtures et le gardiennage. En revanche, le contrôle des mouches de fruits nécessite des méthodes plus complexes telles que le piégeage et le traitement avec des produits phytosanitaires. Malheureusement, la disponibilité de ces produits est actuellement insuffisante, aggravant les pertes de production. Autre que les producteurs, les revendeuses sont également confrontées aux difficultés notamment celles de la ville de Parakou. A cet effet, Soumanou Raliath, une revendeuse de mangues greffées, partage son quotidien et les défis qu’elle rencontre dans son métier. « J’achète mes mangues dans la brousse. Ils nous font ça 7 à 200f non-mûres et 5 200f si les mangues commencent à finir. Et avant que ça ne soit mûr, on trie celles qui se gâtent avant de trouver les bonnes. C’est pour ça que mes mangues sont à 500f le tas. Les mangues sont en train de finir, nous sommes dans la dernière vague. Il y a aussi de 300f. », explique-t-elle. Malgré les pertes liées aux mangues qui se gâtent, elle trouve son activité bénéfique. « Avec les mangues qui se gâtent, je peux dire que c’est bénéfique. On s’en sort, on ne se plaint pas en tout cas », ajoute-t-elle avec un sourire.Cependant, Raliath exprime ses préoccupations concernant l’augmentation des prix des mangues causée par les acheteurs de Cotonou qui se rendent directement dans les champs. «Depuis que les gens de Cotonou rentrent dans les champs pour acheter, les mangues sont devenues très chères au niveau des producteurs. Si nous les vendeuses on va dans les brousses on n’arrive pas à acheter. Ils offrent un meilleur prix aux producteurs. C’est la raison pour laquelle la mangue est chère à Parakou. Les autorités doivent revoir cette situation.», plaide-t-elle. Perspectives et Initiatives en Cours Plusieurs initiatives sont en cours pour soutenir et dynamiser la filière mangue. « Le gouvernement, à travers l’Agence territoriale de développement agricole (Atda5), promeut activement les variétés Kent et Amélie et travaille à structurer la filière », affirme le Sg. Parallèlement, « la Fenaprom, avec l’appui de projets comme le Programme d’Appui au Secteur du Développement Rural phase 3 (Pasder3), le Projet Promotion de Politique Foncière Responsable (Propfr) et la Coopération suisse, met en œuvre diverses actions visant à organiser la filière en interprofession, renforcer la lutte contre les ravageurs, offrir des conseils agricoles et soutenir la transformation des mangues avec l’installation d’usines de séchage à Natitingou et Parakou », enchaîne-t-il. Le gouvernement et les partenaires de la Fenaprom unissent leurs efforts pour améliorer la production et la commercialisation des mangues béninoises, espérant ainsi réduire les pertes et augmenter les revenus des producteurs. La filière mangue au Bénin, malgré les défis, montre un potentiel significatif de développement. Avec des stratégies appropriées pour lutter contre les ravageurs et des initiatives robustes pour structurer et promouvoir la filière, l’avenir des producteurs de mangues au Bénin s’annonce prometteur.

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Édito : Restauration, Forêts et Innovation

L’innovation pour renforcer ce qui existe déjà. Car c’est au bout de l’ancienne corde qu’on tisse la nouvelle. Ainsi, pour innover dans la restauration des forêts dans notre pays, il est indispensable de partir des principes de la régénération naturelle des forêts. Les espèces d’arbres indigènes sont plus résistantes aux aléas climatiques que celles importées. Et c’est pour exploiter ce pouvoir que l’innovation doit valoriser ces espèces d’arbres indigènes ; garantir un approvisionnement durable en semences et plants de haute qualité de diverses espèces d’arbres indigènes. Car, selon les chercheurs de Cifor-Icraf, les semences constituent une première étape essentielle dans l’action climatique, renforçant les moyens de subsistance locaux, améliorant la sécurité alimentaire et préservant la diversité bioculturelle. Et c’est en utilisant ce pouvoir des semences qu’on pourrait régler la question de dégradation de la biodiversité et de la dégradation alarmante de nos paysages. C’est d’ailleurs pour cela que nous partageons entièrement l’avis de Ramni Jamnadass, Conseiller principal en biodiversité et ressources génétiques des arbres au Centre de recherche forestière internationale et d’agroforesterie mondiale (Cifor-Icraf) : « L’Afrique est confrontée à une dégradation alarmante de ses paysages. Plus de 50% de la superficie du continent est classée comme dégradée, ce qui coûte chaque année des milliards en perte de productivité et menace les moyens de subsistance. À cette crise s’ajoute la perte rapide de la biodiversité, notamment des réserves génétiques des forêts africaines. Comme le rapport sur l’état des arbres dans le monde 2022 publié par Botanic gardens conservation international (Bgci), avec une extinction due à la déforestation et au changement climatique. L’Afrique est particulièrement vulnérable à cette perte de résilience de la nature.» Il l’a fait savoir lors du lancement à Nairobi, Kenya le 12 mars 2024 du projet «Right Tree, Right Place : Seed». Une initiative climatique ambitieuse exploitant le pouvoir des semences d’arbres indigènes ; visant à faire progresser les objectifs de restauration des terres africaines. Le « Right Tree, Right Place : Seed Project » améliorera la disponibilité de semences d’arbres indigènes de haute qualité au Kenya, en Ouganda, en Éthiopie, au Rwanda et au Burkina Faso. L’initiative vise à combler le fossé entre la politique de plantation et son exécution, à améliorer la coordination entre les secteurs public et privé en matière d’accessibilité aux semences et à établir des modèles commerciaux viables pour promouvoir l’adoption de semences d’arbres indigènes, qui permettent tous une combinaison unique de compétences. Il est donc temps que le Bénin innove aussi dans ce sens pour l’efficacité de la journée de l’arbre. Malik SOULEMANE

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EDITO: Biotechnologie, la solution ?

