L’affrontement tragique survenu à Kouforpiska, dans la commune de Matéri, rapporté par Fraternité et autres médias locaux, rappelle brutalement l’ampleur de l’insécurité qui gangrène le milieu rural au Bénin. En effet, selon cette source, deux vies perdues, des habitations saccagées, une communauté déchirée. Tels sont les ravages d’un conflit récurrent en cours depuis le 20 octobre 2024 entre éleveurs et populations locales, exacerbés par la lutte pour l’accès aux terres et aux ressources naturelles. Ceci n’est pas un incident isolé dans la région et encore moins au Bénin, mais l’écho d’une situation qui devient malheureusement habituelle dans certaines zones rurales, où l’État semble absent.
Il est utile de souligner que l’insécurité rurale est un phénomène multifactoriel pour pouvoir poser le bon diagnostic. En plus des tensions entre agriculteurs et éleveurs, s’ajoutent des problèmes structurels : l’accès inégal aux terres, la rareté des ressources naturelles, et la faiblesse de l’appareil sécuritaire. La défaillance des mécanismes de prévention et de gestion des conflits entre les communautés nourrit la frustration et attise les violences. Si des mesures concrètes ne sont pas rapidement prises, les conséquences pourraient s’avérer désastreuses. La fragilité de ces zones rurales, déjà vulnérables sur le plan socio-économique, pourrait s’aggraver, menaçant la cohésion sociale et compromettant les efforts de développement durable. L’insécurité décourage les investissements agricoles, pousse des populations à l’exode rural, et aggrave la précarité des conditions de vie.
Face à ce risque effrayant, l’État doit agir avec fermeté et proactivité pour enrayer cette spirale de violence. La mise en place d’une gestion concertée des terres et des ressources, associée à des mécanismes de médiation inclusifs, apparaît comme une priorité. De plus, il est urgent de renforcer la présence sécuritaire et d’impliquer formellement les autorités locales dans la prévention des conflits. Si ces actions ne sont pas menées, l’instabilité en milieu rural risque de s’aggraver, compromettant le bien-être des populations et la paix dans nos campagnes.
Malik SOULEMANE