La fête de Tabaski ou fête du sacrifice est célébrée le 10ème jour du mois lunaire islamique de Dhou al-Hijja, le dernier mois du calendrier musulman. Au cours de cette fête, plusieurs bêtes sont immolées par des fidèles musulmans partout dans le monde. Ceci en commémoration au sacrifice du prophète Ibrahim. Au Bénin, l’Aïd el-kebir est prévu pour le dimanche 16 juin prochain. Quelles sont donc les bonnes pratiques d’hygiène à observer pour consommer sainement la viande du sacrifice ?
Mouleykatou SOULEYMANE
La fête de la Tabaski ou encore l’Aïd-el-kebir constitue un moment de grande réjouissance en famille, entre proches. C’est aussi un moment de partage, de solidarité et de renforcement des liens communautaires. L’immolation des bêtes qui constitue la base de cette réjouissance doit se faire suivant les règles d’hygiène, pour préserver la santé des consommateurs.
Selon le Professeur Polycarpe Tougan, Chef du département de nutrition et sciences des aliments à la Faculté d’Agronomie (Fa) de l’Université de Parakou (Up) l’abattage des bêtes constitue l’étape où les plus grandes opportunités de contamination microbienne des viandes existent. Il est donc important que les ménages observent une certaine hygiène, lors de la manipulation de la viande avant, pendant et après la fête de Tabaski. Cela dans le but d’assurer l’innocuité de la viande de sacrifice. Le Professeur préconise, qu’avant et après l’abattage, le matériel et les ustensiles de travail (couteaux, récipients, machettes, passoires, etc) soient bien nettoyés à l’eau et au savon et rincer correctement. Par ailleurs, comme le veut la tradition musulmane, les bêtes de sacrifice doivent être en pleine forme et exempts de tous défauts invalidants. Ce qui va dans le sens du spécialiste qui déclare que «quand vous abattez des animaux malades, c’est clair que vous aurez de la viande malsaine».
Le Professeur Polycarpe Tougan a donné quelques conseils quant aux bonnes pratiques d’hygiène et de découpe de la carcasse. A savoir, l’application d’une saignée totale, et non partielle avant de faire le dépouillement de la carcasse. Une bonne hygiène corporelle et vestimentaire de la personne qui fait l’abattage, et du milieu de préparation de la viande. Le respect de la marche en avant lors du dépouillement de la carcasse, en allant des opérations les plus sales vers les plus propres. Il préconise également le respect de l’hygiène dans la préparation de la viande en général, afin d’éviter les contaminations croisées qui émanent généralement de la rupture des viscères au cours de l’évisceration.
Le spécialiste en nutrition et sciences des aliments recommande aussi de laisser les carcasses subir la maturation, pendant 24 heures si possible, au réfrigérateur ou dans une chambre froide, avant la consommation, afin d’éviter de consommer du muscle en lieu et place de la viande. «L’excès de consommation de viandes rouges, comme la viande de mouton ou de bœuf en général et celle n’ayant pas subi le processus de maturation peut engendrer des pathologies digestives, comme la diarrhée, la dysenterie et augmenter le risque de maladie non transmissibles comme le cancer du côlon», a expliqué Professeur Polycarpe Tougan. Il a, par ailleurs, invité les familles musulmanes à diminuer leur consommation d’huile, de sel et de sucre durant ces jours de fête pour réduire les risques de maladies non transmissibles, comme l’hypertension artérielle et le diabète. Polycarpe Tougan a conseillé d’éviter la consommation des graisses animales sous cutanée ou abdominales visibles, mauvaises pour la santé.
Il faut noter que selon la tradition musulmane les ovins sont préférables aux autres animaux, pour le sacrifice de Tabaski. A défaut, les caprins, les camélidés et les bovins peuvent servir pour l’immolation. Les jours de sacrifice s’étalent sur trois jours dans la « Sunna » (tradition prophétique). Cela pour permettre aux fidèles qui n’ont pas pu faire le sacrifice le jour même de Tabaski de se rattraper les deux jours suivants.