La Zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz) se positionne comme un levier majeur de la transformation du coton béninois. Avec un potentiel de 6 milliards de dollars de revenus annuels et la création de 250 000 emplois d’ici sept ans, la Gdiz promet de révolutionner l’industrie textile du pays. Lors de la première édition des « Rencontres Presse », la Société d’investissement et de promotion de l’industrie (Sipi-Bénin) a dévoilé ces projections, mettant en avant l’impact économique de la valorisation du coton localement transformé.
Ulrich DADO TOSSOU
La transformation du coton béninois n’est plus une utopie, mais une réalité en marche au cœur de la Zone industrielle de Glo-Djigbé (Gdiz). C’est dans ce cadre que la Société d’investissement et de promotion de l’industrie (Sipi-Bénin S.a.) a initié, le 10 octobre 2024, la première édition des « Rencontres Presse », réunissant des responsables de l’industrie et des professionnels des médias. Cette rencontre stratégique a permis de mettre en lumière les ambitions et les défis liés à la valorisation du coton du Bénin, matière première emblématique du pays.
Au cours de cette rencontre, le directeur général de Sipi-Bénin, Létondji Béhéton, a souligné le rôle clé de la Gdiz dans la transformation du coton, un secteur qui contribue de manière significative à l’économie béninoise. « Le coton brut du Bénin rapporte entre 500 et 700 millions de dollars par an. En 2023, les exportations de coton fibre vers le Bangladesh ont généré environ 423 millions de dollars », a précisé M. Béhéton. Mais l’ambition ne s’arrête pas là : grâce à la transformation du coton au sein de la Gdiz, le Bénin aspire à générer jusqu’à 6 milliards de dollars de valeur « Fob » dans les six à sept prochaines années, avec une valeur marchande globale estimée entre 12 et 14 milliards de dollars.
Ces perspectives, basées sur la transformation locale du coton au sein des trois unités intégrées déjà opérationnelles, permettent de créer une valeur ajoutée considérable. Actuellement, ces unités transforment environ 40 000 tonnes de fibres de coton, soit 12,7 % de la production nationale de plus de 305 000 tonnes par an. Pour atteindre l’objectif de transformation complète, 28 unités supplémentaires devront être mises en place.
La transformation du coton à la Gdiz ne se contente pas de renforcer les revenus du pays. Elle représente aussi un formidable levier pour la création d’emplois. « Nous estimons qu’environ 250 000 emplois pourraient être générés uniquement dans le secteur textile, lorsque la transformation totale du coton béninois sera atteinte », a déclaré Létondji Béhéton. Actuellement, la Gdiz emploie 14 000 personnes, mais ce chiffre est appelé à croître rapidement avec l’installation progressive de nouvelles unités de transformation.
En encourageant la transformation locale du coton, le Bénin s’engage également à soutenir l’entrepreneuriat local. La Gdiz permet à des Béninois de devenir propriétaires de marques de vêtements, créant ainsi une nouvelle dynamique économique autour de l’industrie de la confection.
L’un des aspects les plus remarquables de la Gdiz est son engagement en faveur d’une industrie durable. Contrairement à de nombreuses zones industrielles dans le monde, la Gdiz est conçue pour minimiser son impact environnemental. « Nous veillons à la réduction de l’empreinte carbone grâce à des logistiques optimisées et une économie circulaire où tout est réutilisé. La Gdiz est l’une des zones les moins polluantes au monde », a affirmé le directeur général de la Sipi-Bénin.
Pour assurer une alimentation énergétique durable, la Gdiz est déjà raccordée au réseau national de distribution, et plusieurs projets sont en cours pour garantir son autonomie. Parmi eux, une centrale thermique de 225 mégawatts et une centrale solaire de 300 mégawatts sont en construction, des infrastructures essentielles pour répondre aux besoins croissants en énergie de la zone.
Implantée sur 1 640 hectares, la Gdiz est aujourd’hui en pleine expansion. Actuellement, 400 hectares sont exploités dans le cadre de la première phase du projet, mais l’ambition est claire : d’ici six à sept ans, l’ensemble des 1 640 hectares seront pleinement développés, consolidant ainsi le rôle central de la Gdiz dans l’industrialisation du Bénin. « La Gdiz est un dispositif incontournable de l’économie béninoise. Si d’autres pays ont tenté ce modèle sans succès, le Bénin est en passe de réaliser un véritable exploit », a souligné Létondji Béhéton.
Avec la transformation du coton en produits finis comme les vêtements, les serviettes ou encore les draps, le Bénin s’ouvre de nouveaux marchés en Europe, aux États-Unis et en Afrique. Ces exportations de produits textiles confirment le potentiel de la Gdiz à devenir un véritable hub industriel pour toute la sous-région.
La première édition des « Rencontres Presse » initiée par la Sipi-Bénin a permis de lever le voile sur les réalisations et les ambitions de la Gdiz. Grâce à un cadre propice à la transformation du coton, à une gestion durable des ressources et à la création massive d’emplois, la Gdiz s’impose comme un moteur clé de l’industrialisation du Bénin. À l’horizon de six à sept ans, la transformation complète du coton béninois pourrait marquer un tournant décisif pour l’économie nationale, avec des retombées socio-économiques majeures et un impact positif sur la compétitivité du pays à l’échelle internationale.