La transformation de la tomate au Bénin, un secteur en pleine expansion, se heurte à des défis majeurs allant de l’approvisionnement en matières premières à la commercialisation des produits finis. En l’occurrence Goagri. À travers l’expérience de cette unité de transformation, qui nous a accordé un entretien, les obstacles rencontrés par les acteurs de la filière et les stratégies mises en place pour surmonter ces difficultés ont été parcourus. Par exemple, les produits de Goagri font face à une concurrence féroce et à des limitations technologiques qui freinent son développement.
Ulrich DADO TOSSOU
La transformation de la tomate au Bénin, malgré son potentiel indéniable, se heurte à une série d’obstacles qui freinent son plein essor. Entre les difficultés d’approvisionnement en matière première, les limitations technologiques, et la concurrence féroce des produits importés, les unités de transformation locales, en l’occurrence Goagri doit redoubler d’efforts pour s’imposer sur le marché.
Goagri, une unité de transformation de purée de tomate, ambitionne de devenir le leader de ce produit au Bénin. Son objectif est de substituer les concentrés de tomates importés par une purée locale, intégrée dans les repas quotidiens des Béninois. Cependant, avec une capacité de production de seulement 1200 bouteilles de 370g par an, cette ambition reste encore difficile à concrétiser à grande échelle. Les moyens limités, tant en termes de technologie que d’approvisionnement, constituent un frein majeur à la réalisation de cette vision.
L’approvisionnement en tomates fraîches représente l’un des principaux défis pour Goagri. La variabilité des saisons entraîne des fluctuations des prix et une disponibilité irrégulière de la matière première. De plus, les relations contractuelles avec les producteurs locaux sont souvent complexes. La dépendance aux agences étatiques pour établir des contrats avec les producteurs, bien que nécessaire, montre ses limites face à des problèmes logistiques, tels que l’impraticabilité des routes, qui compliquent encore davantage l’approvisionnement.
Les technologies de transformation utilisées par Goagri restent largement traditionnelles, loin des standards modernes. Le manque d’équipements conformes aux normes de transformation, ainsi que les pannes fréquentes et les difficultés d’entretien, limitent la capacité de l’unité à optimiser sa production. Pour améliorer leur compétitivité, les unités de transformation comme Goagri ont un besoin urgent d’accéder à des équipements plus performants et durables.
Face aux produits importés, les unités de transformation locales luttent pour trouver leur place sur le marché. La réticence des consommateurs à adopter les produits locaux, exacerbée par des prix souvent compétitifs des produits importés, pose un défi de taille. *Goagri, par exemple, rencontre des défis pour positionner sa purée de tomate sur le marché*, malgré des initiatives comme la « Deeman Foire au Quartier » visant à promouvoir les produits locaux. La concurrence n’est donc pas seulement locale, mais surtout internationale, ce qui complique encore la tâche des transformateurs béninois.
Pour contrer ces difficultés, Goagri a adopté des stratégies telles que la production en masse pendant les périodes d’abondance pour répondre à la demande durant les périodes de rareté. Bien que cette approche ait permis une augmentation du chiffre d’affaires, elle ne résout pas entièrement les défis structurels de la filière. M. Assanvi Stanislas, promoteur de Goagri, insiste sur l’importance de la coopération entre les transformateurs et la promotion d’une marque commune pour renforcer la filière. L’accès constant à la matière première et des réformes fiscales, notamment une simplification des démarches administratives, sont également identifiés comme des leviers essentiels pour le développement de la transformation de la tomate au Bénin.
L’expérience de Goagri illustre bien les défis que rencontrent les unités de transformation de tomate au Bénin. Malgré une volonté claire de promouvoir les produits locaux, le chemin vers une industrialisation à grande échelle reste semé d’embûches. Pour atteindre leurs objectifs, les transformateurs doivent non seulement surmonter les contraintes liées à l’approvisionnement et à la technologie, mais aussi se battre contre une concurrence internationale féroce. Des réformes politiques, un meilleur accès aux financements, et une coopération renforcée entre les acteurs du secteur pourraient offrir des solutions viables pour permettre à la transformation de la tomate au Bénin de devenir un véritable pilier de l’économie nationale.