Toute activité économique a besoin d’un crédit et surtout d’un bon crédit pour son développement. Le crédit est bon quand il répond aux critères d’efficacité pour l’activité en termes de quantité, de spécificité et surtout de temps. Ainsi, pour être efficace, le crédit doit pouvoir couvrir entièrement le besoin exprimé selon la spécificité et l’environnement dans lequel l’activité est exercée, il doit aussi être remis à l’opérateur économique au bon moment pour les besoins de l’activité. Nous étions dans une localité de la commune de N’dali le mardi 16 juillet 2024 où nous avons pu voir l’efficacité d’un crédit agricole au sein d’un groupe de producteurs. L’un des producteurs de ce groupe que nous avons pu rencontrer du nom de Zimè Yarou, dispose d’une exploitation de plus de 30 hectares. Il cultive de l’anacarde, du soja, du maïs, du sorgho, du riz, du niébé. Il a obtenu son crédit, contrairement aux autres producteurs du groupe, très tôt. Ce qui lui a permis de louer très tôt un tracteur pour le labour de ses parcelles avec les toutes premières pluies de la saison qui ont ensuite laissé place à une longue poche de sécheresse.
Dès le retour des pluies, il a poursuivi avec les opérations de semis et de traitement herbicides. Il a donc pu respecter pour ces trois opérations (labour, semis, herbicidage), le calendrier cultural tandis que les autres producteurs, qui ont obtenu leurs crédits un peu plus tard que lui, se débattent en ce moment pour le labour de leurs parcelles sous une poche de sécheresse qui s’observe depuis un moment dans la localité. Il faut ajouter à cela que Zimè Yarou a déjà atteint tous ses objectifs d’emblavures et s’est retourné au village pour prendre part aux activités culturelles telles que la fête de jet de feu appelée ‘’Donkonro’’ et autres tandis que les autres sont à la ferme se plaignant des pluies qui se font rares.
Cette histoire de ce groupe de producteurs de la localité de N’dali pourrait être sans doute l’histoire d’un grand nombre de producteurs dans le pays. Et c’est le lieu pour la rédaction de Daabaaru Agri, votre hebdomadaire thématique dédié à l’agriculture et au développement durable pour un futur qui pousse de raconter cette lutte que mènent inlassablement les braves producteurs au quotidien pour nourrir le Bénin et faire entrer des devises pour le développement économique du pays. C’est aussi le lieu d’encourager les acteurs des microfinances qui octroient des crédits agricoles aux producteurs de redoubler davantage d’efforts pour leur octroyer des crédits à temps et selon les besoins exprimés. Ce n’est certes pas facile au regard des réalités et spécificités du secteur agricole mais le changement climatique et surtout la précarité des producteurs y obligent.
A la lumière du récit de ce groupe de producteurs, on peut déjà connaître le sort de chacun d’eux. On peut dire sans doute que Zimè Yarou ferait une très bonne campagne et rembourserait très facilement son crédit tandis que les autres feraient probablement une mauvaise campagne et se donneraient tout le mal du monde pour rembourser leurs crédits. Si les microfinances font en sorte qu’on ait assez de cas de Zimè Yarou, elles contribueront à réduire l’impact du changement climatique, au développement culturel du pays et aussi à l’amélioration des rendements agricoles. C’est ce crédit qui fait du bien !
Malik SOULEMANE