Daabaaru Agri

UTILISATION DES PESTICIDES CHIMIQUES SANS MINIMUM DE PROTECTION AU NORD BENIN: Les producteurs s’exposent de façon insouciante à des risques de santé

L’utilisation des pesticides chimiques (herbicide, insecticides, etc) est largement adoptée par les producteurs au nord Bénin. Ceci pour non seulement contrôler les bio-agresseurs (insectes, champignons, etc.) et réduire la concurrence des mauvaises herbes mais aussi pour réduire la pénibilité du travail liée au sarclage. Cependant, le constat est que la plupart des producteurs manipulent ces produits ayant un certain degré de toxicité plus ou moins nocif pour la santé humaine, sans un minimum de protection. Ce faisant ils s’exposent à des risques de santé parfois graves selon les professionnels de la santé interviewés au cours de cette enquête.

Malik SOULEMANE

Les pesticides chimiques sont des substances chimiques appliquées dans les cultures pour lutter contre les organismes nuisibles (bio-agresseurs). Le pesticide un terme générique qui comprend les insecticides, les fongicides, les herbicides et les parasiticides. « Les pesticides peuvent entrainer des effets non seulement sur la santé humaine mais aussi sur l’environnement. Ces effets sur la santé humaine sont multiples et peuvent être immédiats ou à long terme, légers ou sévères en fonction du type de pesticide, de la forme (solide, gazeux, liquide), des circonstances de l’intoxication et de la voie de pénétration dans le corps. Il peut s’agir d’irritation de la peau et des muqueuses (Yeux, narines, bouche, œsophage ou les poumons), des maux de tête, faiblesse musculaire générale voire un coma.

Les cas graves reçus en consultation clinique sont rares et conduisent au décès du patient ou des complications sévères. Ces cas concernent souvent les ingestions accidentelles du produit (chez les enfants) ou les tentatives de suicide. Les effets modérés à long terme sont plus fréquents avec un diagnostic plus difficile » a renseigné Zohoungbogbo Marius, médecin diplômé d’Etat, spécialiste en santé et sécurité au travail à la clinique centrale de Calavi et dans quelques entreprises à Cotonou. Pour renchérir, son collègue Sanni Gasso, médecin généraliste à l’hôpital de zone de Kouandé a évoqué un cas de décès en cours de référence vers les structures supérieure : « Il y a parfois des cas graves qui entrainent la mort. Il y a de cela trois mois environ qu’un cas est décédé en cours de référence vers les structures supérieures. » s’est désolé Sanni Gasso.

Ainsi, les pesticides chimiques, bien qu’utiles pour éliminer les nuisibles et protéger les cultures, peuvent donc s’avérer nocifs pour la santé humaine à cause de leur nature toxique. En effet, « l’exposition aux pesticides peut se produire de différentes manières : contact direct : lors de la manipulation, du mélange ou de l’application des pesticides sans protection adéquate ; contact indirect : par la consommation d’aliments contaminés par des résidus de pesticides, par l’inhalation de poussières ou de vapeurs de pesticides, ou par contact avec de l’eau ou du sol contaminé. Les pesticides selon leur toxicité aiguë par ingestion sont classés de 1 à 5, allant de « très toxique » (1) à « peu toxique » (5). » selon Samir Broutani, Ingénieur agronome, Conseiller technique chargé du développement des filières agricoles à l’Union départementale des producteurs du Borgou et de l’Alibori (Udp-Ba).

Il est donc nécessaire de se protéger avant de manipuler ces produits car les prises en charge c’est encore une autre paire de manches. « Les difficultés rencontrées dans la prise en charge sont nombreuses. Je peux citer par exemple : le recours tardif aux soins, l’absence d’informations sur le produit mis en cause, l’automédication : certaines pratiques aggravent l’état de santé de la victime et réduisent considérablement sa chance de survie, les antidotes souvent indisponibles et le plateau technique insuffisant. » a fait savoir Zohoungbogbo Marius.

En revanche, la réalité de la non protection sur le terrain est complexe. « L’accès facile aux pesticides chimiques contraste avec la difficulté d’obtenir des équipements de protection individuelle (Epi) adéquats pour les producteurs, soulevant un problème complexe aux multiples facettes. Facteurs économiques : coût des Epi, les Epi de qualité peuvent être coûteux, ce qui représente une barrière financière importante pour les petits producteurs aux ressources limitées ; priorités économiques : dans certains contextes, les dépenses pour d’autres besoins essentiels comme la nourriture ou l’éducation, peuvent prendre le pas sur l’acquisition d’Epi ; facteurs liés aux producteurs : on peut citer le faible niveau d’alphabétisation des producteurs et le manque de formation et de sensibilisation » a fait constater Samir Broutani. En effet, la déclaration du producteur Ada Sourokou approché dans son exploitation dans un village de N’dali conforte le constat de l’Ingénieur : « On ne trouve pas les Epi sinon on achèterait. Souvent après le taitement sans les Epi on constate des contaminations respiratoires et cela part un temps après. » a fait savoir Ada Sourokou.

Somme toute, la prévention des intoxications passe par la mise en place d’une politique bien structurée et rigoureuse. L’accent doit être mis sur la sensibilisation des producteurs abordant les effets néfastes des produits manipulés et l’intérêt du port des équipements de protection individuelle. Les Epi doivent être effectivement individuels, adaptés aux travailleurs et aux différentes tâches à exécuter puis bien entretenus. Les autorités en charge du secteur agricole peuvent initier des contrôles inopinés. Le suivi régulier de cette politique est indispensable à sa réussite pour limiter les intoxications dans le pays.

Partager cet article ...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut