La question de la désertification est de plus en plus sentie au Bénin en général et au nord Bénin en particulier. Les conséquences directes de la désertification sont le changement climatique, les fortes chaleurs qui ont eu pour corollaires la faible productivité des cultures maraîchères telles que la tomate, l’oignon, le piment et un renchérissement des prix de ces produits comme l’a souligné le compte rendu du conseil des ministres du mercredi 03 juillet 2024. Pour lutter contre ce phénomène, les populations, le gouvernement ainsi que des Ongs engagent des actions de reboisement, l’éducation et la sensibilisation, la formation à l’endroit des communautés, etc. et des organismes onusiens tels que l’Unccd (Convention des Nations-Unies sur la lutte contre la désertification), le Ccnucc (Conventions cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques) soutiennent les efforts nationaux à travers le financement de projets, le partage de connaissances et la promotion de meilleures pratiques. Les Responsables des Ongs Pjud-Bénin et Bept nous décrivent ici les actions qu’ils entreprennent au quotidien pour réduire le phénomène.
Malik SOULEMANE
La désertification devient de plus en plus préoccupante au nord Bénin et ses conséquences ne sont plus étrangères à personne. En effet, les variations climatiques (les températures excessives, les chaleurs excessives) y compris les sécheresses prolongées et les précipitations irrégulières, aggravent la désertification. Au nord Bénin, la désertification est un processus de dégradation des terres qui se traduit par la perte de productivité des sols et une diminution de la couverture végétale, souvent exacerbée par des conditions climatiques arides et semi-arides. Ce phénomène peut entraîner une réduction de la fertilité des sols, une diminution des ressources en eau et une augmentation de l’érosion, compromettant ainsi la capacité des habitants à subvenir à leurs besoins agricoles et à préserver leur environnement.
La désertification se manifeste de plusieurs manières. On a entre autres : la pression accrue sur les ressources naturelles due à la croissance démographique qui conduit à des pratiques agricoles qui épuisent les sols ; la perte de la couverture végétale protectrice due à la déforestation, à l’utilisation du bois de chauffage ; la dégradation et l’érosion des sols qui empêchent les activités agricoles ; etc. Parmi les activités humaines qui accélèrent la désertification, Dr Kouessi Louis Tchonkloe, président de l’Ong Bien être et paix pour tous (Ong-Bept), nous parle de : « Les pratiques agricoles non durables c’est-à-dire l’agriculture intensive, notamment la monoculture sans rotation des cultures, l’utilisation excessive d’engrais et de pesticides, ainsi que le labourage intensif, qui épuisent les sols et les rendent vulnérables à l’érosion éolienne et hydrique ; la déforestation se traduisant par la coupe excessive des arbres pour le bois de chauffage, l’expansion agricole et l’urbanisation réduisent la couverture végétale protectrice.
Cela expose les sols à l’érosion et diminue leur fertilité ; le surpâturage par le bétail peut éliminer la végétation naturelle, compromettant ainsi la capacité du sol à retenir l’eau et à soutenir la croissance des plantes ; l’irrigation excessive et mal gérée entraîne l’accumulation de sels dans le sol, un phénomène connu sous le nom de salinisation, rendant les terres infertiles ; l’expansion urbaine non planifiée entraine la perte de terres agricoles fertiles et l’augmentation de la pression sur les ressources naturelles restantes ; l’exploitation minière, notamment l’extraction de minéraux, peut entraîner la dégradation des terres et la contamination des sols et des eaux. ». Cependant, « bien que les activités humaines ne soient pas directement responsables de la désertification, elles peuvent exacerber leurs effets. » a prévenu Dr. Tchonkloe. Par exemple, la déforestation contribue aux émissions de gaz à effet de serre, augmentant ainsi les sécheresses et les événements climatiques extrêmes qui ensuite favorisent la désertification.
Pour lutter contre la désertification, l’Ong-Bept mène plusieurs actions à savoir : « Le reboisement dans les écoles primaires publiques (Epp) afin de prévenir l’érosion et à améliorer la rétention d’eau ; l’éducation et la sensibilisation des écoliers de l’Epp Borarou à Parakou sur les causes et les effets de la désertification pour encourager une gestion efficace des arbres plantés, le domaine mis à la disposition de l’école ; la formation à l’endroit des communautés (exploitations agricoles familiales paysannes) de Bougou et Patargo dans la commune de Djougou sur la gestion durable des terres à travers l’utilisation de techniques agricoles qui préservent la fertilité du sol, telles que la rotation des cultures, la conservation de l’eau, et la gestion intégrée des ravageurs et sur l’adaptation aux effets du changement climatique ; l’éducation environnementale sur l’assainissement, l’hygiène et la gestion des déchets pour un environnement sain du cadre de vie des populations ; appui à la lutte contre les changements climatiques. » a renseigné le président de l’Ong-Bept, spécialiste de l’économie de l’environnement.
Pour ce qui concerne des actions envisagées par l’Ong Promotion jeunesse unie pour le développement (Pjud-Bénin), il s’agit : « Dans la campagne agricole 2024-2025, Pjud-Bénin, avec l’appui de ses partenaires que sont le Fida (Fonds international de développement agricole), le Fnec (Fonds national pour l’environnement et le climat) et l’Oif (Organisation internationale de la francophonie) prévoit mettre en terre 5 000 plants avec un procédé de suivi rigoureux. » a projeté Cyrille Ayéwomu Djowamon, Directeur exécutif de pjud-Bénin Ong. Somme toute, la désertification est une réalité au nord Bénin et des actions sont entreprises par plusieurs acteurs pour contrer le phénomène mais les défis auxquels ils sont confrontés sur le terrain sont nombreux.