Le secteur du commerce extérieur béninois se retrouve dans une situation précaire, marquée par une contraction inquiétante des échanges. D’après les dernières statistiques de l’Institut national de la statistique et de la démographie (Instad), le pays a enregistré une baisse significative tant des exportations que des importations au cours du deuxième trimestre 2024. Cette situation soulève des inquiétudes quant à l’impact potentiel sur l’économie nationale, alors que des facteurs externes et internes exacerbent cette tendance préoccupante.
Ulrich DADO TOSSOU
Le commerce extérieur du Bénin, autrefois moteur de l’économie nationale, s’enlise dans une crise sans précédent, menaçant la stabilité économique du pays. Les exportations béninoises ont subi une chute de 12,9 % par rapport au trimestre précédent. Bien que cette contraction soit mitigée par une augmentation annuelle de 25,6 %, la situation reste préoccupante. Les produits clés tels que les tourteaux, les huiles minérales et les fruits à coque ont connu une forte baisse, affectant ainsi les recettes d’exportation du pays.
Parmi les quelques points positifs, le « coton (à l’exclusion des linters), non cardé ni peigné » et les « tourteaux et autres résidus solides » ont été les principaux contributeurs à l’augmentation annuelle des exportations, avec des hausses respectives de 11,5 et 9,8 points de pourcentage. Toutefois, cette performance annuelle ne saurait masquer la chute trimestrielle inquiétante.
Le tableau est tout aussi sombre pour les importations, qui ont chuté de 13,2 % au deuxième trimestre 2024. Cette baisse est particulièrement marquée dans les achats d’engrais, d’herbicides et d’autres produits agricoles, avec une diminution annuelle de 27,7 %. Les principaux produits touchés incluent les huiles de pétrole, les engrais chimiques et l’huile de palme.
Plusieurs facteurs contribuent à cette contraction des échanges commerciaux. La conjoncture économique mondiale, exacerbée par la crise sanitaire liée à la Covid-19 et la guerre en Ukraine, a perturbé les chaînes d’approvisionnement et fragilisé la demande pour les produits béninois. De plus, la chute des prix des matières premières exportées a pesé sur les recettes d’exportation, rendant la situation encore plus critique.
Les efforts renforcés du gouvernement béninois dans la lutte contre la fraude et la contrebande, bien qu’importants pour la transparence économique, pourraient également avoir un impact négatif sur le volume des échanges. La baisse des échanges commerciaux pourrait avoir des répercussions significatives sur l’économie béninoise. Le commerce extérieur étant un moteur important de la croissance, sa contraction pourrait freiner l’activité économique du pays. De plus, la réduction des importations pourrait entraîner une diminution des recettes douanières, limitant les marges de manœuvre budgétaires du gouvernement.
Le déséquilibre entre exportations et importations pourrait également détériorer le solde commercial du Bénin, rendant la situation encore plus préoccupante pour les décideurs politiques. Face à cette situation alarmante, il est essentiel de suivre de près l’évolution des échanges commerciaux et de mettre en place des mesures pour soutenir le secteur du commerce extérieur. Parmi les recommandations, on peut citer la nécessité d’un soutien accru aux exportateurs, la diversification des produits exportés et des investissements dans les infrastructures logistiques pour améliorer les chaînes d’approvisionnement.
Le secteur du commerce extérieur béninois se trouve à un tournant crucial. La mise en œuvre de stratégies adaptées est primordiale pour soutenir la résilience de l’économie et favoriser une reprise dynamique.