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LUTTE CONTRE LA CHENILLE LÉGIONNAIRE: Une innovation béninoise prometteuse à base de palmida

La lutte contre la chenille légionnaire d’automne (Cla), ravageur majeur du maïs, prend un tournant au Bénin. Des chercheurs de l’Institut national de recherches agricoles du Bénin (Inrab) ont mis au point une solution écologique et accessible pour les agriculteurs : l’utilisation du savon palmida. Présentée lors du Marché des Innovations et Technologies Agricoles (Mita) 2024, cette technologie a attiré l’attention des 264 participants, parmi lesquels de nombreux producteurs.

Mouleykatou SOULEYMANE

Apparue en 2016 au Bénin, la Cla a causé des pertes importantes de récoltes. Selon la FAO, 40 000 hectares de maïs ont été touchés dès 2016. Face à ce fléau, les méthodes chimiques classiques ont montré leurs limites. « La méthode de lutte développée par les producteurs est généralement basée sur la lutte chimique à base de produits de synthèse. Ces produits sont toxiques à l’environnement et à la santé humaine. Les chercheurs de Inrab et ceux de l’Université d’Abomey-Calavi, à travers le projet Spodoben, ont initié des tests avec des solutions savonneuses de palmida pour lutter contre ce ravageur », précise Dr Sharif Boukari, chercheur au laboratoire d’appui à la défense des cultures de l’inrab, rapporté par le média Agratime.

Une solution économiquement écologique

Le savon palmida, largement disponible au Bénin, est utilisé en diluant un pain (coûtant entre 200 et 250 Fcfa) dans 20 litres d’eau. Les tests ont montré qu’une concentration de 0,5 % est efficace pour éliminer les chenilles. « Les résultats au laboratoire ont montré que la dose léthal est autour de 0,3 %. Des tests ont montré que la concentration de 0,5 % est efficiente pour gérer correctement cette chenille », indique Dr Boukari, rapporté par le même média. Cette méthode s’avère bien plus économique que les insecticides chimiques, dont le coût peut varier entre 5 000 et 15 000 CFA par hectare. En comparaison, l’utilisation de 15 pains de savon pour traiter un hectare coûte environ 3 000 CFA. « Il faut 15 pains de palmida pour 300 litres d’eau. 15 pains de palmida peuvent gérer 1 hectare. Un pain vaut 200 francs. 15 pains font environ 3 000 francs par rapport aux insecticides chimiques qui coûtent entre 5 000 et 15 000 francs », explique le docteur.

Toujours selon le média Agratime, l’innovation a suscité un fort intérêt parmi les agriculteurs. « Certains ont même testé ça dans leur culture devant nous et on a vu tout de suite les chenilles sortir des plantes et mourir », a confié Dr Boukari Sharif, rapporté par le média. Le Parc de technologies et d’innovations du Bénin, dans le cadre des projets Taspro et Fsrp, a formé près de 1 000 producteurs dans le pays. Dr Alice Djinadou Kodoura, coordonnatrice du parc, souligne l’efficacité de cette technologie, qui reste abordable et sans danger pour les cultures de maïs.

Lors du Mita 2024, cette solution a été saluée comme une avancée majeure dans la gestion de la Cla. Patrice Sewade, représentant du secteur privé au Conseil d’administration du Coraf, a exprimé son admiration pour l’innovation béninoise. Des recherches comparatives seront menées pour adapter cette méthode à d’autres pays. Le partage de ces innovations et la formation des producteurs restent au cœur des préoccupations des chercheurs, avec des projets d’extension vers d’autres régions.

Il faut noter que l’Inrab prévoit de développer d’autres parcs de technologies pour offrir aux agriculteurs des solutions variées adaptées à leurs besoins, incluant des innovations dans les domaines végétal, animal et aquacole. Ces initiatives visent à améliorer la productivité agricole tout en préservant l’environnement.

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