En octobre 2024, l’Indice harmonisé des prix à la consommation (Ihpc) a connu une légère hausse, marquée par une augmentation notable des prix des produits agricoles de base. Entre flambée des coûts des légumes frais et stabilisation des prix des tubercules, cette évolution suscite des inquiétudes quant à l’impact sur le pouvoir d’achat des consommateurs et les revenus des agriculteurs.
Ulrich DADO TOSSOU
La flambée des prix des produits agricoles de base en octobre 2024 ravive les inquiétudes des ménages béninois déjà confrontés à un pouvoir d’achat sous pression. En octobre 2024, les prix des « Produits alimentaires et boissons non alcoolisées » ont été parmi les plus touchés par cette hausse de l’Ihpc, augmentant de 0,7%. Cette tendance reflète les difficultés d’approvisionnement en denrées essentielles telles que les légumes frais, particulièrement les oignons, dont les prix ont bondi de 9,8%. Cette flambée est attribuée à des perturbations dans les importations en provenance du Niger, aggravées par des problèmes logistiques et des tensions commerciales dans la région.
Les légumes secs et oléagineux, comme les haricots secs, ont également subi une augmentation notable de 5,9%. Ce phénomène est lié à une demande croissante sur les marchés locaux, combinée à une offre insuffisante en raison des conditions climatiques défavorables qui ont affecté la production agricole. De même, les huiles alimentaires, notamment l’huile de palme et l’huile de coton, ont vu leurs prix grimper de 3,2%, conséquence directe de la hausse des coûts des matières premières et des intrants agricoles.
Malgré cette hausse générale des prix, certains produits agricoles ont connu une baisse, ce qui a modéré la progression globale de l’Ihpc. Les tubercules et plantains, particulièrement les ignames fraîches et les bananes plantains, ont affiché une baisse significative de 8,4%. Cette tendance s’explique par le début de la saison de récolte, qui a accru l’offre sur le marché et entraîné une réduction des prix. En parallèle, le prix des épices, comme le piment frais, a diminué de -2,2%, en raison de l’abondance de l’offre pendant cette période.
L’augmentation des prix des produits alimentaires de base, notamment des légumes, des haricots secs et des huiles, pourrait peser lourdement sur le budget des ménages béninois, en particulier ceux à faibles revenus. Les familles, déjà touchées par les effets de l’inflation, pourraient être contraintes de réduire leur consommation de ces denrées, limitant ainsi leur accès à une alimentation diversifiée et équilibrée.
Pour les producteurs agricoles, cette situation présente un double enjeu. D’une part, la hausse des prix des produits alimentaires pourrait leur permettre d’accroître leurs revenus, surtout pour ceux qui cultivent des légumes secs ou produisent des huiles alimentaires. D’autre part, les coûts élevés des intrants agricoles et l’incertitude climatique peuvent affecter la stabilité de leur production, compromettant ainsi leur capacité à tirer pleinement parti de cette situation de hausse des prix.
Dans ce contexte de hausse des prix agricoles, il est essentiel pour les autorités et les acteurs du secteur agricole de mettre en place des mesures visant à stabiliser le marché. Cela pourrait inclure le renforcement de l’approvisionnement en denrées alimentaires, l’amélioration des infrastructures de stockage et de transport, ainsi que le soutien aux producteurs pour faire face aux coûts élevés des intrants.
En outre, des politiques de soutien aux ménages vulnérables, telles que des subventions ciblées ou des programmes d’aide alimentaire, pourraient être envisagées pour atténuer l’impact de cette inflation sur le pouvoir d’achat et garantir un accès équitable aux produits de première nécessité.
La montée de l’Ihpc en octobre 2024 met en lumière les défis persistants auxquels sont confrontés les ménages béninois, pris entre l’augmentation des prix des denrées alimentaires de base et les pressions économiques globales. Dans ce contexte, il est crucial de renforcer les mesures de stabilisation des prix et de soutien aux ménages, afin d’assurer une sécurité alimentaire durable et de préserver le pouvoir d’achat des consommateurs, tout en soutenant la résilience des producteurs agricoles face aux aléas du marché.