Le vendredi 30 août 2024, la ville de Parakou a été frappée par de violentes inondations causées par une pluie diluvienne, entraînant la mort tragique d’un enfant et des pertes importantes de vivres en stockage. Face à cette situation dramatique, Dr Kouessi Louis Tchonkloe, président de l’Ong Bien-Être et Paix pour Tous, a partagé son analyse des causes de cette catastrophe et a proposé des solutions pour éviter que de tels événements se reproduisent. De même, face à ce phénomène, le ministre de l’intérieur, Alassane Seidou, a émis une alerte rouge pour les communes de Malanville et Karimama, également menacées par la montée des eaux via un communiqué officiel daté du 12 septembre 2024.
Ulrich DADO TOSSOU
Parakou a sombré sous les eaux le 30 août 2024, révélant les conséquences dramatiques d’une urbanisation mal planifiée face aux défis climatiques. Ce jour-là, une pluie diluvienne s’est abattue sur la ville, causant de graves inondations, la mort tragique d’un enfant et des pertes importantes de vivres en stockage. Interrogé sur cette catastrophe, Dr Kouessi Louis Tchonkloe, président de l’Ong Bien-être et paix pour tous (Ong-Bept), a expliqué les causes sous-jacentes et a proposé des solutions pour prévenir de futurs drames. Selon lui, plusieurs causes ont contribué aux inondations à Parakou.
La première cause est liée aux effets du changement climatique. « L’augmentation des températures mondiales entraîne des modifications dans les régimes de précipitations, provoquant des épisodes de pluies plus intenses et plus fréquents », a-t-il expliqué. La saison des pluies, habituellement marquée par des précipitations régulières, connaît désormais des extrêmes qui bouleversent les cycles habituels. Cependant, le changement climatique n’est pas seul en cause. Le processus rapide d’urbanisation que traverse Parakou a également aggravé la situation. La construction d’infrastructures telles que les routes asphaltées réduit la capacité des sols à absorber l’eau, augmentant ainsi le ruissellement. Les systèmes de drainage, souvent inadaptés ou mal entretenus, n’ont pas été en mesure de gérer l’énorme quantité d’eau déversée par la pluie.
Dr Tchonkloe dénonce aussi les infrastructures mal planifiées qui accentuent la vulnérabilité de la ville face aux intempéries. « Les routes, ponts et autres structures, souvent construites sans tenir compte des risques d’inondation, sont endommagés lors de fortes pluies, rendant difficile la circulation et l’accès aux services essentiels », a-t-il précisé. La transformation des sols, devenus plus imperméables en raison des travaux de construction, empêche l’infiltration naturelle de l’eau et favorise le ruissellement, exacerbant les inondations.
Alors que Parakou faisait face à ces inondations, les communes de Malanville et Karimama, situées dans l’extrême nord du Bénin, sont-elles aussi sous la menace d’inondations imminentes. Le ministre de l’intérieur et de la sécurité publique, Alassane Seidou, a lancé une alerte rouge dans ces deux localités, appelant les populations à redoubler de vigilance. Selon l’information relayée par Bénin Web Tv, la montée des eaux dans le bassin du fleuve Niger causée par les récentes précipitations dans la sous-région, expose directement Malanville et Karimama à des risques majeurs d’inondations.
Le ministre Seidou a insisté sur le fait que les habitants de ces zones doivent respecter les consignes des autorités pour éviter le pire. Il s’agit de respecter les consignes des autorités, en particulier celles concernant l’évacuation vers des familles d’accueil plutôt que vers des sites d’accueil. Suivre régulièrement les émissions de radios locales pour rester informés des directives des autorités. Il est aussi recommandé d’éviter de traverser les cours d’eau ou d’utiliser des embarcations surchargées, surtout la nuit. Ne pas se baigner dans les cours d’eau ni y faire ses besoins. Il est primordial de ne pas consommer d’eau contaminée et éviter de vivre dans des habitations dangereuses ou en ruine. Surtout, appeler le numéro d’urgence 166 en cas de besoin ou pour signaler des comportements à risque.
Dans la commune de Parakou les inondations n’ont épargné personne, même les petits commerces ont été impactés. Nougbodjingni Yèmi Régis Islamiath, une élève qui vend des fournitures scolaires à Thian, près de l’Amitié Boutique, témoigne des difficultés rencontrées lors de la catastrophe. « Ça n’a pas été facile, mais on a juste eu quelques cahiers mouillés à cause des courants d’eau », raconte-t-elle. Cet incident illustre la vulnérabilité des petites entreprises et des commerçants face aux inondations, avec des pertes matérielles qui affectent directement leur subsistance. Un employé de la Cible Bar partage également son expérience. « Ce jour-là, nous avions eu beaucoup de dégâts. L’eau a déplacé certains des réfrigérateurs qui contenaient des boissons. On a perdu beaucoup de boissons », confie-t-il, soulignant l’ampleur des pertes matérielles subies par les entreprises locales.
Face à ces défis, Dr Tchonkloe appelle à une mobilisation de tous les acteurs, des autorités locales aux Ong, en passant par les citoyens, pour une meilleure gestion des eaux pluviales et une planification urbaine plus durable. Du côté des autorités, il préconise des évaluations des risques climatiques afin d’identifier les zones vulnérables et de planifier des mesures d’adaptation spécifiques. Il recommande aussi l’adoption de politiques urbaines intégrant la gestion des eaux pluviales et la révision des normes de construction pour éviter de bâtir dans des zones inondables. La création de zones de rétention d’eau et la préservation des espaces verts seraient également des solutions efficaces pour absorber l’eau en excès. Dr Tchonkloe insiste sur l’importance de renforcer et d’entretenir les infrastructures de drainage, tout en veillant à ce que les égouts, canalisations et fossés soient régulièrement nettoyés pour assurer une évacuation efficace des eaux de pluie. « La gestion rigoureuse des infrastructures et des machines utilisées lors des travaux publics est essentielle pour prévenir des catastrophes similaires à l’avenir », a-t-il ajouté.
Pour Dr Tchonkloe, la solution passe par une collaboration étroite entre les autorités, les Ong et la population. L’amélioration des infrastructures, une urbanisation mieux planifiée et une sensibilisation accrue permettront de minimiser les risques d’inondation à l’avenir. « C’est ensemble, en agissant à tous les niveaux, que nous pourrons garantir la sécurité des habitants de Parakou et éviter la répétition de tels drames », conclut-il.
En attendant, l’alerte rouge lancée dans le nord du pays rappelle que les risques liés aux inondations concernent tout le Bénin. La vigilance et le respect des consignes sont plus que jamais nécessaires pour protéger les populations.