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EDITO: Semis, tourterelles et changement climatique

La sécurité alimentaire mondiale, le développement durable et l’éradication de la pauvreté de la population sont tous menacés par le changement climatique. Il oblige le secteur agricole qui englobe l’agriculture, l’élevage, les forêts, la pêche et l’aquaculture à s’adapter et à réduire ses effets. Au Bénin, ces dernières années, le changement climatique est particulièrement marqué par les poches de sécheresse plus longues en début de saison pluvieuse, période de semis et quelques fois par des inondations dans l’extrême nord du pays ou encore à Cotonou. Tout ceci a des conséquences graves sur le secteur agricole, notamment l’agriculture.

En effet, les longues poches de sécheresse pendant la période de semis compromettent dangereusement les objectifs de la campagne en termes d’emblavures. Car ces poches de sécheresse détruisent les semis et font retenir la main du producteur à continuer à semer. Et ces poches sont devenues un défi majeur pour le secteur agricole dans notre pays. Fondant nos analyses sur la filière cotonnière qui est la mieux organisée au Bénin et dont nous avons plus de données officielles disponibles, on peut mieux évaluer l’impact de ces poches de sécheresse sur la sécurité alimentaire. Par exemple, dans les départements de l’Atacora et de l’Alibori, les périodes de semis recommandées par la recherche s’étendent du 20 mai au 20 juin. Certes, il peut avoir des semis avant le 20 mai qu’on appelle des semis précoces et des semis après le 20 juin appelés semis tardifs. Mais on constate d’année en année une chute de la production du coton. Le changement climatique serait l’une des causes de cette contreperformance et la production vivrière y laisserait aussi des plumes. Entre autres indicateurs qui prouvent que les cultures vivrières ne sont pas épargnées, c’est la cherté du maïs dont personne n’est indifférente.

Il va donc falloir prendre le taureau par les cornes puisque le changement climatique s’est encore invité à la campagne en cours. Ainsi, au regard de la situation pluviométrique observée depuis l’installation des pluies, les objectifs de semis pourraient être atteints à cette date ? Certainement pas. Etant donné que le bassin cotonnier du Bénin est touché par cette question, cela aura forcément un impact négatif sur les objectifs de la campagne et donc sur la sécurité alimentaire si rien n’est fait. Car le bassin cotonnier est également le grenier du pays. C’est pourquoi il faut urgemment promouvoir des mesures d’adaptation au changement climatique pour sauver la campagne en cours.

Les centres de recherche agricole, les Agences territoriales de développement agricole (Atda) et les services privés de conseil agricole doivent se donner la main pour promouvoir ces mesures d’adaptation au changement climatique. Entre autres mesures, nous avons les semis étalés dans le temps, l’utilisation des variétés à cycle court, culture des plantes tolérantes à la sécheresse (manioc, sorgho, pois d’Angole), semis à sec, culture sous couverture ou paillis. Les producteurs doivent aussi s’ouvrir au conseil pour mieux lutter contre le changement climatique. Ils doivent y veiller permanemment comme ils le faisaient si bien pour chasser les tourterelles des champs qui déterraient les semis. Car plus que les tourterelles, le changement climatique détruit les semis !

Malik SOULEMANE

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