Du 1er au 12 juillet 2024, des élus et le personnel de la Chambre nationale d’agriculture du Bénin (Cnab) ainsi que ceux de la Direction de la législation rurale et de l’appui aux organisations professionnelles et à l’entrepreneuriat agricole (Dlropea) sont en tournées dans les communes du Bénin. L’objectif de ces tournées est d’entretenir les acteurs des filières anacarde et soja sur les réformes des organisations interprofessionnelles agricoles (Oia) en vue d’une signature d’accords-cadres entre ces dernières et le gouvernement.
Mouleykatou SOULEYMANE
L’existence d’une multitude d’organisations professionnelles agricoles (Opa) dans les filières anacarde et soja, et la variété d’acteurs qui en sont membres ne favorisent pas la mise en place d’un mécanisme harmonisé entre les familles d’acteurs. Ce qui entraîne une faible adhésion des producteurs aux Opa existantes qui, de ce fait, ont du mal à formaliser les liens d’affaires, à mobiliser les ressources et à établir des liens d’affaires avec d’autres acteurs au niveau régional et international. De même, le dialogue entre ces Opa et le gouvernement est quasi inexistant. Les acteurs de ces filières doivent donc se réorganiser pour disposer désormais d’une seule interprofession chacune qui sera l’interlocutrice unique du Gouvernement afin de faciliter la cohérence et l’efficacité des interventions dans ces filières. C’est en substance le message que la délégation de la Cnab et de la Dlropea est allée porter aux différents acteurs de ces filières. Notamment dans les communes de Toucountouna, Natitingou, Kouandé, Ouassa-Péhunco et Kérou.
D’après Épiphane Nadjo, Secrétaire exécutif des Assemblées consulaires départementales de l’Atacora et de la Donga, cette action vise à « créer une organisation assez forte qui va conduire à la mise en place d’une interprofession par filière puis à l’accord-cadre avec le gouvernement » ; a-t-il souligné à ses hôtes.
Ainsi, la refonte de ces organisations s’impose pour une meilleure représentativité des acteurs au sein des chaînes de valeurs agricoles, une bonne gouvernance, une couverture géographique plus grande, des filières plus performantes et une étroite collaboration avec l’État à travers des accords-cadres. De ce fait, les changements majeurs à opérer touchent différents aspects de la vie des Opa actuelles.
Séparation des commerçants des producteurs et transformateurs
Dans les filières anacarde et soja, les producteurs et les transformateurs ne se retrouveront plus dans la même faîtière que les commerçants et les exportateurs. Cela dans le but de donner plus de pouvoir aux producteurs. Au niveau de la filière anacarde, les acteurs de la Fédération nationale des producteurs d’anacarde du Bénin (Fenapab), des Coopératives communale de producteurs d’anacarde (Ccpa) et du Conseil national des transformateurs de Cajou (Cntc) se retrouveront au sein d’une Oia. Quant à la filière soja, l’interprofession ne comportera que les Op faîtières des familles de producteurs et transformateurs, déjà représentés par l’Union nationale des coopératives de producteurs de soja (Uncps). Cependant, dans les deux filières, le maillon transformation sera élargi aux usines installées au sein de la Zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz).
Devenir des anciennes organisations paysannes
Divers changements interviendront également au niveau des anciennes organisations paysannes. Dans un premier temps, les coopératives villageoises de producteurs deviendront des sections des coopératives communales. Les unions communales de producteurs d’anacarde de la Fenapab et les coopératives communales de producteurs d’anacarde de l’Unapab donneront naissance aux Ccpa. L’Unapab et l’Urcpa quant à elles disparaitront.
Par ailleurs, les conditions d’adhésion à ces nouvelles Oia ont été communiquées aux participants fortement mobilisés et enthousiastes par ces réformes. « La commercialisation sera beaucoup plus structurée. Les prix seront connus. Ils auront en face un interlocuteur cela leur permettra de discuter eux-mêmes de façon franche les prix, de se mobiliser pour non seulement la production mais la commercialisation » a fait savoir le Secrétaire exécutif des Assemblées consulaires départementales de l’Atacora et de la Donga.
Dans les jours à venir, des assemblées générales électives se tiendront afin de donner vie à ces réformes qui s’inscrivent dans l’axe 2 du Plan stratégique de développement du secteur agricole (Psdsa). A noter que ce plan positionne les filières anacarde et soja comme des leviers de développement économique.