Le Conseil des ministres en sa séance du mercredi 08 mai 2024 a décidé de lancer la production de rejets sains par la technique de vitro-plants et la mise en place d’une ferme élite pour la production et l’exportation de l’ananas. Ces initiatives, selon le Gouvernement, visent à lever les contraintes liées à l’accès difficile aux intrants et l’amenuisement des terres dû à l’urbanisation rapide et l’industrialisation récente dans le bassin traditionnel de production de l’ananas à Allada.
Malik SOULEMANE
Les principales techniques de culture in vitro permettent d’exploiter la diversité et de faciliter les croisements interspécifiques, de diminuer la durée de création des variétés et d’obtenir du matériel végétal sain. Elles consistent à placer en conditions artificielles et contrôlées des organes de plantes, parfois très petits, afin de reproduire plus vite ou en plus grande quantité des plantes entières. « Aux termes des études de faisabilité réalisées, il convient de retenir que le laboratoire de vitro-plants servira à couvrir les besoins en rejets d’ananas à raison de douze millions de plantules par an ; et à la relance de la filière manioc avec la production annuelle d’un million de plantules puis cinq cent mille plantules pour la banane » précise le relevé du Conseil des ministres. Les plants sortis du laboratoire ont nécessairement besoin d’être acclimatés et multipliés avant de parvenir aux producteurs. Ainsi, la ferme élite « permettra de sécuriser sur une superficie agricole utile de mille hectares la production de l’ananas, tout en servant de champ de référence pour les vitro-plants produits par le laboratoire en vue de la multiplication des rejets. » Toutes ces initiatives, selon le Conseil des ministres, permettront d’accélérer et de renforcer les résultats du Projet d’appui à la compétitivité des filières agricoles et à la diversification des exportations (Pacofide).
Faut-il le rappeler, le Pacofide a été lancé en novembre 2021 à Bohicon sous la forme d’un appel à projet et il est devenu fonctionnel depuis avril 2022 après l’entrée en service de l’Opérateur de subvention (Os) et la mise en place du Panel de sélection des projets (Psp). L’objectif du projet est d’accroître la productivité et l’accès au marché d’exportation pour certaines chaînes de valeur agro-alimentaires (ananas, anacarde, etc.) au Bénin. Le projet comporte cinq composantes, les deux premières étant respectivement le renforcement de l’environnement favorable et de l’infrastructure pour les chaînes de valeur agro-alimentaires et l’augmentation de la productivité, de la connectivité, de la valeur ajoutée et la compétitivité des produits agro-alimentaires, en commençant par l’ananas et la noix de cajou et en poursuivant avec les autres chaînes de valeur prioritaires identifiées. D’un coût estimatif de 94 milliards Fcfa, le Pacofide intervient sur toute l’étendue du territoire national, son délai d’exécution court de 2020 au 30 novembre 2026 et il est supervisé par le Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche (Maep). Certains résultats du Pacofide seraient perceptibles à travers les scores enregistrés dans la chaîne de valeur ananas ces dernières années.
De 2016 à 2023, la production de l’ananas a plus que doublé, passant de 244 000 tonnes environ à 520 000 tonnes. Ce qui a induit une augmentation des exportations qui sont passées, de 2017 à 2023, de 1 022 tonnes d’ananas frais à 1 603 tonnes et de 316 000 litres de jus exportés en 2019 à 3 016 000 en 2023. A l’analyse, ces chiffres montrent que la balance à l’exportation est en faveur de la transformation locale de l’ananas et donc pour plus de création d’emplois locaux. Cependant pour aller plus vite, le Gouvernement opte pour une expertise étrangère. En effet, « en vue de favoriser la réalisation de ces deux projets dans les délais rapprochés, le Conseil a autorisé la contractualisation avec une entreprise internationale disposant d’une solide expertise en matière de mise en place d’unités modernes de biotechnologie végétale, de serres, de centres satellite de durcissement ainsi que d’unités de production de bioproduits».