Le Bénin a accueilli, pour la première fois, la 6e édition de la Journée mondiale du coton, les 7 et 8 octobre 2024, réunissant des acteurs de l’industrie cotonnière et des organisations internationales. Cet événement a mis en lumière l’importance stratégique du coton pour les économies africaines, tout en soulignant la nécessité de renforcer la transformation locale pour créer plus de valeur ajoutée. Sous le thème « Le coton pour le bien de tous », la rencontre a ouvert de nouvelles perspectives pour le développement durable de la filière.
Ulrich DADO TOSSOU
Le coton, pilier économique de l’Afrique, s’impose aujourd’hui comme un levier incontournable de développement et de transformation industrielle. C’est sous cette vision que le Bénin a accueilli pour la première fois la Journée mondiale du coton (Jmc), les 7 et 8 octobre 2024, plaçant la transformation locale de cette fibre au cœur des débats. Selon le site officiel du Gouvernement de la république du Bénin, gouv.bj, cet événement de portée internationale a rassemblé des acteurs clés de l’industrie cotonnière, des représentants gouvernementaux ainsi que des organisations internationales, pour discuter des enjeux économiques, sociaux et environnementaux liés à cette filière vitale pour le continent africain.
Le coton représente bien plus qu’une simple matière première pour l’Afrique : il est une source de revenus cruciale pour des millions de petits producteurs et constitue un pilier de l’économie dans plusieurs pays. Pourtant, la majorité de la production africaine est exportée sous forme brute, privant le continent de la valeur ajoutée qui résulterait de la transformation industrielle. C’est dans ce contexte que la Journée mondiale du coton, sous le thème « Le coton pour le bien de tous », a souligné l’importance stratégique de cette ressource pour les économies africaines et pour l’atteinte des Objectifs de développement durable (odd) à l’horizon 2030 révèle la même source.
La ministre béninoise de l’Industrie et du Commerce, Alimatou Shadiya Assouman, a rappelé lors de l’ouverture de l’événement que le Bénin, premier producteur de coton en Afrique de l’ouest, joue un rôle central dans ce secteur et se doit de prendre les devants en matière de transformation locale. « Le secteur cotonnier doit être un moteur de développement économique durable pour le Bénin et l’ensemble du continent africain », a-t-elle affirmé.
Durant cette édition, le Bénin s’est démarqué en tant que leader dans la transformation industrielle du coton en Afrique. En accueillant la Journée mondiale du coton, le pays a offert une vitrine pour ses avancées en matière de valorisation locale de la fibre. La visite de la Zone économique spéciale de Glo-Djigbé (Gdiz) a permis aux participants de constater de visu les infrastructures mises en place pour transformer une part croissante de la production nationale de coton. Cette zone, l’une des plus grandes d’Afrique, ambitionne de traiter l’intégralité du coton produit au Bénin d’ici 2035.
« La Gdiz a un rôle crucial à jouer pour connecter le Bénin aux chaînes de valeur mondiales du coton », a souligné Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (Omc), lors de sa visite. Ce projet illustre bien la stratégie de transformation locale qui vise à maximiser la création d’emplois et à augmenter la part de valeur ajoutée conservée sur le continent.
Outre les retombées économiques, la transformation du coton en Afrique soulève également des enjeux environnementaux et sociaux majeurs. Lors des discussions, les participants ont insisté sur la nécessité d’adopter des pratiques agricoles plus durables, notamment à travers l’agriculture régénératrice, afin de préserver les ressources naturelles et d’améliorer les conditions de vie des producteurs. Face aux défis croissants des changements climatiques, des fluctuations des prix mondiaux et de la concurrence internationale, une approche résolument soutenable s’impose.
Abdoulaye Bio Tchané, ministre d’État chargé du développement, a réaffirmé l’engagement du Bénin à renforcer les politiques publiques et à encourager la coopération régionale afin de soutenir les producteurs africains. « Nous devons transformer au moins 50% de notre production cotonnière d’ici 2035, tout en adoptant des pratiques respectueuses de l’environnement pour garantir un avenir durable à cette filière essentielle », a-t-il déclaré.
La Journée mondiale du coton 2024 a marqué un tournant pour la filière cotonnière africaine. En plaçant la transformation locale au cœur des priorités, les pays africains producteurs, en particulier ceux du C4+ (Bénin, Burkina Faso, Mali, Tchad) et la Côte d’Ivoire, ont montré leur détermination à maximiser les opportunités offertes par ce secteur. Le forum business, organisé en marge de l’événement, a permis de renforcer les partenariats entre producteurs, transformateurs, exportateurs et institutions financières, ouvrant de nouvelles perspectives pour la compétitivité du coton africain sur les marchés internationaux.
Les défis ne manquent pas, mais avec le soutien de la communauté internationale et la volonté des gouvernements africains, l’avenir du coton africain semble plus que jamais prometteur. En investissant dans la transformation locale et en promouvant des chaînes de valeur durables, l’Afrique entend s’imposer comme un acteur clé sur la scène mondiale, tout en assurant le développement économique et social de ses populations.
La Journée mondiale du coton à Cotonou se clôturera sur un appel à l’action pour poursuivre les efforts en vue de faire du coton un moteur de croissance durable pour le continent africain.