Depuis le début de cette année 2024, les options du gouvernement pour le secteur de l’agriculture semblent pencher plus pour la biotechnologie. Et à en croire aux autorités c’est leur réponse face aux difficultés des agriculteurs en matière de semences. D’ailleurs le conseil des ministres en sa session de mercredi 24 janvier 2024 a décidé de créer une société consacrée au développement des semences végétales et plants au Bénin. Et à partir de cette structure, la production, l’agrégation, l’importation et la distribution des semences et plants seront désormais réglementées au Bénin. Jusqu’à présent la production de semences est dominée par l’informel avec des méthodes d’approvisionnement jugées ‘’peu efficaces’’ par le gouvernement. La nouvelle société de développement des semences végétales se chargerait d’assurer l’organisation de l’industrie semencière autour des espèces vivrières, horticoles, fourragères, fruitières et forestières pour répondre aux besoins en semences et plants de qualité et améliorer le taux d’utilisation de semences et plants certifiés, hormis les Organismes génétiquement modifiés (Ogm). En clair, à long terme, toute l’agriculture béninoise dépendra de cette société car sans semences et plants pas d’agriculture ! Nous en étions encore là quand le conseil des ministres en sa session du mercredi 08 mai 2024 revient avec forts détails sur sa vision en optant pour la création d’un laboratoire de production de rejets sains d’ananas par la technique de vitro-plants et d’une ferme élite de production et d’exportation de l’ananas. Ce laboratoire de vitro-plants servirait à couvrir les besoins en rejets d’ananas à raison de 12 millions de plantules par an ; et à la relance de la filière manioc avec la production annuelle d’un million de plantules puis 500 000 plantules pour la banane. Tout porte à croire que pour le gouvernement la réponse de l’agriculture béninoise face aux défis climatiques réside dans la mise au point de cultivars à hauts rendements et de sa dépendance aux sociétés et organismes qui les créent. A supposer que cette approche est la bonne, regardons néanmoins aussi de plus près ses inconvénients à long terme pour l’agriculture béninoise. Que toute l’agriculture dépende de cette société de semences et plants, c’est dire que si cette société périclitait, elle le sera ensemble avec l’agriculture ! Par ailleurs même si elle tenait debout tout le temps, cela voudra dire aussi qu’en dehors des caprices climatiques l’agriculture béninoise devra faire face encore aux caprices de cette société à but lucratif, ce qui ne fera que la fragiliser davantage. Que le gouvernement analyse ses options sous plusieurs angles afin d’opter la meilleure pour l’agriculture béninoise. Il y va de la survie de tous ! Malik SOULEMANE

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PERSPECTIVES SUR LA CAMPAGNE COTONNIERE 24-25: Des engrais augmentent du prix mais le prix d’achat de coton-graine inchangé

L’amélioration des prix du coton-graine et des intrants agricoles jouent un rôle crucial dans la planification et la rentabilité des exploitations agricoles. Un coup d’œil comparatif entre les campagnes cotonnières 2023-2024 et 2024-2025 pour comprendre les changements survenus. Ulrich DADO TOSSOU Le coton, premier produit d’exportation au Bénin, est sensible aux fluctuations de prix. Ce qui impactent directement les revenus des agriculteurs. L’analyse perspective des campagnes cotonnières 2023-2024 et 2024-2025 révèle une stabilité des prix d’achat du coton-graine. Les prix d’achat du coton-graine sont restés stables entre les campagnes cotonnières 2023-2024  et celle de 2024-2025.  Ainsi, le prix d’achat du coton-graine conventionnel reste à 300 Fcfa /kg pour le premier choix, tandis que celui du deuxième choix s’élève à 250 Fcfa/kg. Le coton-graine biologique est à 360 Fcfa/kg pour le 1er choix et 310 Fcfa/kg pour le 2ème choix. Cette stabilité résiste au vend de l’inflation dans le pays. Parallèlement, le secteur des intrants agricoles a également connu des variations significatives. En 2023-2024, suite à la subvention gouvernementale qui s’élevait à 30 milliards de Fcfa, les prix de Npk, Ssp et Urée étaient fixés à 14 000 Fcfa le sac de 50 kg. Pour la campagne 2024-2025, le gouvernement a confirmé une subvention de 24,4 milliards de francs Cfa. Grâce à ce soutien, les prix des engrais sont maintenus à des niveaux accessibles. Ainsi, le prix de l’engrais Npk toutes catégories est fixé à 17 000 Fcfa le sac de 50 kg soit une augmentation de 3000 Fcfa par rapport à la campagne 23-24, l’Uree 15 000 Fcfa soit une augmentation de 1000 Fcfa. Les variations des prix du coton-graine et des intrants agricoles au Bénin reflètent les défis auxquels est confronté le secteur agricole. Des mesures continues de soutien gouvernemental sont essentielles pour garantir la durabilité et la prospérité de l’agriculture béninoise à long terme. Source : Conseil des Ministres du mercredi 14 Juin 2023 et 17 Avril 2024

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