Le commissariat de Tchatchou dans la commune de Tchaourou a interpellé et placé en garde à vue un producteur de chanvre indien. C’était le lundi 09 septembre 2024 dans le cadre de la lutte contre la prolifération des ghettos. Le champ du chanvre indien a été découvert au milieu d’un grand champ de maïs. Ceci vient rappeler les risques que courent les producteurs qui font face à ces tentations dangereuses. Cultiver des produits illicites comme le chanvre indien peut sembler être une solution rapide pour accroître les revenus, mais cette pratique comporte des risques considérables, non seulement sur le plan juridique mais aussi sur la viabilité des systèmes de culture.
Malik SOULEMANE
L’agriculture est souvent vue comme un pilier de développement durable, source de prospérité et de sécurité alimentaire pour les producteurs et leurs communautés. Mais, comme en témoigne l’actualité récente rapportée par le quotidien Daabaaru dans la commune de Tchaourou, où un producteur a été interpellé pour la culture de chanvre indien au milieu de son champ de maïs, certains agriculteurs font face à des tentations dangereuses. Cultiver des produits illicites comme le chanvre indien peut sembler être une solution rapide pour accroître les revenus, mais cette pratique comporte des risques considérables, non seulement sur le plan juridique, mais aussi sur la viabilité des systèmes de culture.
Les risques légaux et économiques
Au Bénin, la culture de chanvre indien est strictement interdite par la loi. Les contrevenants s’exposent à des sanctions sévères, allant des amendes lourdes à des peines de prison. Le cas de Tchaourou rappelle à quel point les autorités restent vigilantes face à ce fléau qui menace non seulement l’ordre public, mais également la stabilité des communautés rurales. La perte potentielle des terres agricoles, la confiscation des récoltes, et les sanctions financières viennent alourdir encore plus le fardeau pour les agriculteurs qui s’aventurent dans cette voie. Les exemples ne manquent pas dans les rapports de l’Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime (Onudc). En Afrique du Sud, des producteurs ont été arrêtés pour avoir cultivé illégalement du chanvre dans des exploitations familiales. Leurs terres, une fois saisies, ont été laissées en friche, privant des familles entières de leur principale source de revenu. Le coût économique d’une telle décision est souvent catastrophique, avec une perte estimée à 30% des revenus agricoles dans certaines régions à cause de ces saisies et destructions.
Les impacts négatifs sur les systèmes de culture
Derrière le rideau des promesses financières rapides se cache un impact profond sur les systèmes de culture. Introduire une culture illicite comme le chanvre indien au milieu de plantations légales, telles que le maïs, peut avoir des effets dévastateurs sur l’écosystème agricole. Malgré la faible superficie des terres requises pour les cultures illicites de drogues, celles-ci ont un impact énorme en termes de déforestation et de dégradation de certains des écosystèmes les plus riches, notamment dans les parcs nationaux et les territoires indigènes, selon les rapports de l’Onudc. Ces cultures illicites attirent généralement des pratiques non durables : utilisation excessive de pesticides pour maximiser les rendements, gestion non contrôlée des sols, et augmentation de la déforestation pour étendre les surfaces cultivées. Plus encore, l’introduction de cultures comme le chanvre indien en zone agricole perturbe l’équilibre naturel des terres. Des études menées dans d’autres régions montrent que ces plantations provoquent souvent une dégradation accélérée des sols, une diminution de la biodiversité et, dans certains cas, l’abandon des terres à moyen terme.
Quelques exemples et chiffres clés
À l’échelle internationale, les mêmes sources indiquent que les exemples d’agriculteurs qui ont subi les conséquences de la culture de produits illicites abondent. En Colombie, la production de drogues a contribué à une déforestation rapide et à la dégradation des terres agricoles. Dans certaines zones, les sols appauvris ne pouvaient plus être utilisés pour la culture d’autres produits, entraînant une perte massive de la productivité agricole. De même, dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, des saisies massives de chanvre indien ont mis en lumière l’étendue du problème et les conséquences économiques désastreuses pour les exploitants locaux. Les chiffres sont tout aussi alarmants. Une étude récente sur les saisies de cannabis en Afrique de l’Ouest montre que près de 40% des agriculteurs qui s’y engagent finissent par abandonner leurs terres après la destruction de leurs champs. Ces pertes s’ajoutent aux difficultés économiques que traversent déjà ces communautés rurales.
Vers une agriculture durable et légale
Face à ces constats, il est essentiel de rappeler aux producteurs que l’avenir de leur métier réside dans la durabilité et la légalité. Cultiver des produits interdits n’est pas seulement un risque personnel, mais une menace pour les écosystèmes agricoles et l’économie locale. Il est urgent de sensibiliser les agriculteurs aux alternatives légales et durables, telles que la production de cultures à forte valeur ajoutée, respectueuses des lois et de l’environnement. Le secteur agricole béninois, en quête de modernisation et de compétitivité, a tout à gagner en investissant dans des pratiques agricoles durables qui favorisent à la fois la protection de l’environnement et la sécurité des exploitants. La voie du chanvre indien est une impasse, tant sur le plan économique qu’écologique. L’affaire de Tchaourou devrait servir d’avertissement. Les producteurs doivent prendre conscience des risques qu’ils encourent en s’engageant dans la culture de produits illicites et des dommages qu’ils causent à leurs terres et à l’avenir de l’agriculture dans notre pays. Il est temps d’embrasser une agriculture responsable et respectueuse des lois pour assurer la prospérité à long terme de nos communautés rurales.