Le Bénin accélère la modernisation de sa filière ovine avec l’appui du Fonds africain de développement. Ce dernier, acteur majeur du financement des projets agricoles dans le pays, a joué un rôle central dans la réalisation d’infrastructures clés visant à renforcer la production de viande et de lait. Grâce à des investissements conséquents et à des réformes structurelles, le pays tend à réduire sa dépendance aux importations, tout en améliorant la sécurité alimentaire et le bien-être des éleveurs locaux.
Ulrich DADO TOSSOU
Face à une demande croissante en viande et en lait, le Bénin mise sur la modernisation de sa filière ovine pour réduire sa dépendance aux importations et assurer sa souveraineté alimentaire. Selon le rapport de la Banque africaine du développement du 1 Octobre 2024, depuis le début des années 2000, le pays a entrepris une vaste réforme de ce secteur clé, avec l’appui du Fonds africain de développement (Fad), guichet concessionnel du Groupe de la Banque africaine de développement.
En 2008, le Projet d’appui aux filières lait et viande a été lancé grâce à un financement de 39,24 millions de dollars du Fad, révèle le rapport. Ce projet ambitieux visait à améliorer la production locale, à réduire les importations annuelles de 60 000 tonnes de viande et 40 000 tonnes de lait, et à moderniser les infrastructures agricoles dans 18 communes. Des infrastructures telles que des retenues d’eau, des fermes d’élevage, des laiteries et des abattoirs ont vu le jour, contribuant à dynamiser le secteur.
Émile Godonou, coordonnateur du projet, souligne que « la plupart des infrastructures prévues ont été réalisées avec succès ». Des communes comme Calavi et Savè ont bénéficié de ces installations, permettant aux éleveurs d’améliorer la qualité de leurs produits et de faciliter leur commercialisation. Le maire de Savè, Timothée Biaou, se félicite des impacts positifs dans sa commune : « Nous avons désormais un marché à bétail, une aire d’abattage moderne et un barrage restauré pour abreuver le bétail, ce qui dynamise notre économie locale ».
Les résultats du projet, achevé en 2017, sont parlants. D’après la même source, le taux de mortalité annuel des bovins a chuté de 12 % à 3 %, celui des ovins de 15 % à 8 %, et la production laitière par vache a grimpé de 212 à 316 litres par lactation. En cinq ans, le projet a généré une production supplémentaire de plus de 79 000 tonnes de viande, contribuant à un meilleur approvisionnement en produits animaux et réduisant la dépendance du pays vis-à-vis des importations.
Fort de ce succès, le Bénin a lancé en 2021 un nouveau projet d’appui au développement des filières lait et viande, avec un financement de 28,57 millions de dollars du Fad. Prévu pour la période 2022-2026, ce projet a pour ambition de rendre la filière ovine plus productive et durable. Parmi les actions programmées figurent la réhabilitation de retenues d’eau, la construction de forages équipés de pompes solaires, l’aménagement de pâturages, ainsi que la construction de nouveaux marchés et abattoirs.