Au cœur du Bénin, une révolution agricole se dessine, transformant les champs de coton en territoire d’innovation sociale et environnementale. En trois ans, 9 000 petits exploitants ont réinventé leur rapport à la terre, démontrant qu’un modèle agricole durable peut simultanément régénérer les écosystèmes, émanciper les communautés et générer de la prospérité économique. Entre développement local et ambition internationale, le projet « Growing Benin’s Organic Cotton Sector » écrit une nouvelle page du développement agricole africain.
Ulrich DADO TOSSOU
Le coton n’est plus seulement une fibre : il est devenu l’étoffe d’une transformation écologique et sociale. Trois ans après son lancement, le projet Growing Benin’s Organic Cotton Sector, porté par la Fondation Aid by Trade, a démontré que l’agriculture biologique peut être à la fois viable et rentable. Avec une augmentation impressionnante de 65 % de la production de coton biologique, l’initiative a également permis une hausse moyenne des revenus des agriculteurs de 9 %. Ce progrès bénéficie directement à 9 000 petits exploitants, qui ont été formés pour adopter des pratiques agricoles durables et respectueuses de l’environnement.
Comme relayé par Afrik.com, le secret de ce succès réside dans une approche intégrée. Au-delà de la conversion technique, le projet investit dans les agriculteurs eux-mêmes. Formations pratiques, gestion biologique des ravageurs et conseils sur les semences transforment chaque paysan en acteur clé de sa propre réussite. Mariame Dabo, agricultrice engagée dans cette révolution, témoigne : « Nous cultivons désormais des cultures saines à moindre coût, tout en préservant la santé de nos familles et de nos sols. »
L’impact du projet dépasse les champs. Dans les coopératives agricoles, 30 % des postes de leadership sont désormais occupés par des femmes, révèle la même source. Une avancée majeure dans un secteur longtemps dominé par les hommes, qui marque un tournant décisif pour l’émancipation sociale au sein des communautés rurales.
Loin des mécanismes traditionnels d’aide au développement, ce projet repose sur un partenariat équilibré entre acteurs locaux et internationaux, dont le Bmz allemand et le Pesticide Action Network Uk. Benjamin Mohr, représentant de la Giz, souligne : « Nous connectons et renforçons les acteurs de toute la chaîne d’approvisionnement pour rendre le secteur agricole plus équitable et durable. »
Malgré ses succès, le projet n’en est qu’à ses débuts. Aujourd’hui, seulement 30 % du coton africain est certifié biologique ou durable. La prochaine étape consistera à élargir ces pratiques à d’autres régions et à renforcer leur adoption dans d’autres filières agricoles.
Avec ce projet, le Bénin s’affirme comme un modèle pour une agriculture africaine alliant rentabilité, équité sociale et respect de l’environnement. Cette transformation, bien que discrète, pourrait redéfinir le futur de l’agriculture sur le continent.