Pour moderniser son agriculture et booster sa production, le Bénin s’est engagé dans la mécanisation agricole depuis les années 1980. D’abord avec l’essor de la traction animale grâce à la Coopérative béninoise de matériel agricole (Cobémag) et le centre de promotion de la culture attelée (Cpca) de Boko dans la commune de N’dali et autres. Ensuite est venue la motorisation agricole avec l’Agence de développement de la mécanisation agricole (Adma), anciennement Ppma (Programme de promotion de la mécanisation agricole), et actuellement Sonama, qui a permis d’introduire au cours des dix dernières années plus de mille (1000) tracteurs de 30, 60 et 80 chevaux (Cv) accompagnés de certains accessoires tels que des charrues, girobroyeusr, rotavators, semoirs, etc., des motoculteurs, des moissonneuses batteuses et autres équipements provenant essentiellement de la Chine et de l’Inde selon le document de la Stratégie nationale de mécanisation agricole (Snma) 2022-2026. En revanche, les utilisateurs sont confrontés à plusieurs défis sur le terrain au nord Bénin.
Malik SOULEMANE
Le Bénin est résolument engagé dans la mécanisation de son agriculture. Et pour y réussir le pays s’est doté de plusieurs outils qu’il ne cesse de réformer dans le temps. Ainsi on a connu le Ppma devenu par la suite Adma et aujourd’hui la Sonama (Société nationale de mécanisation agricole). Sous le régime actuel il y a un document qui a été élaboré pour conduire le processus de mécanisation agricole au Bénin. Il s’agit de la Stratégie nationale de mécanisation agricole (Snma) 2022-2026. Malgré cette volonté affichée des politiques publiques de métamorphoser le secteur agricole en le rendant facile, attrayant et hautement productif pour continuer à créer de la richesse dans le pays, plusieurs défis se posent aux acteurs.
Parlant de ces défis, pour Abraham Gandé Guéré, Coordonnateur de l’Union départementale des Coopératives d’utilisateurs de matériel agricole (Ud-Cuma) du Borgou, les producteurs sont souvent confrontés aux « Difficultés de disponibilité des pièces de rechange ; insuffisance de compétence pour l’utilisation durable des machines, défaut d’utilisation optimale des matériels, faible pouvoir d’achat des agriculteurs, les bas prix des produits agricoles, difficulté d’accès des agriculteurs aux crédits agricoles et manque de techniciens spécialisés qualifiés. » Ainsi la mécanisation agricole reste encore un luxe pour un bon nombre de producteurs qui rêvent dans leurs coins d’y accéder. C’est le cas par exemple de Dénis Dieudonné, producteur à Maréborou, commune de N’Dali qui dispose d’une exploitation de près de 30 hectares mais ne disposant pas de tracteur à cause de son coût d’acquisition au-delà de ses moyens : « Si on pouvait revoir la première tranche d’acquisition de tracteur à 1 million, je pouvais en avoir » a-t-il suggéré. Loin de lui, à Fo-Sakarou, commune de Sinendé, Zimè Tamou Orou Séko, membre de Cuma qui dispose d’un tracteur de marque Mf de 60 Cv a d’autres défis.
Au moment où on l’interviewait le tracteur était en panne en pleine opération de labour dans son exploitation de près de 90 hectares. En effet, l’hydraulique qui soulève le système d’attelage était en panne. Ce qui a bloqué sa journée de travail. « Pour avoir des pièces de rechange, je passe par Cuma ou bien auprès des particuliers qui les vendent à Bembèrèkè et je fais appel à un mécanicien basé à N’dali pour mettre les pièces ou pour d’autres réparations. Les pièces de rechange de la marque Mf sont pour la plupart du temps disponibles mais souvent nous manquons de moyens financiers pour les acheter. », a rapporté Zimè Tamou Orou Séko.
C’est donc le lieu pour Dr Julien Boulga, Enseignant-Chercheur chargé de la mécanisation agricole à la Faculté d’agronomie de l’Université de Parakou, de proposer que « Les producteurs qui ont leurs champs dans une même zone devraient se mettre ensemble pour acquérir des matériels agricoles et d’y associer aussi la culture attelée ». Cependant, le Coordonnateur Ud-Cuma du Borgou suggère de « Créer des conditions favorables avec des taux bonifiés pour l’acquisition des matériels ». Face à tous ces défis, on est en droit de dire que la mécanisation agricole a encore du chemin pour répondre aux besoins des acteurs. Le chemin sera long, certes, mais on y arrivera tout en préservant l’environnement, les forêts!